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Báo cáo khoa học: "Dynamique des éléments minéraux dans la sève xylémique d’épicéas de 30 ans"

Chia sẻ: Nguyễn Minh Thắng | Ngày: | Loại File: PDF | Số trang:22

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Tuyển tập các báo cáo nghiên cứu về lâm nghiệp được đăng trên tạp chí lâm nghiệp quốc tế đề tài:"Dynamique des éléments minéraux dans la sève xylémique d’épicéas de 30 ans...

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Nội dung Text: Báo cáo khoa học: "Dynamique des éléments minéraux dans la sève xylémique d’épicéas de 30 ans"

  1. Article original Dynamique des éléments minéraux dans la sève xylémique d’épicéas de 30 ans E Dambrine N Carisey B Pollier S Girard A Granier P Lu P Biron 1 INRA-CRF, laboratoire des sols forestiers; 2 INRA-CRF, laboratoire 54280 Champenoux; d’écophysiologie, 3 CEREG-ULP, 3 rue de l’Argonne, 67000 Strasbourg, France (Reçu le 20 mars 1992; accepté le 11 mai 1992) Résumé — Le flux hydrique circulant dans les troncs d’un perchis d’épicéa des Vosges a été direc- tement mesuré par des sondes de fluxmètre radial au cours d’une saison de végétation. Parallèle- ment, les sèves xylémiques de branches et de troncs ont été extraites sur des échantillons prélevés à intervalle régulier, respectivement par pression sur les parties feuillées et par déplacement par une colonne d’eau. Ces sèves ont été analysées par ICP pour les principaux éléments minéraux (Ca, K, P, Mg, Si, Mn). Les flux d’éléments minéraux calculés par produit des flux hydriques par les concentrations ont été comparés au prélèvement en éléments minéraux, préalablement évalué par étude classique de minéralomasse. La variation saisonnière des concentrations dans la sève de une la base du tronc diffère suivant les éléments. Les teneurs en Ca, Mg, K et P sont maximales lors du débourrement (K) ou en début de croissance des pousses puis se stabilisent durant l’été pour raug- menter en fin de saison. Outre un pic lors de l’allongement des pousses, Si semble s’élever parallè- lement à la progression de la sécheresse édaphique estivale. La variation saisonnière des concen- trations de la sève de branche est moins marquée, mais similaire à celle observée pour les troncs. Les teneurs en éléments minéraux de la sève du haut du tronc et du houppier sont toujours très su- périeures à celles de la base du tronc. Les flux de Ca et Mg dans la sève de la base du tronc sont d’importance comparable à ceux du prélèvement brut du peuplement estimé à partir de l’étude des biomasses. Ceux de P et K lui sont très supérieurs à la base du tronc. Ces résultats sont interprétés comme traduisant l’existence d’un pool mobile d’éléments minéraux dans l’arbre, particulièrement important dans les parties métaboliquement très actives comme le houppier et les racines. élément minéral / sève xylémique / épicéa in the xylem sap of 30-year old spruce. Xylem sap flux- Summary — Mineral element dynamics and mineral contents in branches and boles of a 30-yr-old spruce stand were monitored during es the 1990 growing period. On average, four trees were felled fortnightly. Three portions of the bottom of each felled trunk and four branches per tree from the third and fourth whorl were sampled before sunrise. Sap extractions were carried out immediatly after felling. Bole xylem sap was displaced by the pressure of a 1-metre high column of water applied to the end of each portion sampled, whereas twig sap was extracted by applying slight air pressure (+1 MPa over potential) in a Schollander bomb. Xylem sap rise was recorded continuously in four trees with a heating probe device (fig 2).
  2. Sap water fluxes were multiplied by sap mineral contents in order to calculate the flux of mineral ele- ments rising annually in the xylem tissues. This flux was compared to the mineral content and annual uptake of the stand, previously evaluated by a biomass and mineral content inventory (Le Goaster et al, 1991; Dambrine et al, 1991). Sap element content was found to have a systematically higher con- centration in the crown compared to the bottom of the trunk (fig 3). Seasonal variations in the mineral concentrations of bole xylem sap depend on the element: Ca, Mg, K and P peak during or after bud break, then decrease and remain low and steady during summer with a final increase at the end of the growing period. Si seems to increase with drought (fig 4). Seasonal variations of branch xylem sap contents show a less pronounced pattern (fig 6). Concentrations of Ca, P and K peak at the be- ginning of shoot or needle growth, after the peak of bole sap concentrations. Mg content does not change greatly whereas Si increases in parallel with the drought. The ratio between branch and bole sap concentrations (fig 6) is highest for Ca and Mg, which are available to the trees in very limited amounts. Annual fluxes of Ca and Mg in bole xylem sap were found to be lower than (Ca) or of the same order of magnitude (Mg) as the gross uptake of the stand, assessed by a biomass and mineral content inventory (table IV). This discrepency between the Ca flux in sap and gross Ca uptake could be partly due to uncertainties in gross uptake evaluation. Conversely, fluxes of K and P in bole xylem sap are far higher than the gross uptake. Fluxes of all elements in branch xylem sap are higher (Ca, Si) or far higher (Mg, P, K) than the gross uptake. For P and K, fluxes are of the same order of magni- tude as the total content of the stands crown (table V). These results strongly suggest the existence of a mobile pool of mineral elements, cycling continuously in the tree, and particularly in the crown. This is in agreement with previous investigations showing that root and branch sap concentrations were higher than those from the bole (table VI). mineral element / xylem sap / branch / bole / spruce INTRODUCTION : PRÉLÈVEMENT, tion lors de la croissance d’un organe, ou TRANSFERT ET CIRCULATION leur stockage momentané dans un organe, DES ÉLÉMENTS MINÉRAUX sont réutilisés lors d’une phase de crois- DANS L’ARBRE sance ultérieure. La baisse des teneurs en certains éléments minéraux des organes li- gneux ou foliaires lors de leur vieillisse- Les peuplements forestiers nécessitent ment illustre clairement ce phénomène. pour la croissance de leurs organes an- Les mécanismes physiologiques s’appa- nuels, pluriannuels et perennes des élé- rentent à la mobilisation des réserves car- ments minéraux. Ceux-ci leur sont fournis bonées stockées dans les organes déjà par 2 processus : le prélèvement brut et élaborés vers les organes en croissance. les transferts internes. Ils ont surtout été étudiés au niveau des Le prélèvement brut définit le flux d’élé- feuilles, et essentiellement pour N et le P ments minéraux entrant dans l’arbre. Il s’ef- (Dickson, 1989). Pour les autres éléments, fectue pour l’essentiel dans le sol et par l’in- seule une approche de la dynamique d’ac- termédiaire des racines. Les mécanismes cumulation ou de transfert a pu être envi- d’absorption varient en fonction des es- sagée (Fife Nambiar, 1984; Dieberg et et pèces et des éléments minéraux. Selon al, 1986); les processus physiologiques Marchner (1986), l’absorption serait chez restent méconnus. l’épicéa principalement passive pour le Ca, La quantification précise du prélève- active pour N, P et K et mixte pour Mg. ment brut annuel n’est pas simple. En effet Les transferts internes représentent la la teneur en éléments minéraux des or- d’éléments qui, après leur utilisa- ganes annuels, ligneux ou non, intègre masse
  3. grandeur. Les résultats l’effet des mécanismes de prélèvement et ordre de un mon- de transfert. On l’évalue classiquement de trent que les transferts notés «transferts la façon suivante : annuels» contribuent pour une part sou- vent importante et parfois dominante à l’ali- mentation minérale des organes en crois- (Ranger et al, 1990). sance i prélèvement; immobilisation; r p = = = Quelle que soit leur origine, les éléments restitutions; circulent dans l’arbre par 2 grandes voies correspondant à des tissus différenciés : i= a si lxc avec le xylème : à l’exception des cellules pa- l production ligneuse courante annuelle; a = - concentration stabilisée pour l’élé- renchymateuses vivantes (rayons ligneux) si c = qui ont un rôle de réserves d’amidon, de ment nutritif. j protéines et d’acides gras, le xylème est La concentration stabilisée est celle des constitué de cellules mortes. parties âgées de l’organe considéré. Pour le tronc, il s’agit de la concentration du Dans ce tissu, circule la sève brute, solu- coeur, laquelle est peu différente chez les tion aqueuse très diluée (0,1-2 g/l) de sels arbres adultes de la concentration minéraux et de composés organiques. La moyenne de l’arbre. sève xylémique circule verticalement des racines aux parties aériennes sous l’in- fluence de deux phénomènes : la poussée radiculaire, active avant le débourement r litière; r récrétion par le feuillage. (Huguet, 1973) et la transpiration. Un transit l = f= horizontal s’effectue des vaisseaux ou tra- Cette mesure du prélèvement annuel chéides vers les parenchymes foliaires; est précise pour des peuplements fermés dont la biomasse de houppier évolue peu, le phloème : les éléments constitutifs du - où elle intègre un cer- et dans la phloème sont des tubes criblés, formés de mesure tain nombre d’années de données. Cepen- cellules vivantes allongées, placées bout à dant, ce calcul ne fournit alors qu’une va- bout. Dans ce tissu circule la sève élabo- leur moyenne du prélèvement, la valeur rée ou sève phloémique, solution très pour une année donnée pouvant différer concentrée (de l’ordre de 15-20% de ma- sensiblement. Pour améliorer la précision tière sèche), et riche en composés organi- des mesures annuelles, Ranger (1981) a (sucres, acides aminés, régulateurs ques évalué le prélèvement brut annuel à desti- et Koz- de croissance, vitamines) (Kramer nation du houppier de résineux en effec- élé- lowski, 1979). Les concentrations en tuant le produit de la biomasse foliaire pro- sont très ments minéraux dans le phloème duite par la concentration stabilisée des à celles dans le xy- largement supérieures aiguilles âgées. lème, surtout en potassium (Pate et Shar- key, 1975). Le calcium est réputé peu mo- L’évaluation dynamique, sur une base bile dans le phloème (Marschner, 1986). saisonnière par exemple, des transferts in- La migration de la sève élaborée repose ternes sur l’ensemble de l’arbre n’a que sur l’existence de «pompes métaboliques» très rarement été tentée (Osonubi et al, 1988). À l’échelle annuelle cette valeur se assurant le transport actif des différentes substances (Heller, 1989). Les feuilles, déduit en soustrayant à la minéralomasse sites de production de photosynthétats, ex- des organes produits au cours de l’année, produits, via la sève phloémi- la valeur du prélèvement. Cette méthode portent ces que, vers les organes de stockage (ra- est relativement lourde et fournit avant tout
  4. cines, écorce). Il s’agit alors d’un flux des- (Le Goaster et al, 1991; Dambrine et ment cendant, traduisant par exemple, les phé- al, 1991) et l’autre, nouvelle, reposant sur nomènes de transferts au moment de la la mesure des flux d’éléments minéraux sénescence des feuilles. Mais les feuilles circulant dans la sève xylémique des en croissance peuvent aussi être importa- arbres. L’étude a pour objet un peuplement dépérissant des Vosges, dont les condi- trices de substances, via le phloème (Zim- tions d’alimentation minérale ont été large- Brown, 1971). et mermann ment étudiées par ailleurs (Le Goaster et Des transports à courte distance de al, 1990; Dambrine et al, 1992). L’objectif composés minéraux et organiques s’effec- consistait à évaluer dans quelle mesure tuent non seulement du xylème vers le l’analyse de sève permettait de visualiser phloème, et vice versa, mais également le prélèvement au sol et d’interpréter la ca- depuis des tissus de stockage (rayons li- rence minérale dont souffrent ces arbres. parenchyme xylémique, phloémi- gneux, l’un l’autre des tissus conduc- que) vers ou (Dickson et al, 1985). teurs MATÉRIEL ET MÉTHODES Bien que relativement ancienne (Dixon et Atkins, 1915; Benett et al, 1927; Hau- Description du dispositif man, 1934; Denayer de Smet, 1967), l’étude de la composition des sèves a été Le peuplement étudié se situe dans la partie su- peu développée, peut être en raison des périeure du bassin versant l’Aubure (Probst et al, difficultés de prélèvement. Cependant, 1990), à 1 050 m d’altitude. Il s’agit d’une planta- assez récemment, divers auteurs (Clé- tion d’épicéas de 30 ans environ, de densité ment, 1977; Moreno et Garcia-Martinez, 2200 tiges/ha et de 12,6 m de hauteur moyenne, n’ayant jamais subi d’éclaircie. Le sol 1983; Glavac et al, 1990) ont utilisé ces est un sol brun-ocreux, très désaturé en Mg et méthodes pour comprendre la circulation Ca en dessous de 20 cm de profondeur (tableau interne des éléments minéraux dans I). Ce peuplement présente de très faibles te- l’arbre. neurs foliaires en Mg et Ca qui caractérisent les La présente étude porte la compa- peuplements d’épicéa dépérissants sur sol sur pauvre (tableau II). Une notation effectuée à par- raison entre les résultats de 2 méthodes tir du sol à l’automne 1988 indiquait 20% d’arbres indépendantes de mesure du prélèvement «jaunes», c’est-à-dire présentant des aiguilles et des transferts internes appliquées à un jaunes, sur l’ensemble du peuplement (Le Goas- même peuplement. L’une classique basée ter, 1989). À l’automne 1989, 64 arbres ont été l’analyse détaillée de la minéralo- sur notés précisément à partir d’échafaudages. Ils se masse des différents organes du peuple- répartissent de la manière suivante :
  5. sain (vert) et dépérissant («jaune») catégorie - classe 1 : feuillage vert, 8%; - d’arbre. Les calculs à l’hectare ont été faits sur - du 7 e classe 2 : feuillage jaunâtre en dessous - la base des notations de 1988. Les années verticille, 47%; 1989 et surtout 1990 ayant été particulièrement entre 4 et 7 verti- e e classe 3 : feuillage jaune - sèches, une révision des biomasses et minéra- cille, 36%; lomasses produites au cours de cette dernière feuillage jaune au dessus du 4 ver- e classe 4 : année était nécessaire. Pour cela, nous avons - ré-échantillonné et analysé les aiguilles de 60 ticille, 9%. branches et ainsi pu vérifier que la relation entre Malgré la différence de mode de notation, le diamètre des branches à 10 cm de l’insertion ceci suggère une accentuation du phénomène. et le poids d’aiguilles de l’année était resté iden- En effet, si l’on considère les classes 3 et 4 tique. Parallèlement, des carottages effectués comme une seule catégorie «arbres jaunes», on dans 20 arbres nous ont permis de constater obtient près de 40% d’arbres dépérissants. que les largeurs de cerne 1988 et 1990 étaient Enfin, pour les besoins des extractions de proches. Enfin, les retombées de litière pendant sève, 69 arbres, choisis au hasard, ont été abat- la période 1988-1991 ont été pesées et analy- de l’été 1990 et notés au sol. Ils se tus au cours sées. les classes 3 et 4 et répartissent pour 62% dans pour 38% dans les classes 1 et 2. L’évolution de ces notations plaide en faveur Mesure du flux de sève d’une réelle accentuation du phénomène depuis et des potentiels de base 1988 et non d’une mauvaise appréciation. Afin d’évaluer la transpiration, des sondes Évaluation des prélèvements chaudes de fluxmètre radial (Granier, 1985) ont été introduites dans les troncs de 4 arbres et les et transferts annuels par l’étude mesures instantanées ont été enregistrées en des biomasse et minéralomasse continu du 15 mai (j 143) au 10 octobre (j 285) par une centrale d’acquisition de données Campbell 21 X. Les potentiels de base ont été Les méthodes et résultats détaillés de cette mesurés hebdomadairement avant le lever du étude sont présentés dans le Goaster et al jour sur 3 de ces arbres. Pour limiter les consé- (1991) et Dambrine et al (1991).Pour ce travail, quences d’une longue sécheresse climatique au 5 arbres «jaunes» (classes 3 et 4) et 5 arbres cours de l’été, des arosages totalisant environ verts (classe 1 ) ont été abattus, et découpés en 60 mm et utilisant l’eau du ruisseau voisin, acidi- séparant, pour les aiguilles, les branches et le fiée de façon à amener le pH à une valeur tronc, la pousse de l’année (1988) et celle de proche de celle des pluviolessivats (pH 4), ont l’année précédente (1987) du restant. Prélève- = été effectués au cours du mois d’août. ments et transferts ont été évalués pour chaque
  6. de 10 bars supérieure au potentiel du rameau, Récolte de la sève xylémique est appliquée. Cette pression permet de re- cueillir une quantité suffisante de sève (1-3 ml Prélèvements par rameau) et d’éviter les risques de dilution (Osonubi et al, 1988; Girard, 1989). La méthode par déplacement à l’aide d’une colonne d’eau Afin d’étudier la variabilité des teneurs en élé- (Denaeyer de Smet, 1967; Clément, 1977) est ments minéraux dans la sève prélevée à diffé- utilisée pour l’extraction de la sève de tronc. Les rents niveaux de l’arbre, 4 arbres sensiblement tronçons sont écorcés sur une largeur de 10-15 de même diamètre ont été abattus le 18 juillet et cm à chaque extrémité, permettant d’appliquer leur tronc découpés en 10 tronçons (40-50 cm la pression uniquement sur le xylème. Une des de long) correspondant aux pousses de 1986, extrémités, redécoupée sous l’eau afin d’élimi- 1984, 1982, 1980, jusqu’à 1964 (4 verticille, 6e e ner les zones de scellées, est introduite dans un jusqu’au 22 Parallèlement, 4 branches des 3 e ). e tuyau souple relié à une colonne d’eau déminé- et 4 verticilles ont été prélevées sur 3 de ces 4 e ralisée d’1 m de haut. Des colliers de serrage arbres. assurent l’étanchéité. L’autre extrémité est soi- Pour suivre la dynamique saisonnière des te- gneusement lissée à l’aide d’un scalpel. La sève éléments minéraux de la sève xylémi- neurs en s’écoule rapidement, de l’ordre de 20-100 ml/ que, 4 arbres choisis au hasard, dont le niveau min. Les 50 premiers ml ne sont pas recueillis de défoliation et de jaunissement est noté, ont pour éviter une pollution due aux cellules bles- été abattus à l’aube (4-6 h AM). Cette heure de sées. Environ 100 ml de sève sont recueillis par prélèvement a été choisie de façon à extraire la tronçon. L’addition d’eosine, à l’eau de déplace- sève de branches sans appliquer de pressions ment permet de visualiser les pollutions éven- élevées. Ce choix est par ailleurs sans influence tuelles. Les échantillons sont congelés immédia- sur les teneurs de la sève de branche chez tement après extraction. Picea abies, les variations journalières de concentrations étant très faibles (Osonubi et al, 1988; Dambrine et Granier, 1989). Analyse de la sève Sur chaque arbre, 3 tronçons d’environ 50 longueur, correspondant en général à 3 de cm verticilles successifs, ont été débités dans le La sève extraite de tronc est filtrée sous vide sur tiers inférieur du tronc (entre les 16 et 24 ver- ee des filtres en nitrate de cellulose de porosité ticilles, selon le diamètre de l’arbre). Le premier 0,45 μm de diamètre. En raison des faibles mètre de tronc au-dessus du sol a été systéma- quantités de sève de branche prélevées, celle-ci tiquement évité en raison de blessures fré- est filtrée à l’aide d’un filtre, de porosité 2 μm quentes occasionnées par les chevreuils. De placé à l’extrémité de l’embout plastique d’une 2 branches des 4 et 3 verticilles ont été ee plus, pipette automatique. Des dilutions par 10 sont récoltées. Les prélèvements ont débuté le 23 effectuées pour le dosage de tous les éléments mai 1990, juste avant le débourrement, et se de la sève de branche et par 5 pour P, Si, Ca et sont répétés toutes les 1-2 semaines, jusqu’en K dans la sève de tronc; Ca, Mg, K, P, Al, Mn et octobre. Rameaux et troncs ont été stockés Si sont dosés par un spectromètre d’émission dans des sacs plastiques à l’obscurité. ICP (Jobin Yvon 38+). Extraction Calcul du flux d’éléments minéraux L’extraction est effectuée sur place, immédiate- dans la sève ment après le prélèvement. La sève de ra- meaux est extraite à l’aide d’une chambre à À pression de Scholander et al (1965), modifiée la différence des mesures de transpiration, pour accueillir des rameaux allongés. Le ra- disposons pas de valeurs de concentra- nous ne meau feuillé est introduit dans la chambre à tions journalières de la sève xylémique. Le flux pression, son extrémité, dénudée de l’écorce et d’éléments minéraux a été calculé en sommant du phloème, en sort par un orifice étanche sur la période de mesure, les produits des prévu dans le bouchon à cet effet. Une pression concentrations en éléments minéraux des sèves
  7. RÉSULTATS de tronc et de branche de chaque prélèvement par la transpiration cumulée pour la période cen- trée autour de chaque date de prélèvement. Afin d’évaluer le flux annuel, nous avons estimé la Évolution du potentiel hydrique transpiration (TR) de début de printemps et de fin d’automne à partir des valeurs de l’ETP, cal- et de la transpiration culée en utilisant les données climatiques enre- gistrées sur le site, et du rapport TR/ETP mesu- ré pendant la période la plus proche. Les flux La figure 1 présente l’évolution des poten- d’éléments minéraux dans la sève ont été éva- tiels de base au cours de l’été et du début lués pour ces périodes en effectuant le produit de l’automne. Le potentiel a chuté jusqu’à de la transpiration correspondante par la teneur une valeur de -0,55 MPa au cours de la moyenne annuelle de la sève. sécheresse persistante de juillet 1988. Cette chute a été interrompue par des ar- rosages artificiels au cours du mois Traitement des données d’août, puis par des pluies en début d’au- tomne. Des analyses de variances, à un facteur, testant l’effet de la date de prélèvement sont effectuées La figure 2 montre les quantités cumu- pour l’étude de la dynamique saisonnière. Le lées d’eau transpirée au cours de la sai- test de la ppds (plus petite différence significa- son estivale par le peuplement. La trans- tive) est adopté pour les comparaisons de piration se réduit au cours du mois de moyennes 2 à 2. Les barres d’erreur présentées juillet, suivant le dessèchement progressif sur les graphiques représentent l’intervalle de du sol, ce qui traduit une régulation sto- confiance au risque de 5%.
  8. Variabilité des teneurs en éléments Les arrosages ont per- matique précoce. minéraux dans la sève extraite mis de maintenir une certaine transpira- à différents niveaux de l’arbre tion. Cependant, ces arrosages n’ont que partiellement permis de reconstituer le stock d’eau consommé en juillet. De sorte Sève de tronc que la valeur totale annuelle de la transpi- ration est relativement faible (298 mm). La figure 3 présente les courbes d’évolu- La comparaison de la pluviosité de cette tion des teneurs de Ca, Mn, P, K et Si année 1990 à Aubure avec celle des 25 dans la sève prélevée le long du tronc. années antérieures mesurée à Orbey Pour tous les éléments étudiés excepté Si, (station météorologiquement comparable les courbes d’évolution des teneurs le long à celle d’Aubure), montre qu’il s’agit d’une du tronc sont identiques et caractéristi- année exceptionnellement sèche. Elle ques. Les concentrations en éléments mi- combine en effet à la fois une sécheresse néraux décroissent du sommet de l’arbre printanière comme celle de 1976 et une (verticille 4) à la base du houppier (verti- sécheresse estivale identique à celle de cilles 12-14) où elles se stabilisent jusqu’à 1983. la base du fût. Cette stabilité des concen-
  9. éléments étudiés (P, Mg, Ca, K). L’analyse trations de la sève à la base du tronc s’est de variance ne montre pas non plus de dif- maintenue tout au long de la saison de vé- férence significative entre les sèves des gétation hormis lors de l’allongement des différents verticilles. pousses. La comparaison des teneurs en éléments minéraux des 3 tronçons préle- Les concentrations de la sève de vés à la base du fût de chaque arbre n’a branche sont élevées et très semblables à jamais montré de différence significative celles de la sève de tronc à la hauteur à la- excepté lors de cette période où un gra- quelle ont été prélevées les branches (fig dient positif de teneurs pour Ca, Mn et Si 3). Ceci confirme la continuité de flux entre est apparu (tableau III). Par ailleurs, la va- ces organes et l’absence d’artéfact lié aux riabilité interarbre dans cette portion a tou- différentes méthodes d’extraction utilisées. jours été faible excepté durant cette pé- riode (fig 4). Dans le tiers supérieur du houppier, la variabilité interarbre est au Dynamique saisonnière contraire importante et les teneurs sont 3- des teneurs en éléments minéraux 4 fois plus élevées que les teneurs de la de la sève xylémique base du tronc. Cette étude confirme les résultats de Évolution des teneurs dans la sève Girard (1989) et de Glavac et al (1990). La de tronc stabilité des teneurs pour tous les élé- ments minéraux dans la sève de la base P, Ca, Mn, Mg (fig 4) présentent des dyna- du fût suggère que les échanges avec les miques saisonnières semblables : les tissus vivants sont d’importance modérée concentrations relativement élevées en et homogènes. Elle justifie l’échantillon- début de saison s’élèvent brutalement lors nage et les calculs de flux effectués. de l’allongement des pousses pour s’abais- ser pendant la phase de croissance des ai- guilles où elles se stabilisent à un niveau Sève de branche généralement inférieur à celui du début de saison (la différence est significative sauf Une première analyse de variance montre pour Mg). Les teneurs demeurent alors qu’il n’y a pas de différence significative quasiment stables (pas de différence signi- entre les sèves (toutes branches confon- ficative entre les teneurs) pendant toute dues) des 3 arbres échantillonnés pour les
  10. période, puis se relèvent en fin de août. Elles décroissent en automne paral- cette saison. Cette lèlement aux teneurs en Si de la sève de poussée des concentrations tronc. Cette évolution peut être rapprochée lors de l’allongement des bourgeons pour- rait traduire, soit le transfert de réserves des observations de Bartoli et Souchier accumulées dans les racines à destination (1978), qui décrivent une augmentation des organes en croissance, soit une activi- continue des teneurs foliaires en Si au té d’absorption racinaire accrue. Le gra- cours de la saison de végétation. dient de concentration observé dans le tronc à cette même période suggère Comparaison entre les teneurs qu’une mobilisation des réserves affecte des sèves de tronc et de branche parallèlement le tronc. Les teneurs les plus élevées en K sont Les concentrations de la sève dans les au début de la saison, c’est- enregistrées branches sont systématiquement plus éle- à-dire au début du débourrement. Les vées que celles de la sève de tronc. Les concentrations baissent ensuite régulière- rapports de concentration branche/tronc ment pendant les phases d’allongement évoluent considérablement au cours de la des pousses et de croissance des ai- saison (fig 6) avec des valeurs minimales guilles, puis raugmentent (fig 4). lors de l’allongement des bourgeons et en fin de croissance des aiguilles, lorsque A la différence des autres éléments, les s’effectue l’accroissement du tronc. Les teneurs en Si sont faibles en début de sai- éléments pour lesquels ces rapports sont son de végétation, et augmentent réguliè- les plus élevés sont le Mg et le Ca, dont on rement (fig 4). La stabilisation des concen- sait les faibles teneurs dans les tissus fo- trations se réalise au stade phénologique liaires. Le rapport le plus bas s’observe correspond à la fin de la croissance des ai- pour Si pendant. guilles, fin juillet. Les teneurs baissent bru- talement à la fin août, lors de la réhumidifi- cation du sol. Comparaison entre les flux d’éléments minéraux transportés dans la sève Évolution des teneurs xylémique durant la saison dans les branches (fig 5) de végétation et le prélèvement estimé par l’étude des minéralomasses K, Ca et P, dont les teneurs sont élevées début de saison, décroissent irréguliè- en rement au cours de la saison. Ce pic de Le tableau IV présente les flux d’éléments concentration lors de la croissance des minéraux véhiculés dans la sève de pousses a déjà été noté par Moreno et al branche et de tronc pendant la saison de (1983), Stark et Spitzner (1985), Stark et végétation. Les prélèvements bruts 1988 al (1985) et Osonubi et al (1988). Leurs d’éléments minéraux à destination des études montrent que tous les éléments mi- troncs et des houppiers ainsi que la valeur néraux suivent ce schéma d’évolution. des transferts annuels estimée, pour la Les teneurs Mg sont globalement en même année, par l’étude des biomasses et variabilité importante, stables, avec une minéralomasse, sont présentées. Parallè- distingue de tendance. sans que se lement, une valeur estimation du prélève- ment brut d’éléments minéraux pour 1990 Celles en Si, minimales en début de est présentée, calculée en ajoutant à la va- saison, s’élèvent au cours de l’allongement leur de l’immobilisation 1988, la valeur des pousses pour se stabiliser en juillet et
  11. moyenne annuelle des retombées de li- éléments dans le houppier et se rap- ces tière additionnée de la récrétion. La diffé- prochent du prélèvement brut 1988. rence entre ces 2 valeurs de prélèvement Ces flux dans les branches sont en exprime l’évolution de l’état de jaunisse- moyenne 3 fois plus élevé que ceux mesu- ment et de défoliation du peuplement rés dans le tronc. Cette différence pourrait entre 1988 et 1990 ainsi que l’incertitude résulter d’un artéfact si les teneurs des de la mesure. sèves des branches prélevées n’étaient À l’échelle d’une saison de végétation, pas représentatives de l’ensemble du les flux d’éléments minéraux véhiculés houppier. Cependant, le tiers supérieur du dans la sève de branche sont en moyenne houppier est celui par lequel s’effectue la élevés mais d’importance très variable : le majeure partie de la transpiration, et flux de K (226 kg) et de P (39 kg) dans la d’autre part, Girard (1989) n’a pas mis en sève sont proches de la quantité totale de évidence de variation importante des te- ces éléments dans le houppier (tableau V) neurs de la sève de branche d’épicea en respectivement 206 et 55 kg. Ils dépas- fonction de la hauteur dans le houppier. sent très nettement la somme des prélève- Ceci suggère donc l’existence d’un pool ments bruts + transferts internes estimés mobile d’éléments minéraux circulant dans en 1988. Inversement, les flux de Ca et la sève des branches et de la partie supé- Mg sont faibles comparés aux masses de rieure des troncs.
  12. des différences sensibles La comparaison du flux d’éléments véhi- cependant avec culé dans la sève de tronc en 1990 avec le (tableau IV). prélèvement brut estimé à partir des me- de K et P véhiculées an- Les quantités sures de minéralomasse pour 1988 montre nuellement par la sève de tronc sont du qu’ils sont du même ordre de grandeur, même ordre de grandeur que la minéralo-
  13. totale de P et K contenue dans les des pousses. D’autre part, les teneurs de masse la sève de branche et de tronc prélevées à peuplement. Elles sont très sen- troncs du siblement supérieures au prélèvement brut même hauteur dans le houppier sont sem- 1988. Même en ajoutant à ce dernier la blables. Enfin, tout au long de saison de valeur des transferts internes, il demeure végétation, les teneurs dans les branches une différence très significative. se sont maintenues bien supérieures à celles de la base des troncs. Deux hypo- Le flux de Ca dans la sève est nette- thèses complémentaires peuvent être pro- prélèvement brut 1988. Il ment inférieur au posées pour expliquer ces phénomènes : se rapproche mais demeure néanmoins supérieur au prélèvement 1990. Ce flux la transpiration, plus intense au sommet - de l’arbre, entraîne une concentration de la est proche du flux de Ca restitué annuelle- ment au sol par l’intermédiaire de la litière sève par perte d’eau; et les pluviolessivats. une régulation permanente des teneurs - de la sève associée à des mécanismes Le flux de Mg dans la sève est proche physiologiques de redistribution d’autant du prélèvement brut 1988, et dépasse plus intenses que l’on se situe près des ex- sensiblement la valeur des restitutions an- trémités, dans des organes riches en élé- nuelles au sol. ments minéraux, dont les besoins métabo- Cette différence de comportement entre liques sont élevés. groupe (Ca et Mg) et le précédent (P et ce La première hypothèse décrit sans K) recoupe celle entre des éléments doute le mécanisme de fond par lequel de connus pour être intensément redistribués grandes quantités d’éléments minéraux dans la plante par la sève élaborée, et d’autres dont les fonctions métaboliques s’accumulent par évaporation d’eau aux extrémités des branches. La croissance sont plus modestes. n’étant pas continue et constante, on conçoit qu’à certaines périodes, les élé- DISCUSSION ments minéraux ne soient pas incorporés au rythme de leur arrivée, dans les or- ganes en croissance. C’est en particulier La présente étude, confirmée par les ré- ce que suggère le faible rapport des te- sultats de Glavac et al (1989) sur hêtre et neurs dans les branches par rapport au Girard (1989) sur épicéa montre un gra- tronc lors de la croissance des pousses, dient croissant de concentration dans la quand la demande est très élevée. Cepen- sève de tronc de la base du houppier à dant ce mécanisme seul ne peut rendre l’extrémité supérieure du tronc. Les te- compte de l’élévation des teneurs dans la neurs sont les plus élevées dans le houp- partie supérieure des troncs. De plus, il pier. Cependant, d’après Glavac et al n’explique pas les observations de Girard (1989), ce gradient, faible en hiver serait le (1989) qui, en comparant les teneurs de la plus marqué au début de la saison de vé- sève extraites par déplacement sur les dif- gétation et s’inverserait durant l’été. Nous férents organes d’un peuplement d’épicéa n’avons pas observé cette inversion esti- de la plaine lorraine, montrait que les te- vale de gradient. La comparaison des te- neurs des sèves de racines sont proches neurs en éléments minéraux des 3 tron- de celles du houppier et nettement supé- çons successifs prélevés à la base de rieures à celles de la base des troncs (ta- chaque arbre n’a par ailleurs pas permis bleau VI). Ainsi la transpiration pourrait ne de mettre en évidence de gradient dans jouer qu’un rôle secondaire dans la régula- cette portion excepté lors de l’allongement
  14. tion des teneurs de la sève, le rôle princi- des concentrations dans le tronc présence pal étant tenu par des mécanismes physio- un pic pour tous les éléments lors de l’al- logiques internes. longement des pousses. C’est aussi au cours de cette période que la variabilité in- Au cours de la saison, les concentra- tertronçons des arbres est la plus élevée. tions minérales de la sève de tronc varient. Glavac et al (1990), chez le hêtre, montre Elles sont en général élevées en début de qu’à cette période, outre ce pic de concen- saison de végétation, puis diminuent et tration, s’observe un fort gradient dès la restent globalement stables durant l’été. base du tronc, et l’interprète en terme de Elles raugmentent ensuite à l’automne. mobilisation des réserves du tronc. Un tel Cette évolution se confirme pour les élé- gradient est apparu dès la base du tronc ments étudiés (Ca, P, Mn, Mg, K), excepté dans les échantillons que nous avons pré- pour Si qui suit une dynamique inverse. levés au cours de cette période. Outre Les variations des teneurs, augmenta- cette mobilisation des réserves du tronc, tion ou diminution selon les éléments, les teneurs particulièrement élevées dès la s’observent en général lors de passages base du tronc suggèrent une mobilisation d’un stade phénologique à un autre, ce qui des réserves de la souche et du système peut s’interpréter comme une réponse des racinaire. différents organes de l’arbre à une de- L’existence d’un tel mécanisme a par mande plus ou moins intense pour telle ou ailleurs été démontrée par divers auteurs telle phase de la croissance des aiguilles (Huguet, 1973). Comme chez le hêtre, le K et du cerne. Ainsi l’évolution saisonnière
  15. suit une dynamique différence avec des La comparaison des flux d’éléments mi- teneurs élevées dès avant le débourre- néraux dans la sève de tronc, aux prélève- ments brut et transferts estimés à partir de ment. l’étude des minéralomasses confirme l’im- Le palier de faibles concentrations du- portance des circulations internes d’élé- rant la phase de pousse des aiguilles, ments minéraux et permet de séparer les ainsi que l’absence de gradient dans la éléments minéraux 2 groupes distincts. en partie du tronc située sous le houppier Les flux estimés par ces 2 méthodes montre que cette mobilisation printanière est de courte durée. La croissance en dia- sont proches pour Ca et Mg, le flux de Ca mètre des troncs, qui s’amorce au cours demeurant cependant inférieur au prélève- de cette période pourrait être à l’origine de ment brut. La différence entre les flux de ces faibles teneurs. Ca mesurés dans la sève et la valeur du prélèvement est en partie attribuale à des Le comportement de Si, dont les te- imprécisions et en particulier à une suresti- augmentent fortement au cours du neurs mation du prélèvement. C’est en effet ce mois de juillet et du début août, parallèle- que suggère la différence entre la bio- développement de la sécheresse ment au masse de houppier produite annuellement, s’abaissent fortement à la fin août, puis évaluée par Le Goaster (1989), et la chute lorsque les pluies ont reconstitué la ré- moyenne annuelle de litière (tableau IV). du sol, pourrait refléter l’état serve en eau Par ailleurs, le prélèvement 1990 est pro- de concentration relative des solutions de bablement inférieur au prélèvement 1988 sol. On remarque que cette évolution se en raison de nombreux chablis ayant affec- retrouve identiquement dans les branches té le peuplement en 1989, à la suite et le tronc. Le faible rapport de concentra- d’abondantes chutes de neige. Enfin, le tion entre branche et tronc suggère que jaunissement net subi par le peuplement cet élément est peu redistribué dans durant cette période exprime sans doute l’arbre comparativement aux autres. Ainsi, une réduction du prélèvement. Il est aussi mis à part lors de l’allongement des bour- possible que des transports d’éléments mi- geons, les fluctuations de teneurs en Si néraux se soient produits au cours de pé- pourraient refléter la disponibilité de cet riodes où nous ne les avons pas mesurés, élément pour les racines. comme en fin d’automne ou au début du La remontée des concentrations au printemps. Une variation des concentra- de l’automne, particulièrement nette cours tions de la sève de tronc au cours de la pour le K, suggère une mise en réserve de journée, ce que nous n’avons pas testé, ces éléments dans le houppier, peut être pourrait être une source d’erreur possible. pour la formation des bourgeons. Malgré ces imprécisions, ces similitudes L’évolution saisonnière des concentra- suggèrent que le flux annuel de Ca et Mg tions dans le houppier présente des fluc- dans la sève xylémique de la base du tuations irrégulières. On peut penser tronc illustre pour l’essentiel le prélève- qu’elles résultent de variations complexes ment brut. Les transferts de ces éléments de l’activité métabolique. Les rapports par- de la partie aérienne vers le système raci- ticulièrement élevés entre les teneurs en naire seraient donc de faible importance. Ca et Mg dans la sève de branche par rap- Ceci s’accorde avec les très faibles te- port à celle de tronc suggère que l’arbre, neurs de la sève phloémique en Ca, dé- dont l’alimentation pour ces éléments est crites dans la littérature. Si l’on utilise Ca très limite, utilise intensément le réservoir comme un index du prélèvement, Mg s’en d’élément présent dans le houppier. distingue cependant par des transferts par-
  16. tie Quel que soit l’élément concerné, les aérienne/partie souterraine, légèrement plus élevées. À l’échelle saisonnière, l’élé- flux élevés dans la sève de houppier par vation de concentration lors de la crois- rapport au tronc suggèrent l’existence sance des pousses suggère cependant que d’une fraction importante d’éléments miné- les flux dans la sève de tronc ne traduisent raux dont la circulation dans le houppier pas directement le prélèvement mais illus- est liée à des mécanismes physiologiques de transferts et remobilisation. plutôt équilibre complexe entre trent un mo- bilisation des réserves et prélèvement. Il est possible de comparer la taille de Les flux de K et P dans la sève de tronc 2 flux d’éléments minéraux, l’un, noté dépassent très largement le prélèvement transferts internes annuels, traduisant les brut. Il faut donc imaginer, pour ces 2 élé- redistributions à l’échelle annuelle, d’une ments, une importante circulation entre partie des éléments contenus dans un or- partie aérienne et partie souterraine et/ou gane de l’année n vers les organes de à l’intérieur du tronc. Le potassium est re- l’année n + 1, et l’autre déduit de la diffé- élément très mobile dans la rence entre le flux d’éléments minéraux connu comme et Kirkby, 1978), où il as- dans la sève et le prélèvement brut an- plante (Mengel sure de nombreuses fonctions physiologi- nuel, et exprimant la mobilisation momen- ques (activation de différents systèmes en- tanée d’éléments minéraux à partir de zymatiques, régulateur des transports de compartiments particuliers dont le taux de photosynthétats...).Les passages entre le renouvellement serait rapide au cours de xylème et le phloème sont directs, ce qui se la saison de végétation. La comparaison traduit par un rapport concentration de la de ces 2 flux montre que ce dernier est sève phloèmique sur concentration de la beaucoup plus important. Il apparaît ainsi sève xylémique très élevé (Pate et al, clairement que les transferts internes, es- 1975). Cet élément, le plus abondant cation timés d’après la variation annuelle relative des concentrations de différentes classes présent dans la sève xylémique, diminue le d’âge d’organes sont minimes par rapport potentiel osmotique et favorise l’absorption à la quantité d’éléments minéraux redistri- et la rétention d’eau dans les tissus. buée en permanence à l’intérieur de Le phosphore étant à la base du méta- l’arbre. bolisme énergétique, il est plausible qu’il Ces données confirment et étendent les soit intensément recyclé dès le niveau du résultats de travaux antérieurs menés sur tronc. On sait en effet que le phosphore in- l’azote (Titus, 1989), à d’autres éléments organique circule essentiellement dans la minéraux. sève xylémique (Marschner, 1986). Cette circulation intense de P s’accorde avec les L’analyse comparée du flux d’éléments très forts transferts internes de P dans le minéraux dans la sève de tronc et de ra- tronc, calculés par Le Goaster (1989). meaux apparaît donc comme un moyen Celui-ci montre en effet que l’accroisse- privilégié d’appréhender la circulation in- ment annuel de biomasse ligneuse du terne des éléments dans la plante. Il est tronc d’épicéas adultes se fait à P cons- remarquable que malgré la relative impré- tant, c’est-à-dire intégralement par trans- cision de mesures, les valeurs de prélève- fert de P des cernes âgés vers le cerne en ment obtenues par la mesure du flux de croissance. Un tel parallélisme ne s’ob- Ca et Mg dans la sève de tronc et par serve pas pour K dont le transfert interne l’analyse de la minéralomasse soient ne participe que pour une part modeste proches. Ceci plaide pour une utilisation (30%) à l’élaboration du cerne annuel. du flux de sève xylémique comme indica-
  17. teur de l’influence de divers stress concentrations mesurées dans la sève à le sur fonctionnement minéral de l’arbre. ce niveau ne peuvent s’interpréter que comme la résultante d’échanges très in- tenses entre les organes de stockage (cel- lules de l’écorce, aiguilles âgées), le CONCLUSION phloème et le xylème. Il semble que des éléments tels que le calcium, pourtant L’étude de la dynamique saisonnière des considéré comme peu mobile, participent teneurs en éléments minéraux dans la largement à ces échanges. L’importance sève xylémique de l’épicéa aboutit à des relative de cette «fraction d’éléments méta- conclusions de plusieurs ordres sur les boliquement actifs» est sans doute à relier modalités et l’importance relative de la cir- aux besoins physiologiques instantanés de culation des différents éléments minéraux l’arbre. dans l’arbre : le flux ascendant dans la Un bilan minéral complet à l’échelle de sève de tronc est proche du prélèvement l’arbre nécessiterait désormais le suivi des au sol à destination des parties aériennes teneurs en éléments minéraux dans la pour Ca et Mg. Ce flux est supérieur en ce sève phloémique et les organes de stoc- qui concerne P et K, ce qui suggère une kage. redistribution notable de ces éléments des parties aériennes, par la voie phloémique, vers les racines. RÉFÉRENCES Les variations des teneurs au cours de la saison, répondent à des besoins physio- Bartoli F, Souchier B (1978) Cycle et rôle du sili- logiques particuliers de l’arbre, et peuvent cium d’origine végétale dans les écosys- être mis en relation avec la succession tèmes forestiers tempérés. Ann Sci For 35, des divers stades phénologiques. Des 187-202 transferts importants d’éléments minéraux Benett JP, Andessen FG, Milad Y (1927) Me- des racines et du tronc vers le houppier thods of obtaining tracheal sap from woody s’effectuent ainsi pendant la période de plants. New Phytol 26, 316-323 croissance des pousses feuillées. Ces Clément A (1977) Comparaison de la nutrition phénomènes mériteraient d’être approfon- minérale de Pinus nigra Nigricans et de car ils déterminent vraisemblablement dis, Picea excelsa Link en sol très carbonaté, car- bonaté, et décarbonaté : incidence sur le mé- la croissance des pousses. tabolisme des anions minéraux et organi- En raison de ces redistributions, l’ana- ques. Ann Sci For 34, 293-309 lyse de sève ne peut être simplement et Dambrine E, Granier A (1989) Effet de la séche- directement utilisée pour évaluer la dispo- resse édaphique sur les flux d’éléments mi- nibilité des éléments minéraux pour les ra- néraux dans la sève brute d’Abies bommulle- cines. Il semble cependant que pour cer- riana en conditions naturelles. Résultats et conclusions méthodologiques. Journées de tains éléments comme le silicium, une travail Deforpa vol 1, INRA, Nancy évolution des concentrations de la sève Dambrine E, Le Goaster S, Ranger J (1991) puisse illustrer une variation des concen- Croissance et nutrition minérale d’un peuple- trations dans le sol. ment d’épicéa sur sol pauvre. II. Prélèvement Les différences de teneurs observées racinaire et translocation d’éléments miné- entre la sève de branche et celle de tronc raux au cours de la croissance. Acta Oecol ont mis en évidence l’existence d’une frac- 12, 791-808 tion d’éléments minéraux en circulation in- Dambrine E, Ranger J, Pollier B, Bonneau M, Granier A, Lu P, Probst A, Viville D, Biron P, tense dans le houppier. Les très fortes
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