BỘ GIÁO DỤC VÀ ĐÀO TẠO TRƯỜNG ĐẠI HỌC SƯ PHẠM TP. HỒ CHÍ MINH -----------------------------------

NGUYỄN THỊ BÍCH THUẬN

LES ARTICLES : PROBLÈME DE L’ACTUALISATION

(VẤN ĐỀ HIỆN THỰC HÓA TRONG VIỆC SỬ DỤNG MẠO TỪ)

Chuyên ngành : Lý luận và phương pháp dạy học Tiếng Pháp

Mã số : 60 14 10

LUẬN VĂN THẠC SĨ GIÁO DỤC HỌC

Người hướng dẫn khoa học

TS. BÙI KHƯƠNG BÍCH HOÀN

Thành phố Hồ Chí Minh – Năm 2011

REMERCIEMENTS

Qu’il me soit permis d’exprimer ma profonde gratitude

- A ma directrice de recherche, Madame Bùi Khương Bích Hoàn, qui a accepté de diriger mon

travail avec patience et vigilance ;

- A tous mes professeurs du Département de Français de l’Université de Pédagogie de Hochiminh-

ville qui m’ont donné de précieux conseils lors de l’élaboration du mémoire;

- A Monsieur le directeur et les étudiants du Département de Tourisme de l’École des Beaux-Arts

et du Tourisme de Nha Trang pour leur aide ;

- A tous les professeurs qui vont lire et évaluer ma recherche.

MỤC LỤC

0TREMERCIEMENTS 0T .................................................................................................. 3

0TMỤC LỤC 0T ............................................................................................................... 4

0TINTRODUCTION 0T..................................................................................................... 6

0TChapit re 1: SPHÈRE NOMINALE 0T .............................................................................. 8

0T1.1. St at ut , fonct io n du no m 0T ................................................................................... 8

0T1.2 0T

0TNom et ses dét er minant s 0T .............................................................................. 8

0T1.3 0T

0TDét er minat io n par art icle 0T........................................................................... 10

0T1.4 0T

0TLacunes chez les ét ud iant s 0T ......................................................................... 12

0T1.5 0T

0THypot hèses 0T .............................................................................................. 13

0TChapit re 2 : PROBLÈME DE L’ACTUALI SATION 0T .................................................... 16

0T2.1 0T

0TObser vat ions génér ales 0T ............................................................................. 16

0T2.2 0T

0TDéfinit io n lingu ist ique de l’act ualisat io n 0T .................................................... 17

0T2.3 0T

0TAct ualisat io n conçue dans not re t hèse 0T ......................................................... 17

0T2.3.1 0T

0TDémo nst rat ion par la co ncept ion hu maine à l’ég ard de la réalit é 0T .............. 18

0T2.3.2 0T

0TDémo nst rat ion linguist ique 0T .................................................................. 18

0T2.3.2.1 Act ualisat io n du procès 0T ...................................................................... 18

0T2.3.2.2 Act ualisat io n de la qualit é et de la manière 0T .......................................... 20

0T2.3.2.3 Act ualisat io n de l’ent it é 0T ..................................................................... 20

0T2.4 0T

0TT ypo log ie de l’act ualisat ion 0T ...................................................................... 22

0T2.4.1 Différence ent re l’act ualisat io n endocent r ique et l’act ualisat io n exocent r ique 0T 22

0T2.4.2 0T

0T Int roduct io n première 0T ......................................................................... 24

0T2.4.3 0T

0TInt ro duct io n it érat ive 0T........................................................................... 24

0T2.4.4 0T

0TInt ro duct ion généralisant e 0T .................................................................... 25

0T2.4.5 Evocat io n sit uat io nnelle 0T .......................................................................... 25

0T2.4.6 0T

0TEvo cat ion généralisant e 0T ....................................................................... 26

0T2.4.7 0T

0TAct ualisat io n st ylist iqu e (Alt er nat ive) 0T ................................................... 27

0T2.4.8 0T

0TAct ualisat io n st ylist ique (I mp licat io n imméd iat e) 0T ................................... 28

0T2.4.9 0T

0TCas d ’o miss io n de l’art icle 0T ................................................................... 28

0TChapit re 3 : ÉTUDE DU TERRAIN 0T .......................................................................... 29

0T3.1 0T

0TProfil des ét udiant s 0T ................................................................................... 29

0T3.2 0T

0TPrésent at ion du corpus 0T .............................................................................. 30

0T3.3 0T

0T Résult at du travail des deux classes 0T ........................................................... 32

0T3.3.1 0T

0T Travail des premièr es années 0T ............................................................... 32

0T3.3.2 0T

0TObser vat ions sur le résult at de t ravail des premières années 0T ..................... 36

0T3.3.3 0T

0TTravail d es t ro isièmes années 0T ............................................................... 37

0T3.3.4 Obser vat ions sur le résu lt at du t ravail des t roisièmes années 0T ........................ 42

0T3.4 0T

0TConclu sio n 0T .............................................................................................. 42

0TChapit re 4 : SUGGESTIONS PÉDAGOGI QUES 0T........................................................ 44

0TCONCLUSION 0T ...................................................................................................... 47

0TLISTE DES ANNEXES 0T ........................................................................................... 49

0TBIBLIOGRAPHIE 0T .................................................................................................. 72

INTRODUCTION

À l’heure actuelle, dans le cadre de l’intégration économique du monde et d’échanges

culturels ou de transferts technologiques entre différents pays se créent des relations coopératives

internationales. Viet Nam s’y étant engagé, les partenaires commerciaux de notre pays, les

étrangers en visite touristique ou en mission culturelle, humanitaire chez nous ne viennent pas

seulement du monde anglophone mais encore des nations francophones. Le français se considère

alors comme une des langues étrangères « stratégiques » dans le système d’enseignement national

actuel. La direction générale de notre école des Beaux-Arts et du Tourisme à Nha Trang ne restant

pas insensible à la grande nécessité de l’étude des langues étrangères, s’impose au programme

d’enseignement du département de tourisme de cet établissement universitaire l’enseignement de

l’anglais, du chinois, du japonais, du coréen et du français. Les touristes francophones venus de

plus en plus nombreux à Nha Trang, le français est enseigné en tant que première langue étrangère

aux étudiants de la section de guide touristique et de gestion en hôtellerie- restauration.

Les particularités linguistiques du français rendent l’étude de cette langue à la fois

passionnante et rebutante. Une des difficultés d’apprentissage chez les apprenants vietnamiens

consiste en l’utilisation des articles dans leur production orale ou écrite. En effet, les étudiants

vietnamiens se perdent dans les exercices portant sur la valeur d’emploi des articles, et ils utilisent

l’article défini là où est demandé l’article indéfini et inversement. Simple monème ayant pour

fonction de déterminer le nom qu’il accompagne, l’article n’est cependant pas d’un emploi facile.

La complexité de ses valeurs d’emploi est liée à l’aspect le plus insaisissable de la psychologie,

l’aspect cognitif. Ainsi, il n’y a pas que les apprenants qui, durant leur apprentissage, sont

confrontés à des difficultés de compréhension relatives à l’usage de ce fameux monème mais les

professeurs, eux aussi, s’embarrassent dans leurs explications des valeurs d’emploi des articles.

Pour notre part, avec nos expériences professionnelles acquises au cours de 10 années de

travail comme professeur de français langue étrangère au lycée, au centre des langues étrangères et

à l’École des Beaux – Arts et du Tourisme à Nha Trang, nous parvenons tant bien que mal à

convaincre nos étudiants de nos réflexions sur les cas d’emploi de ce déterminant. Nous ne

prétendons donc pas avoir réussi à leur faire distinguer le défini de l’indéfini ou à leur expliquer la

raison d’être du partitif dans un propos. Nous nous sommes rendue compte que ces lacunes

professionnelles ne relèvent pas des approches didactiques mais de nos connaissances encore

superficielles sur le problème en question. Il nous est alors indispensable de procéder à une étude

plus approfondie des valeurs d’usage de ce genre de déterminant, plus précisément, celle qui

s’opère par le recours à la notion d’actualisation et ce pour une théorisation linguistique que nous

n’avons pas l’ambition de caractériser d’optimale, mais qui se veut plus efficace. Nous sommes

d’autant plus renforcée dans cette conviction que les erreurs d’usage des articles se répètent

systématiquement d’année en année chez nos apprenants, d’où ce présent travail de recherche.

Dans la première partie considérée comme cadre conceptuel, nous présentons premièrement

l’importance de la sphère nominale à laquelle prend part l’article (chapitre 1) et secondement le

problème de l’actualisation (chapitre 2). Font l’objet de la seconde partie l’étude du terrain

(chapitre 3) et les suggestions pédagogiques (chapitre 4).

Chapitre 1: SPHÈRE NOMINALE

1.1. Statut, fonction du nom

Le nom, noyau du groupe nominal, tient une fonction spécifique que ne peut remplacer

aucune autre catégorie grammaticale, celle de véhiculer des entités. Sur ce point, nous joignons les

auteurs de Grammaire méthodique du français dans la réflexion selon laquelle « Tout objet de

pensée, quelque soit sa catégorie ontologique, peut revêtir une forme nominale. L’hétérogénéité

sémantique des noms se ramène à un seul commun dénominateur : ils renvoient à des réalités

notionnelles (des concepts) de tous ordres, mais qui ont en commun d’être conçues comme des

« objets de pensées » que l’on peut évoquer en tant que tels » (Riegel et al, p.169).

Comme nous vivons en plein monde matériel, tout thème de conversation, d’entretien, de

narration, de reportage, d’information etc… repose quasiment sur des entités. En effet, rien qu’à

ouvrir un quotidien, pour ne citer que les thèmes d’actualité, on trouve par exemple Pluies

torrentielles qui sévissent à Khánh Hoà, Ninh Thuận (Thanh Niên du 2 novembre 2010, page 1),

ou Préoccupations concernant la sécurité des sources d’eau (Thanh niên du 23 mars 2011, page 3)

ou encore Espace aérienne Libya maîtrisée par les Alliés (Thanh Niên du 23 mars 2011, page 20).

Comme information sous forme d’avertissement aux gens, on a par exemple Danger de mort sur

les pylônes d’électricité ou Défense de fumer à la station-service etc... Les enseignes nous

présentent et Boulangerie – Pâtisserie, et Photocopie, et Restaurant ou Bistro etc…

1.2 Nom et ses déterminants

Cependant les entités ne nous apparaissent pas d’une manière homogène, parce que pas du

même moment, ni dans leur intégralité. A cela s’ajoute que notre perception des entités varie en

fonction de notre état psychologique, ce qui fait qu’une entité appelle à être déterminée de

manières différentes, d’où tant de formes pour la détermination nominale, opération linguistique

qui a pour fonction de préciser le rapport entre une entité donnée et son percepteur.

La détermination nominale est un continuum de sens. Etudier les déterminants du nom, c’est

donc étudier la façon dont la prise en conscience d’une entité va du plus flou au plus marqué, du

minimum au maximum de son extension notionnelle. Ne faisant pas cas de leurs situations

d’emploi, mais en vue d’une présentation typologique, sans pour autant prétendre à son

exhaustivité, nous tenons à décrire le continuum en question par un axe allant de gauche à droite,

sur lequel sont rangés les déterminants qui traduisent les degrés de perception qu’on peut avoir

d’une entité, du moins actuel au plus actuel. Autrement dit, ces déterminants sont classés selon le

degré de croissance de la cognition qu’on peut avoir d’un objet du monde.

Sur

l’axe, les articles partitifs trouvent leur place dans la même colonne que “un, une.. des”, pour la

raison que ces deux types de déterminants représentent comme point commun l’actualisation

première. Au même degré, la seule différence qui les distingue, c’est que les articles indéfinis se

rapportent aux noms comptables tandis que les articles partitifs se rapportent aux noms non-

comptables.

Je vois un taxi.

On m’a posé une question

Je prends du pain avec de la confiture.

Pour faire ce travail, il faut du courage, de l’imagination.

Actualisés par les déterminants autres que partitifs, les noms non-comptables ne traduisent plus

l’idée de masse, de matière, mais supposent l’idée d’une espèce, d’une catégorie ou d’une

personnalité particulière.

Il n’aime pas le pain.

Quelle confiture veux-tu?

C’est un courage exemplaire.

Son imagination m’étonne.

L’interrogation portant sur les caractéristiques catégorielles ou identitaires de l’entité dénotée par

le nom, l’entité s’annonce comme très peu marquée dans la perception du locuteur. Dans Quel

livre?, quel porte sur le genre ou la catégorie de livre et du fait ne peut rendre livre bien évident au

regard de celui qui parle, c’est ce qui explique le degré le moins actuel qu’occupe l’adjectif

interrogatif sur l’axe.

Par leurs valeurs, quelque et quelques actualisent le nom plus que les articles indéfinis, mais à un

degré moindre que les articles définis. Dans Un livre, l’article défini un indique simplement qu’une

entité (un livre) existe (Il en est de même pour du pain où du suggère l’existence partielle de pain).

Dans Quelque livre, l’adjectif quelque signale cette existence mais suggère en plus un certain

caractère qui lui appartient, malgré son opacité, ce qui rend l’entité plus « notoire » que l’article

indéfini. Dans Quelques livres, on constate le même phénomène, sauf que ce qui est suggéré en

plus porte non pas sur le caractère de l’entité mais sur sa quantité. Tout cela justifie la place de

quelque et quelques dans le schéma. Une propriété ou une caractéristique de l’entité relevée à

l’emploi de quel exclamatif qui manifeste une appréciation qualitative de la part du locuteur (dans

quel livre! par exemple) accentue l’existence d’une entité, d’où la place de l’adjectif exclamatif au

même niveau que l’adjectif indéfini quelque.

L’aspect quantitatif de l’entité s’obtient plus avec cinq ou six qu’avec quelques (J’ai vu

quelques livres / j’ai vu cinq (ou six) livres), ce qui permet de situer l’adjectif cardinal à un niveau

plus élevé que celui de l’adjectif indéfini. Mais ne pouvant pas rivaliser avec les ordinaux en

notoriété, ils doivent se ranger avant ceux-là (Il m’a donné cinq livres / Il m’a donné le cinquième

livre). Cependant, les ordinaux doivent se ranger avant l’article défini, vu que, de caractère

dépendant, ils ne peuvent pas fonctionner seuls, et doivent s’associer à l’article défini ou à un autre

déterminant, qui, à lui seul, peut très bien remplir la tâche d’actualisateur. On a effectivement

passez-moi le premier livre ou passez-moi le livre, et non passez-moi premier livre.

Les adjectifs possessifs non seulement présentent l’entité comme connue, mais marquent

aussi leur côté d’appartenance, attribuant à l’entité plus de notoriété que les articles définis. Mais

ces adjectifs doivent se placer avant les démonstratifs car rien n’actualise une entité mieux que

l’acte de démontrer.

Vu son objectif de recherche, notre travail se limite à la détermination par article, laissant les

autres types de déterminants pour d’autres opportunités de discussion.

1.3 Détermination par article

L’article précise les degrés d’existence d’une entité dans la connaissance ou la conscience du

locuteur et non dans le monde matériel comme le pensent certains. Et cette existence est le résultat

d’une opération d’actualisation de l’entité effectuée en son esprit. Or, comme nous l’avons montré

ci-dessus, l’actualisation d’une entité est question d’un processus compliqué puisque conçue

comme un continuum de sens. Qui plus est, les propos de l’homme n’obéissent pas à une pensée

canonique, et il arrive parfois au locuteur de ne pas se prononcer pour son compte mais pour celui

de son interlocuteur. C’est ce que nous montrent les deux extraits suivants (cf. Annexes) dont nous

mettons en gras certaines expressions susceptibles d’attirer notre attention :

Ce dimanche soir, le « pousseur » de la gare de Lyon a été mis en examen pour « homicide

volontaire ». Cet homme de 28 ans a reconnu, samedi soir, au cours de sa garde à vue, avoir

poussé d’un coup de pied, sur le quai de la station RER Gare de Lyon, un homme de 52 ans. [….]

Ce Sri-lankais est mort, quelques minutes plus tard sur le quai de la gare malgré l’intervention des

secours. Vendredi soir, le suspect a été interpellé à son domicile à Fontenay-sous-Bois, dans le

Val-de-Marne. [….] Dans un entretien à paraître, lundi, dans le Parisien, la mère de l’agresseur a

indiqué, avoir alerté, il y a deux semaines, les services de police, sur la « dangerosité » de son fils.

Le 23 mars dernier, cette mère de famille, demeurant Fontenay-sous-Bois, avait alerté la police,

pour indiquer que sons fils « était en grand état d’agitation »

« J’avais tiré le signal d’alarme. Je sentais que mon fils pouvait commettre l’irréparable à chaque

instant » explique cette maman.

Une mère qui ajoute : « Ils sont venus avec les pompiers, raconte-t-elle. Quand ils étaient là, mon

fils m’a craché dessus. Mais ils ne l’ont pas emmené. On aurait pu anticiper ce qui s’est passé. Si

seulement on m’avait écouté, ce ne serait pas arrivé ». […..]. Ce dimanche, cette mère, dont un

autre fils s’est suicidé. Il y a plusieurs années, se dit anéantie par ce drame. (Le Post.fr, 4 avril

2010).

Grigori Perelman, un Russe de 44 ans a décliné la récompense de l’Institut Clay des

Mathématiques pour avoir résolu la conjecture de Poincaré. Depuis quatre ans, il vit reclus dans

son petit appartement vétuste de Saint-Pétersbourg.

e avoir résolu l’un des problèmes mathématiques les plus difficiles posés au 20P

P siècle, a fait savoir

Les chiffres, oui, mais pas sur des billets verts. Le Russe Grigori Perelman, rendu célèbre pour

lundi qu’il refusait d’aller chercher le « Prix du Millénaire » que lui a décerné la semaine

dernière l’Institut Clay des Mathématiques – un prix qui l’aurait pourtant récompensé d’un

million de dollars(750.000 euros). C’est la seconde fois que ce brillant mathématicien, réputé pour

être un homme discret, ne vient pas chercher un prix qui lui a été décerné. [….]. (Le Figaro.fr, 24

mars 2010)

Contrairement à l’emploi général des articles défini et indéfini dans les exemples du genre de

« Je vois un jardin. Dans le jardin, il y a un arbre. Au pied de l’arbre, il y a un banc. Sur le banc,

une fillette. », dans le premier passage ci-dessus, l’article défini une de Une mère qui ajoute est

d’un emploi peu habituel. En effet, une présente mère comme non connue après que ce personnage

est bien identifié au début. Cet article s’y trouve cependant à bon escient étant donné que l’auteur

tient à la valeur emphatique de son emploi. « Une mère qui ajoute » est pris dans le sens de « Une

mère d’un tel courage qui ajoute ».

La même remarque est soulevée pour le second passage : on passe de « le prix du

Millénaire que lui a décerné l’Institut Clay des Mathématiques» à « un prix qui l’aurait pourtant

récompensé d’un million de dollars ». L’entité « prix » s’est annoncée comme bien identifiée pour

se présenter ensuite comme non connue, à l’opposé de la démarche ordinaire de la détermination

nominale. Ce qui est inconnu dans « un prix » revient au Russe Grigori Perelman, pas à l’auteur du

passage. Ne s’intéressant aucunement à la récompense en question, ce mathématicien ignore ce

prix effectivement. L’auteur s’est ainsi mis dans la peau du Russe pour découvrir avec lui

« un prix » qu’en fait il connaît déjà. Cette métamorphose nous approche de la thèse avancée par

Georges Kléber (2006) travaillant sur l’emploi des adjectifs démonstratifs, selon laquelle dans

l’emploi du démonstratif – marqueur de centre déictique – il est à marquer un changement de

point de vue : de celui du narrateur on passe à celui du personnage auteur de la perception en

question. (Kléber, p.18). Toujours selon Kléber, on comprend la raison « stylistique » d’un tel

changement de point de vue : le lecteur est amené à empathiser avec le personnage, à voir les

choses de la manière dont les voit le personnage (Kléber, p. 19).

Actualisateur du nom, l’article s’emploie si différemment d’un cas à l’autre, d’où sa grande

complexité à prendre en compte si l’on tient à maîtriser son usage.

1.4 Lacunes chez les étudiants

Non moins que l’étude de la temporalité du français, celle des articles constitue une grande

difficulté à laquelle sont confrontés les apprenants vietnamiens d’année en année.

En effet, nos étudiants, dans le choix des articles pour leur devoir ne tenant pas compte des

facteurs situationnels, des raisons communément admises par la communauté ni ne faisant appel à

leurs dispositions psychologiques finissent par utiliser l’article défini là où est demandé l’article

indéfini et inversement, et cela sans parler de leur emploi problématique de l’article partitif. La

conséquence en est que d’une part le message de leur interlocuteur leur semble insaisissable et que

d’autre part, ils n’arrivent pas à se faire comprendre par leur propos.

La non maîtrise chez nos étudiants des valeurs des articles nous donnant tant de matières à

réflexion, nous essayons d’en trouver la raison en vue d’une approche d’enseignement plus

efficace des valeurs d’emploi de ce fameux déterminant.

1.5 Hypothèses

Il n’y a pas que nos étudiants qui échouent dans leurs études des articles, nous-mêmes, nous

ne trouvons pas toujours aisément des explications pertinentes pour le problème dont il s’agit,

réussissant tant bien que mal l’enseignement de ce déterminant.

Consciente de nos connaissances encore lacunaires en matière des articles, pour l’élaboration

de nos cours à donner en classe nous nous sommes appuyée sur des ouvrages linguistiques ainsi

que sur des manuels de grammaire du français. Différents les uns des autres en matière de

formulation et de terminologie, ces documents linguistiques consultés se croisent dans la typologie

des valeurs d’emploi du déterminant, comme nous le montrent les extraits suivants de certains

ouvrages pris à titre d’exemple :

- L’article défini, sert à référer à une entité identifiable à partir du seul contenu descriptif du

reste du GN. […] Autrement dit, l’article défini présuppose l’existence et l’unicité : il n’y a pas

d’autre(s) référents(s) accessible(s) qui vérifie(nt) la description de la réalité désignée par le GN.

La référence ainsi établie peut être spécifique, c'est-à-dire concerner un ou des individus

particuliers, ou génériques, c'est-à-dire concerner l’ensemble d’une classe ou d’une sous-classe

d’individus. (Martin Riegel et al, 1999, p.154)

- En emploi spécifique, l’article indéfini extrait de la classe dénotée par le nom et son

expansion un élément particulier qui est uniquement identifié par cette appartenance et qui n’a fait

l’objet d’aucun repérage référentiel. […] Les emplois génériques de l’article indéfini singulier

s’expliquent par le fait que l’élément quelconque auquel renvoie le GN introduit par un est alors

considéré comme un exemplaire représentatif (« typique ») de toute sa classe. (Martin Riegel et al,

1999, pp.159- 160)

- L’article défini s’emploie devant le nom qui désigne un être ou une chose connus du

locuteur et de l’interlocuteur. L’article défini singulier peut aussi s’employer quand on envisage

une espèce, une catégorie et non seulement un individu. […]. L’article indéfini s’emploie devant

un nom désignant un être ou une chose (ou des êtres et des choses) dont il n’a pas encore été

question, qui ne sont pas présentés comme connus, comme identifiés. Au singulier, il peut avoir

aussi une valeur générale. (André Gosse, 2000, pp 865- 868)

- L’article défini est utilisé quand le nom est déterminé :

+ par une proposition relative […]

+ par un complément de nom […]

+ par la situation de communication […]

Il est utilisé pour exprimer la mesure. […] Il est utilisé à la place de l’adjectif possessif, devant les

noms indiquant les parties du corps.

(Michèle Boulares et al, 1997, p.6)

- L’article indéfini peut marquer l’appartenance à une espèce […]. Il désigne une personne,

un objet réels mais que le locuteur (celui qui parle) introduit, présente pour la première fois à

l’interlocuteur (celui à qui on parle) […]. Valeur « particularisante » de l’article indéfini : Le nom

est souvent accompagné d’un adjectif, d’une expression à valeur d’adjectif, d’une relative qui a la

valeur d’un adjectif […] Valeur emphatique de l’article indéfini : À la valeur de réalité s’ajoute

une valeur de qualité ou une valeur de quantité […] (Sylvie Poisson-Quinton et al, 2002, p.38)

L’approche typologique adoptée communément dans les ouvrages dont sont présentés les

extraits ci-dessus nous est utile dans la mesure où elle nous amène aux instructions de base sur

l’utilisation des articles mais elle est loin de nous donner une solution pertinente pour les emplois

incorrects chez nos apprenants de ce déterminant. Nos étudiants persistent effectivement dans leur

usage problématique de « un, une, des » et de « le, la les », malgré nos efforts de puiser dans ces

documents précités tout ce qui est nécessaire pour le cours dispensé.

Nous nous sommes donc référées au travail de recherche de nos collègues, lequel porte sur

l’emploi des articles. Nous avons eu accès à deux mémoires dont l’un s’intitule Erreurs d’emploi

des déterminants chez un groupe d’étudiants vietnamiens (Lý Thị Thu Thuỷ, 1987) et l’autre

Réflexions sur les erreurs dans l’emploi de l’article indéfini et l’article défini chez les enfants

vietnamiens (Đoàn Trịnh Thị Nam Phương, 1997). Ces deux études nous aident à mieux identifier

et typologiser les types d’erreurs d’emploi des articles chez les étudiants et les élèves vietnamiens

sans pour autant nous mener vers une théorisation innovante sur les valeurs d’emploi de ces

déterminants.

Nous faisons alors l’hypothèse que l’étude des articles ne gagnerait pas à être menée suivant

l’approche typologique de ses valeurs d’emploi, que l’investigation doit s’élargir au champ

d’actualisation et ce, dans l’objectif d’aider les apprenants à réduire le mieux possible leurs

emplois erronés des articles dans leur production orale comme écrite.

Comme nous l’avons dit, le nom, pris comme le plus grand véhicule langagier des entités est

presque omniprésent dans toute production langagière. Invite ainsi à une observation attentive la

détermination du nom au moyen des déterminants, en l’occurrence les articles. Or, la

détermination nominale consistant en l’actualisation des entités n’est pas question de tel ou tel

élément isolé, mais de tout un processus. Étudier les articles, c’est d’étudier donc la façon dont la

prise de conscience d’une entité va d’un degré à l’autre, du moins accentué au plus accentué, dans

un continuum de sens.

Une exploration plus profonde dans le sens de l’actualisation est susceptible de nous

conduire à une solution susceptible de résoudre le problème posé. Nous allons donc travailler, dans

le chapitre suivant sur l’actualisation nominale au moyen des articles.

Chapitre 2 : PROBLÈME DE L’ACTUALISATION

2.1 Observations générales

L’actualisation est un phénomène psychologique qui se trouve à l’origine de l’emploi de

l’article, quelle que soit la nature de ce dernier. En linguistique, elle ne renvoie pas aux conditions

de naissance d’une entité du monde (ce qui est l’objet d’étude des sciences de la nature), mais à la

manière dont on perçoit l’entité et dont on la rend présente dans son discours par l’emploi de

l’article. Le problème de l’article, en fait, n’a jamais manqué l’attention des linguistes, et les

principaux facteurs qui incitent le locuteur à telle ou telle forme de ce déterminant ont été mis en

lumière. Mais, pour un regard plus approfondi sur le problème, il nous semble nécessaire de

pousser son examen plus loin que les idées reçues jusqu’ici. Regarder l’article du point de vue de

l’actualisation signifie se mettre dans la peau de celui qui parle pour déterminer pour quelle raison

un article est mis en application, et si effectivement sa forme correspond à la valeur qu’on lui

attribue. Cela signifie que toute considération structurale ou distributionnelle concernant le

fonctionnement de ce déterminant doit être écartée pour laisser la place à une interprétation

« classique », c’est-à-dire très mentale et contextuelle. Cette démarche ne va pas à l’encontre des

conceptions de base connues jusqu’aujourd’hui, mais au contraire elle cherche à les compléter par

les éclaircissements qui sont indispensables pour ce genre de problème mais qui font encore défaut

çà et là dans la littérature linguistique. On verra, par exemple, que l’article « indéfini » n’indique

pas toujours une entité « inconnue », comme on le prétend souvent J’ai un cousin qui travaille

chez Peugeot et qu’inversement l’article « défini » n’introduit pas toujours une notion connue

Ecoute. Le rockabilly, c’est quoi ?

Sous l’angle de l’actualisation, on sera également en mesure d’expliquer pourquoi chez le

même locuteur, et dans la même chaîne parlée, l’article peut avoir un parcours alternatif indéfini –

défini – indéfini, et pourquoi une entité indéfinie peut être introduite d’emblée comme définie, ou

l’inverse….

J’ai un dictionnaire pas comme les autres. Voici le dictionnaire. Mais c’est un dictionnaire

qui ne profitera qu’à celui qui saura l’utiliser.

Le tueur en série a commis encore un crime (au début d’un roman policier par exemple).

Après une semaine, j’ai trouvé un Paul complètement différent de celui que nous connaissons

depuis 10 ans.

Même si dans le cadre de ce mémoire, nous ne sommes pas en mesure de dresser une

typologie exhaustive des emplois de l’article, avec leurs conditions d’usage, la démarche que nous

proposons ici doit montrer à quel point le problème de l’article est lié à la manière dont le locuteur

voit les choses, et à quel point il est conditionné par l’intention de ce dernier.

2.2 Définition linguistique de l’actualisation

- Dans Larousse de la langue française – Lexis, l’actualisation est considérée comme une

opération par laquelle un mot, signe général de la langue est chargé d’exprimer dans la phrase une

représentation particulière (Larousse, 1979, p.25).

- Sur Wikipédia, l’actualisation est décrite comme une opération permettant au nom de

remplir sa fonction référentielle et du fait, l’actualisation permet au destinataire d’identifier la

chose dont on parle (cette chose est ainsi appelée référent).

- Selon Riegel et al, l’actualisation s’opère au moyen des morphèmes grammaticaux et cela

pour la représentation des choses véhiculées par des morphèmes lexicaux .Plus précisément, les

déterminants actualisent le nom dans le passage de sa valeur dénominative générale à d’autres

valeurs discursives particulières (Riegel et al, 1994, p.563), comme nous le montre cet exemple

suivant :

Livre → Un / le / ce/ son / cinq / plusieurs / quelques livre (s)

- Les linguistes adeptes de la théorie de Gustave Guillaume parlent encore de l’actualisation

du procès, laquelle comprend trois stades : le stade quasi virtuel (infinitif et participe), le stade

intermédiaire (subjonctif) et le stade de l’actualisation (indicatif) (Riegel et al, 1994, p.288).

2.3 Actualisation conçue dans notre thèse

L’actualisation dont il s’agit dans notre travail ne s’écarte pas trop des définitions en la

matière ci-dessus, à ceci près que dans notre point de vue, l’actualisation est un processus par lequel

un objet ou une entité encore “flou” à son apparition devient plus “claire”, plus “notoire” au fil de sa

prise de forme.

Faisant partie du processus cognitif, l’actualisation trace les différentes étapes de la conscience

humaine à l’égard d’une entité. Ce phénomène se reconnait dans certaines catégories conceptuelles

et linguistiques.

2.3.1 Démonstration par la conception humaine à l’égard de la réal ité

Vivant sur Terre, quiconque ne prend pas conscience de la loi d’existence humaine qui se

traduit par notre conception bien imprégnée du bouddhisme : Sinh, Lão, Bệnh, Tử (naissance,

vieillesse, maladie, mort) et Thành, Trụ, Dị, Diệt (prise de forme, existence, changement,

destruction) ? En effet, après sa naissance, on grandit, vit sa vie, parvient à la maturité puis vieillit

pour finalement mourir. Son parcours peut se résumer en ces mots rangés suivant l’ordre allant de

gauche à droite : néant, naissance, existence, mort ou naitre, grandir, vivre, vieillir, mourir.

Il n’y a pas que l’existence humaine qui se déroule suivant son trajectoire échelonné. Toutes réalités

quotidiennes s’effectuent de même, ayant chacune son propre parcours chronologique : une séance

d’étude commence à 7h30, s’étend sur 4 heures puis prend fin à 11h30, un devoir de composition

commence par son introduction pour arriver à sa conclusion en passant par son développement, un

fruit ne prend forme qu’à partir de la pollinisation de sa fleur qui, vient elle-même d’un bouton, un

feuillage s’obtient à partir des feuilles dont chacun nait de son bourgeon

Les expressions commencer, s’étendre, prendre fin ou introduction, développement, conclusion ou

bouton, fleur, fruit ou bourgeon, feuille, feuillage d’une part traduisent la prise de conscience chez

l’homme du processus d’existence de la réalité qui l’entoure, d’autre part elles montrent que

l’homme se rend compte en même temps des différents degrés d’existence d’une entité.

2.3.2 Démonstration linguistique

2.3.2.1 Actualisation du procès

Le mode verbal traduit les manières de concevoir un procès, autrement dit, tout procès

actualisé au moyen des modes verbaux dispose des degrés d’existence différents. Allant de

l’infinitif à l’indicatif en passant par le subjonctif, l’impératif, le conditionnel, et le participe,

l’actualisation modale passe du degré minimal au degré maximal comme suit

+ Infinitif :

Le procès actualisé au moyen de l’infinitif – mode dont la forme ne marque ni le temps, ni la

personne, ni le nombre (Riegel, 1994, p.333) - est regardé comme le moins « mouvant ». Qu’il soit

dans ses fonctions de prédicat ou de nom, l’infinitif ne fait que représenter l’idée du

procès (Riegel, 1994, p.333)

Ex : Rouler au pas.

Défense de fumer.

Aller chez le médecin à 15h, faire des courses à 17h.

+ Subjonctif :

Actualisé au subjonctif, le procès s’avère un peu plus « mouvant » puisqu’envisagé dans

l’esprit du locuteur. Indiquant que le locuteur ne s’engage pas sur la réalité du fait (Gosse, 2000,

p.1119), le subjonctif présente le procès dans sa virtualité.

Ex : Qu’il aille chez le médecin à 15h !

+ Impératif :

L’actualisation par l’impératif décrit le procès comme étant un ordre, une demande, une

exhortation. Le procès présenté à l’impératif s’avère plus « concrétisé » que celui actualisé au

subjonctif en ce sens que si le second s’arrête au niveau virtuel, le premier parvient à la forme

directive d’un ordre, d’une demande (Riegel, 1994, p. 287) bien que sa réalisation ne puisse avoir

lieu qu’à partir du moment de l’énonciation.

Ex : Va chez le médecin à 15h.

+ Conditionnel :

L’actualisation au moyen du conditionnel situe le procès dans l’éventualité de la réalisation.

Perçu comme éventuel, le procès est censé être plus près du monde réel et se trouve ainsi à un degré

d’existence dit proche de la maximale.

Ex : Il irait chez le médecin à 15h.

+ Participe :

Comme l’infinitif, le participe est un mode impersonnel. Ce mode s’emploie toujours en

dépendance de l’indicatif, ce qui lui fait acquérir le degré d’actualisation équivalant à celui de

l’indicatif

Ex : Se sentant fatigué, il est allé chez son médecin.

+ Indicatif :

Indicatif offre au procès le degré d’existence le plus élevé, voire maximal puisqu’il le

présente comme réalisé, indiqué, asserté, ou en un mot, dans sa réalité. Selon les auteurs de

Grammaire méthodique du français, c’est le seul mode personnel et temporel qui situe le procès

dans l’une des 3 époques : passé, présent, et avenir et qui pour cette raison se considère comme le

mode de l’actualisation du procès (Riegel et al, 1994, p. 297)

Ex : Il va chez le médecin à 15h.

2.3.2.2 Actualisation de la qualité et de la manière

Une qualité, une propriété, un état, une manière connaissent aussi différents degrés

d’existence. Leur actualisation s’effectue ainsi du degré minimal au degré maximal comme nous le

voyons ci-après :

- Décrivant certaines couleurs, on peut avoir blanchâtre, blanc, blanc immaculé ou

bleuâtre, bleu, bleu ciel, bleu foncé ou rougeâtre, rouge, rouge vif.

- Une intensité peut être qualifiée de faible, de moyenne et d’élevée.

- Quelqu’un peut parler lentement, assez vite, vite ou très vite.

Selon diverses opinions, la valeur d’emploi des articles est moins compliquée, aussi

compliquée ou plus compliquée que celles des adjectifs indéfinis.

2.3.2.3 Actualisation de l’entité

Toute entité apparaît dans la conception humaine suivant différentes étapes de la conscience,

et en fonction de diverses dispositions psychologiques. Son existence va alors du plus neutre au plus

accentué. Elle est dite actualisée et son actualisation relève d’un processus pris pour un continuum

de sens, comme nous l’avons expliqué dans la partie de la sphère nominale.

L’actualisation de l’entité - laquelle est dénotée par le nom – se réalise au moyen des

déterminants. A chaque catégorie de déterminant correspond un degré d’actualisation. Il en résulte

que le nom est présenté comme peu connu ou bien connu selon que son déterminant se situe au

degré le moins actuel ou le plus actuel.

En nous appuyant sur la thèse des degrés de conscience que l’on a de l’entité (cf 1.2), nous

présentons ci-après la fonction référentielle du nom rendue par l’actualisation au moyen de

différents déterminants :

1. Quel livre veux-tu ?

2. Il y a un livre là-bas.

3. Il m’a trouvé quelque livre – Il m’a trouvé quelques livres – Quel livre il m’a trouvé !

4. Il m’a trouvé cinq livres.

5. Il m’a trouvé le cinquième livre.

6. Cherchons vite le livre.

7. Il prend mon livre.

8. Tu veux ce livre ?

Si le référent exprimé par « livre » s’avère flou dans la première phrase, il se révèle de plus en plus

marqué au fil des énoncés.

Nous avons ainsi montré qu’une notion va du zéro à son extension maximale et que ce

processus trace les différents degrés d’existence d’un objet dans l’esprit humain. Dans le cadre de

notre mémoire et vu notre objectif de recherche, nous focalisons notre travail sur l’actualisation de

l’entité au moyen des articles.

Sous l’optique de l’actualisation, l’article est pris comme produit de la perception humaine à

l’égard d’une réalité. Notre investigation doit alors s’étendre au domaine de la cognition pour

définir les degrés d’existence de l’entité au sein de l’esprit du locuteur et de là pour donner raison à

l’usage contextuel et discursif des articles. Partisan de l’approche dite mentale, nous tenons à

trouver la raison d’être d’un article produit, nous plaçant en amont de la production et ce, comme un

complément pour l’approche typologique adoptée par la plupart des linguistes qui travaillent à la

valeur sémantique d’un article employé et placés en aval de l’emploi.

Précisément, à l’emploi des articles dans les phrases suivantes de Wilmet (Wilmet, 1998, p.119) :

1. Un patient attend le Dr Knock

2. Le patient du Dr Knock pénètre dans le cabinet de consultation.

3. Un homme bien portant est un malade qui s’ignore (Jules Romains, cité par Wilmet).

4. L’homme que n’effraie pas la mort ne cède pas au charlatanisme

l’auteur a penché pour la typologie sémantique en précisant que les articles conviennent à

l’expression d’extensités extrêmes (exemples 1 et 2 : extensité minimale = 1 de patient, exemples 3

et 4 : extensité maximale = t de homme). Sachons que la notion d’extensité est conçue par l’auteur

comme suit : l’extensité d’un substantif ou d’un syntagme nominal désigne la quantité d’êtres ou

d’objets auxquels ce substantif ou ce syntagme nominal sont appliqués. (Wilmet, 1986, p.47).

Quant à nous, partageant la réflexion de Bonnard selon laquelle, la fonction commune de tous

les articles est de marquer le sens actuel du nom (Bonnard, 1981, cité par Wilmet, 1998, p.120),

mais n’empruntant pas la piste sémantique nous essayons de montrer, dans notre théorisation, de

quelles formes d’actualisation sont produits les articles dans les énoncés ci-dessus. Autrement dit, si

Bonnard entend par sens actuel du nom variable du signifié nominal pouvant aller de zéro à l’infini

(Bonnard, 1981, cité par Wilmet, 1998, p.120), nous tentons, pour comprendre l’origine de l’emploi

des articles, de trouver la voie par laquelle le référent – exprimé par le nom – s’actualise dans

l’esprit du locuteur.

Quelles sont les formes d’actualisation dont il s’agit ? Et quelle sont les voies d’apparition

d’un référent ? Nous trouvons la réponse dans la partie qui suit.

2.4 Typologie de l’actualisation

Nous avons eu l’occasion de présenter au § 1.2 le continuum de l’actualisation par

déterminants. Ce continuum a pour but de montrer comment une entité apparaît dans ses différents

degrés de clarté, et donc pourquoi la détermination nominale possède une telle variété de formes.

Mais dans l’activité langagière du quotidien il n’y a aucune raison pour que le fonctionnement du

déterminant suive l’ordre de ce continuum. Précisément, on n’est nullement obligé de partir du

degré zéro pour arriver après au degré maximal de l’actualisation. En plus, le phénomène

d’actualisation a des caractéristiques d’ordre énonciatif que le schéma du continuum ne peut pas

refléter, en particulier pour ce qui concerne la distinction entre locuteur et interlocuteur, les actants

qui ne figurent pas sur l’axe de l’actualisation. Compte tenu de ces caractéristiques, nous proposons

la typologie suivante :

Actualisation

endocentrique exocentrique

Act.introductrice: Act.évocatrice : Act.stylistique :

- Introduction première - Evocation situationnelle - Alternative

- Introduction itérative - Evocation généralisante - Implication

- Introduction généralisante

2.4.1 Différence entre l’actualisation endocentrique et l’actualisation

exocentrique

La première dichotomie de ce schéma met en distinction deux grands types d’actualisation :

endocentrique et exocentrique. Cette dichotomie s’impose par le fait que l’actualisation ne se fait

pas toujours pour le même compte : le premier de ces deux types se réalise pour la cognition de

celui qui parle, alors que le second se réalise pour la cognition de son interlocuteur. Il faut

reconnaître que, depuis toujours, la théorie énonciative avance au premier plan ces deux actants

comme ses principaux piliers autour desquels doit se construire sa théorie. Aujourd’hui personne

n’ignore le fameux couple locuteur – interlocuteur, cher à la réflexion énonciative. Mais

reconnaissons aussi qu’en matière d’article, cette distinction n’a jamais imposé sa valeur. On n’a

jamais soulevé la question « Auquel de ces deux actants appartient la valeur définie ou indéfinie

d’un article ? », question qui peut paraître rudimentaire mais qui en fait ne l’est pas. En effet, dans

les échanges quotidiens, oraux ou écrits, le fait que nous « actualisons » une entité pour le compte

d’autrui est un phénomène fréquent, même beaucoup fréquent que le cas où nous le faisons pour

notre propre cognition. A observer de près, on peut même affirmer que la majorité des emplois de

l’article indéfini appartiennent à ce type d’actualisation exocentrique, car, une narration ne peut se

faire qu’après coup, et que, conditionnés par une loi psychologique, nous menons toujours notre

récit en « ménageant » la cognition de celui qui nous écoute, pas notre propre processus de la

découverte du monde. C’est pour cette raison que la phrase J’ai un cousin qui travaille chez

Peugeot doit être analysée comme présentant l’indéfini cousin à celui qui reçoit cette phrase, pas à

celui qui la produit, et l’explication de l’article indéfini doit être fournie de la part du récepteur, au

lieu de venir de la part du locuteur. On dit un cousin pour la raison que ce cousin est inconnu à la

personne qui reçoit l’énoncé, non pas à celle qui le donne.

Mais ce phénomène doit nous sensibiliser à un autre aspect du problème : distinction entre

narrateur et personnage chez une même personne, celle qui parle. Quand quelqu’un dit, par

exemple, J’ai rencontré ce matin une personne très intéressante, en tant que personnage, le

sujet je doit regarder une personne comme indéfinie, mais en tant qu’auteur de cet énoncé il est

censé le connaître, au moment d’énonciation de ce « petit récit », d’où le caractère exocentrique de

l’article indéfini une, comme dans le cas que nous avons examiné ci-dessus. Ainsi, et pour une

conclusion partielle, on peut dire que l’actualisation exocentrique se produit non seulement dans le

rapport locuteur - interlocuteur, mais aussi dans le rapport auteur - personnage chez une même

personne quand celle-ci produit de la narration.

La distinction entre actualisation endocentrique et actualisation exocentrique n’affecte

pourtant pas celle des autres formes de l’article du français. Une fois que nous quittons le niveau

énonciatif pour examiner le niveau textuel, l’énonciateur disparaît, laissant toute considération

linguistique au seul compte du personnage, celui qui joue le rôle du sujet grammatical. Qu’il soit de

caractère endocentrique ou exocentrique, le récit encadré par l’énoncé constitue alors le seul objet

d’étude de l’actualisation. C’est pour cette raison que chacune des deux branches de la grande

dichotomie peut avoir toutes les trois catégories d’actualisation qui restent en français :

introductrice, évocatrice et stylistique, avec leurs sous-catégories respectives.

2.4.2 Introduction première

Nous appelons introductrice l’actualisation qui présente une entité comme nouvelle, comme

apparaissant pour la première fois dans le récit, et c’est le cas d’emploi qui exige l’article indéfini.

Suivant ce point de vue, les phrases qui suivent doivent donner une introduction première :

Mon frère a une nouvelle moto.

Elle a envoyé un mail.

Je vois des policiers devant sa maison.

A la différence de la conception traditionnelle, on peut considérer l’article partitif comme une sorte

d’actualisation introductrice, précisément une introduction première, mais celle qui se réalise pour

les matières non comptables. Logiquement l’usage d’une matière « continue » n’est que partiel, ce

qui fait que leur première actualisation ne peut pas échapper à ce caractère, d’où l’article partitif.

On lui a donné du pain.

Il reste encore de la viande dans le frigo.

Les qualités humaines se trouvent aussi dans ce cas.

Dans une telle situation, il faut avoir de la patience.

A la surprise de tout le monde, il a montré du courage.

Par métaphore, un nom propre peut désigner l’ensemble des œuvres d’un compositeur, d’un peintre

ou d’un sculpteur… Une actualisation partielle de ces œuvres est alors rendue par l’article partitif

pour désigner une ou quelques unes de ces œuvres, un emploi qui se rencontre surtout dans le

domaine artistique.

Dans le programme de ce soir, il y a du Mozart, du Vivaldi et du Brahm.

Dans ce musée, on peut voir du Monet, du Cézanne et du Sisley.

2.4.3 Introduction itérative

Mais, l’apparition de l’actualisation première ne signifie pas qu’elle doive être suivie

automatiquement de l’article défini. Puisqu’un objet est toujours multiple par ses différents aspects,

on peut le présenter avec chaque fois une autre propriété, comme s’il s’agissait de plusieurs objets,

ce qui doit conduire à une itération de l’article indéfini. Il est à remarquer que l’objet apparaît alors

sous plusieurs noms.

Mon frère a une nouvelle moto. C’est une Harley-Davidson. Et c’est un cadeau de mes

parents pour son anniversaire.

Il a une résidence secondaire au bord de la mer. C’est une belle villa. Mais c’est un endroit

où il se retire une seule fois par an, au mois de juillet.

On peut constater le même phénomène avec les noms non-comptables.

J’ai du fromage. Et c’est du camembert.

Pour la première fois, elle a bu du vin. Et c’était du bordeaux.

De caractère indéfini, l’actualisation introductrice pour les noms non-comptables permet le passage

naturel à l’actualisation évocatrice, comme dans le cas d’un nom comptable.

On lui a donné du pain. Mais il n’a pas mangé tout le pain qu’on lui a donné.

Il restait de la viande dans le frigo. Et elle a pris toute la viande qui restait pour le dîner.

2.4.4 Introduction généralisante

On peut présenter une entité comme inconnue, mais capable de représenter toute la catégorie

d’objets ou de personnes à laquelle elle appartient. On dit qu’elle a la valeur généralisante. L’entité

peut être interprétée alors comme toute personne qui… ou tout objet qui…

Un policier ne doit pas agir comme ça.

Ce n’est pas le comportement d’un policier.

Une maison doit avoir ses fenêtres.

Ce n’est pas la structure d’une maison.

Il est important de noter que seul le déterminant n’est pas capable de créer la valeur généralisante et

que le contexte linguistique qui l’entoure y est pour beaucoup. Ce contexte doit précisément offrir

un ton « sentencieux », en parlant d’un fait général, avec la plupart du temps le présent pour le

verbe, comme nous pouvons l’observer dans les exemples donnés ci-dessus. En vue d’une

généralisation, on ne dira pas, par exemple :

Un policier n’a pas agi comme ça.

Une maison devait avoir ses fenêtres.

2.4.5 Evocation situationnelle

L’actualisation est évocatrice lorsque l’existence d’une entité est connue, et qu’on ne fait que

l’évoquer pour la rendre présente dans le discours, que l’on ait passé par la phase de sa cognition ou

non. Contrairement à l’acte de présenter une entité, celui d’évoquer est le retour à une notion

connue déjà répertoriée et classée dans le savoir d’une personne. La plupart des cas d’emploi de

l’article défini relèvent de ce type de retour. Ce qui caractérise cet usage est le fait qu’il est

étroitement lié à un contexte donné, soit situationnel, soit linguistique, soit culturel. Précisément,

une situation de communication, un environnement textuel, ou encore le trésor culturel de

l’humanité, constituent une sorte de situation qui fournit quelque part dans son cadre, et

préalablement, l’indice de l’existence d’une entité, ce qui permet au locuteur d’y puiser afin de

l’évoquer. (Du point de vue terminologique, et dans le cadre de notre problème, le terme

d’actualisation pourrait très bien être remplacé par celui d’évocation, car il s’agit ici, à proprement

parler, d’évoquer une entité déjà actualisée précédemment).

Peux-tu me passer le sel ? (qui est sur la table, sous tes yeux)

Un jour on lui a fait cadeau d’une guitare, et la guitare l’a accompagné toute sa vie.

Jacques est un spécialiste de la période précolombienne.

Vue de l’espace, la Terre est bleue.

La Méditerranée est ensoleillée toute l’année.

L’aspirine possède beaucoup de vertus.

2.4.6 Evocation généralisante

Mieux que l’article indéfini, l’article défini peut remplir la fonction de généralisation, et sa

valeur généralisante ne semble pas la même que celle offerte par la forme indéfinie. Ne prenant pas

une seule unité pour lui faire représenter toute une catégorie, l’article défini « totalise » une

catégorie entière comme objet unique dans son genre. L’actualisation est alors non pas d’ordre

représentatif, mais d’ordre catégoriel, dans une vision abstraite devant les choses de la vie

Le livre est l’ami de l’homme.

Le saxophone est un instrument très expressif.

Pour beaucoup de familles, le dîner est un moment sacré.

Il est à remarquer que les objets du monde n’ont pas la même chance de s’actualiser pour

présenter leur classe. Si l’on peut dire Le livre est l’ami de l’homme.

Mais il est impossible, dans la même circonstance, de dire

*Le ventilateur est l’ami de l’homme.

*La chaussure est inséparable de l’homme.

Par contre, dans un pays tropical, on peut très bien dire Ici, le ventilateur est l’ami de l’homme.

Ou au pôle Nord du globe, on peut entendre Ici, la chaussure est inséparable de l’homme.

Comme l’article indéfini (§2.4.4), l’article défini demande un contexte approprié pour avoir

la valeur généralisante. Il doit présenter un fait général et le temps présent pour le verbe. Pour

généraliser, on ne dira pas, par exemple :

Le livre est mouillé.

Le saxophone a été parfait.

Il est à remarquer que les expressions, les proverbes, les dictons offrent un grand nombre

d’actualisations à valeur généralisante, quand le nom y figure, et que la détermination nominale y

soit indéfinie ou définie. Le locuteur ne parle plus alors d’un objet concret, mais d’un objet

symbolique, de caractère catégoriel. On peut même considérer que ce qui est actualisé, ce n’est pas

un objet, mais un acte dans son ensemble où l’objet n’est qu’une partie constituante. La preuve en

est que, pour les expressions comme ci-dessous, il est impossible de poser les questions quel verre ?

quel coup ? quelle cuisine ? quelle guerre ?…

Prendre un verre.

Boire un coup.

Lever un toast.

Faire la cuisine.

Faire la sieste.

Faire la guerre.

Mais il est à remarquer aussi que, comme partout ailleurs, le déterminant lui-même ne peut pas

s’offrir la valeur généralisante. Le contexte linguistique qui l’entoure, en particulier les verbes

polysémiques, sont pour beaucoup dans la création de cette valeur. Ainsi, le déterminant n’est plus

de caractère généralisant dans

Il m’a passé un verre.

Elle est entrée dans la cuisine.

Mon grand-père est mort dans la Seconde Guerre Mondiale.

2.4.7 Actualisation stylistique (Alternative)

La façon d’actualiser une chose ou une personne ne provient pas toujours de l’impératif du

rationnel, mais d’un souci pour un effet stylistique. Profitant du fait qu’une entité possède toujours à

la fois ses différents côtés, le locuteur peut les avancer à sa guise pour mettre l’entité en valeur, et

pour qu’on voie mieux l’objet dont il parle. Le parcours le plus usité dans ce cas serait indéfini –

défini – indéfini, ce que nous pouvons appeler alternative.

C’est un garçon d’une famille pauvre. Mais le garçon est brave. Il travaille jour et nuit pour

aider ses parents. Moi, je ne peux pas refuser d’engager une personne qui a une telle

énergie.

2.4.8 Actualisation stylistique (Implication immédiate)

Toujours avec le souci d’un effet stylistique, le narrateur peut « jeter » le lecteur dans le vif

du récit au premier abord, l’impliquant ainsi dans l’ambiance de l’histoire racontée sans aucune

actualisation préalable pour les personnages et les circonstances de l’histoire. L’actualisation, alors,

ne représente plus une simple évocation dans le sens strict du terme, mais simultanément une

introduction et une évocation. Elle est voulue plutôt qu’objective, et son interprétation doit ainsi

aller dans une perspective littéraire. Au début d’une miniature, par exemple, on peut trouver :

Le patron n’est pas content. Certains de ses employés semblent vouloir déserter. Mais ce

n’est pas nouveau, car depuis quelques mois la boîte est en situation de faillite.

Si l’on prend le terme d’actualisation dans un sens plus large, on peut remarquer que cet

emploi « brusque » de l’article défini n’actualise pas entièrement l’objet ou la personne en question.

C’est le développement narratif de l’histoire que le lecteur trouve au cours de sa lecture, qui, petit à

petit, actualise l’objet ou la personne jeté aux yeux du lecteur au premier abord. L’actualisation par

article peut ainsi se trouver en contradiction avec l’actualisation narrative.

2.4.9 Cas d’omission de l’article

L’omission de l’article est un phénomène bien connu, jamais négligé par les linguistes dans

leurs études des déterminants. Mais notre réflexion sur le phénomène d’actualisation signifie par

elle-même la façon dont on « fait vivre » une entité dans un énoncé par un moyen autre que le nom,

ce qui ne recouvre pas le cas où le nom s’actualise par son propre sémantisme, et où son emploi -

indéterminé - suffit pour évoquer une image ou notion. Cela explique pourquoi le degré « zéro » du

déterminant ne trouve pas sa place dans les propos que nous présentons ici.

Nous avons présenté dans ce chapitre notre thèse selon laquelle l’étude des articles gagnerait

à être menée dans le sens de l’actualisation et ce, pour une tentative de l’enseignement des valeurs

d’emploi de ce déterminant.

Afin de nous renforcer dans la conviction que l’approche cognitive développée ci-dessus aide

à la maîtrise chez nos apprenants de l’emploi de un, une, des et le, la, les, il nous est dispensable de

savoir où en sont nos étudiants dans leur apprentissage de ce type d’actualisateur, d’où l’étude du

terrain dans le chapitre suivant

Chapitre 3 : ÉTUDE DU TERRAIN

L’objectif étant d’avoir une certaine idée sur l’acquisition de nos étudiants en matière des

valeurs d’emploi des articles, nous avons procédé à l’étude du terrain qui comprend premièrement

celle de leur profil, facteur ayant une certaine influence sur leur usage du déterminant en question et

secondement la présentation du corpus dont le dépouillement nous apprendra le résultat du travail

des étudiants.

3.1 Profil des étudiants

- Réalisé au département de tourisme de l’Ecole des Beaux-Arts et du Tourisme de Nha

Trang, notre corpus est constitué du travail de deux groupes d’étudiants : le premier compte 40

étudiants – vrais débutants en français – en première année de guide touristique, le second regroupe

40 étudiants en troisième année de gestion en hôtellerie-restauration, lesquels ont commencé l’étude

du français en première année universitaire ; sept d’entre eux suivent encore des cours de français

au centre de langues. Les étudiants en première année sont à l’âge de 18 à 20 ans, les troisièmes

années sont de 20 à 22 ans. Et ils viennent de différentes régions telles que Khanh Hoa, Phu Yen,

Lam Dong, NinhThuan, Hue, Quang Binh.

- Comme nous l’avons présenté, au département de tourisme sont enseignées les langues

étrangères comme l’anglais, le français, le chinois, le japonais et le coréen. L’étude de telle ou telle

langue étrangère n’est pas au choix des étudiants mais elle leur est imposée par la direction générale

du département ; l’apprentissage obligatoire d’une telle langue étrangère dépend entièrement de

l’organisation du cursus. Cela dit, certains des étudiants désignés pour l’apprentissage du français se

disent contents d’étudier cette langue pour les raisons suivantes :

+ le français est intéressant

+ le français est indispensable pour leur travail professionnel

+ ils ont des parents francophones qui peuvent les aider dans leur étude du français

+ ils souhaitent communiquer en français avec leurs amis français et francophones.

- La formation professionnelle destinée à ce public s’étend sur 6 semestres (soit trois années)

dont 5 (à raison de 150 séances de 45 minutes chacune) sont consacrés à l’apprentissage du français,

première langue étrangère. Au cours de cette durée d’étude, les étudiants travaillent avec les

méthodes Initial 1(Sylvie Poisson-Quinton, Marina Sala, 2001), Initial 2 (Sylvie Poisson-Quinton,

Marina Sala, 2001), Tourisme.com (Sophie Corbeau et al., 2004), Hôtellerie-Restauration.com

(Sophie Corbeau et al., 2006),

Les quatre compétences linguistiques CO, CE, EO, EE et les acquisitions lexicales,

grammaticales de base font l’objet de l’enseignement du FLE via Initial 1 et Initial 2. Avec cette

méthode, les étudiants apprennent à se présenter, demander /donner des informations, proposer

quelque chose, refuser/accepter une invitation etc….

L’enseignement du français à l’objectif spécifique (FOS) s’effectue au moyen de

Tourisme.com (pour la classe de la section de guide touristique) et de Hôtellerie-Restauration.com

(pour la classe de gestion en hôtellerie-restauration).

Parallèlement à ces deux méthodes sont utilisés d’autres documents linguistiques complémentaires

que choisissent les enseignants en fonction du thème et de l’objectif de chaque unité des manuels de

base. Pour l’enseignement des articles, nous avons recours à La Grammaire pour tous (Bescherelle,

1990) et à Nouvelle grammaire française (Maurice Grévisse, André Goosse, 1994) vu que

l’explication des emplois de ce déterminant, dans les leçons 5, 6 et 9 de Initial 1 et 6 dans Initial 2

est trop concise, puisque limitée à la présentation formelle et superficielle. (cf. Annexe).

Après trois ans d’études à notre établissement, les étudiants peuvent trouver du travail dans le

secteur de tourisme, étant guide touristique, réceptionniste, serveur de restaurant ou maître d’hôtel

etc…

3.2 Présentation du corpus

Comme nous l’avons dit, pour la construction du corpus, nous avons travaillé avec 40

étudiants en première année et 40 en troisième année. Pour l’élaboration de l’exercice à leur donner

à faire après les cours théoriques, nous avons puisé dans Le français au présent, exercices de

grammaire (Annie Monnerie-Goarin, Marie Thérèse Bréant, 1988), Grammaire – Cours de

civilisation française de la Sorbonne – 350 exercices, niveau moyen (Yves Delatour et al., 1987),

L’Exercicier – l’expression française pour le niveau intermédiaire (Christiane Descotes-Genon et

al., 1992), Grammaire progressive du français avec 400 exercices (Michèle Boularès, Jean-Louis

Frérot, 1997)

Pour les premières années – vrais débutants – ayant travaillé sur les notions préliminaires de

l’emploi des articles définis, indéfinis, l’exercice donné est d’un degré de difficulté bien moindre.

Ce travail comprend deux parties comme suit :

UI. Complétez par un article qui convient :

C’est … petite chambre. Au milieu de … chambre, il y a … table. Sur … table, il y a …

lampe jaune. Devant … lampe, … livre bleu. Sur … livre, … enveloppe blanche. Tu ouvres …

UII Complétez les phrases suivantes par l’article qui convient :

enveloppe et tu vois … photo. C’est … photo de ton ami. Tu prends … photo et tu pleures.

1. Il y a … station de métro près d’ici, c’est … station Concorde.

2. … café m’empêche de dormir.

3. J’aime bien prendre … tasse de café après … déjeuner.

4. Martine fume … cigarettes blondes.

5. Martine n’aime que … cigarettes blondes.

6. … dimanche, nous allons souvent à … cinéma.

7. Ma fille est née … dimanche.

8. Feriez-vous lire ce livre à … enfant de 8 ans ?

Les étudiants de troisième année ayant fait l’étude plus approfondie des valeurs d’emploi des

articles définis, indéfinis et partitifs, leur exercice est d’un degré de difficulté plus élevé et

UI. Articles définis, indéfinis, ou partitifs ? Complétez les phrases avec l’article correct :

comprend trois parties comme suit :

1. Prenez 200g de beurre et 3 œufs. Mélangez … beurre et … œufs jusqu’à ce que vous

obteniez … mélange blanc et mousseux.

2. … rose est … belle fleur.

3. En ce moment, il fait … temps bizarre : le matin, il y a … soleil et l’après- midi ça se

couvre, … vent se lève et il y a … orages.

4. Tu as vraiment … courage !

- Oh, ce n’est pas … courage qui me manque, c’est … argent !

5. Il fait … ski et … escalade mais par-dessus tout il aime … randonnées.

6. Elle voulait qu’il fasse … violon mais il a préféré … piano.

7. Avez-vous lu … roman que je vous ai prêté ?

8. J’étudie deux langues : … anglais et … allemand.

9. Si vous voulez acheter … jambon et … pâté, cherchez … charcuterie.

10. Je suis allé ce matin à … charcuterie de mon quartier.

UII. Complétez par les articles qui conviennent :

J’ai acheté … vieille maison à la campagne. … toit est en mauvais état, … portes et …

fenêtres sont à refaire. Il faut changer … installation électrique. … chauffage est à mettre dans tous

… pièces. Il faut repeindre … murs. Heureusement, … planchers sont en bon état. Il n’y a pas

UIII. Dans les exemples suivants, il est parfois possible de remplacer le par un. Pouvez-vous dire dans

besoin de changer … moquette, sauf dans … chambre d’amis.

quel cas ?

1. La R5 coûte 7000 euros.

2. La R5 se vend de plus en plus.

3. Le roman policier se lit bien quand on est fatigué.

4. le roman policier a connu un bond spectaculaire.

5. L’immigré devient l’ennemi numéro 1 des mouvements de droite.

6. L’immigré a généralement beaucoup de mal à s’adapter.

7. La veste épaulée réapparaît chez beaucoup de couturiers.

8. La veste épaulée amincit la silhouette.

9. Le camembert est un fromage connu dans le monde entier.

10. Le camembert se mange avec un bon vin rouge. Pour finir un repas, il n’y a rien de

mieux !

Les exercices leur sont donnés à faire en classe. Les premières années ont fait leur travail pendant

30 minutes tandis que les troisièmes années ont accompli le leur pendant 45 minutes.

3.3 Résultat du travail des deux classes

Nous allons travailler au résultat des premières années premièrement après quoi sera examiné

celui des troisièmes années. Dans l’observation du travail des étudiants, seront pris comme erreur

les emplois de l’article défini à la place de l’indéfini et inversement, ainsi, nous ne faisons pas cas

des incorrections de genre.

3.3.1 Travail des premières années

3.3.1.1 Dans la première partie de l’exercice, il s’agit de trouver pour le texte donné 13 articles qui

conviennent. Nous choisissons de codifier les 13 solutions de 1 à 13 comme suit :

C’est (1)… petite chambre. Au milieu de (2)… chambre, il y a (3)… table. Sur (4)… table, il y a (5)

… lampe jaune. Devant (6)… lampe, (7)… livre bleu. Sur (8)… livre, (9)… enveloppe blanche. Tu

ouvres (10)… enveloppe et tu vois (11) … photo. C’est (12)… photo de ton ami. Tu prends (13)…

photo et tu pleures.

Pour chacune des 13 solutions, ci - après, nous présentons premièrement le nombre des étudiants qui

ont fait le bon choix et ensuite celui de ceux qui n’y sont pas arrivés.

(1) :

28 étudiants ont choisi une petite chambre, soit 70% de l’effectif.

12 étudiants ont choisi la petite chambre, soit 30% de l’effectif.

(2) :

35 étudiants ont choisi la chambre, soit 87,5% de l’effectif.

5 étudiants ont choisi une chambre, soit 12,5% de l’effectif.

(3) :

26 étudiants ont choisi une table, soit 65% de l’effectif.

14 étudiants ont choisi la table, soit 35% de l’effectif.

(4) :

35 étudiants ont choisi la table, soit 87,5 % de l’effectif.

5 étudiants ont choisi une table, soit 12,5% de l’effectif.

(5) :

28 étudiants ont choisi une lampe, soit 70% de l’effectif.

12 étudiants ont choisi la lampe, soit 30% de l’effectif.

(6) :

33 étudiants ont choisi la lampe soit 82,5 % de l’effectif.

7 étudiants ont choisi une lampe, soit 17,5 % de l’effectif.

(7) :

26 étudiants ont choisi un livre bleu, soit 65% de l’effectif.

14 étudiants ont choisi le livre bleu, soit 35% de l’effectif.

(8) :

32 étudiants ont choisi le livre, soit 80 % de l’effectif.

8 étudiants ont choisi un livre, soit 20 % de l’effectif.

(9) :

20 étudiants ont choisi une enveloppe, soit 50% de l’effectif.

20 étudiants ont choisi l’enveloppe, soit 50 % de l’effectif.

(10) :

33 étudiants ont choisi l’enveloppe, soit 82,5 % de l’effectif.

7 étudiants ont choisi une enveloppe, soit 17,5 % de l’effectif.

(11) :

24 étudiants ont choisi une photo, soit 60 % de l’effectif.

16 étudiants ont choisi la photo, soit 40 % de l’effectif.

(12) :

27 étudiants ont choisi la photo, soit 67,5 % de l’effectif.

13 étudiants ont choisi une photo, soit 32,5 % de l’effectif.

(13) :

23 étudiants ont choisi la photo, soit 57,5 % de l’effectif.

17 étudiants ont choisi une photo, soit 42,5 % de l’effectif.

3.3.1.2 Le travail demandé pour la seconde partie est le même que dans la précédente, à ceci près

que cette fois, l’article choisi est d’ordre phrastique. Pour chacune des 8 phrases de l’énoncé, nous

présentons les solutions des étudiants comme suit :

Phrase 1 : Il y a (A)… station de métro près d’ici, c’est (B)… station Concorde.

Nous préférons de codifier 2 solutions de cette phrase respectivement A et B. Dans le tableau

suivant :

- La première colonne est pour la solution A, dans laquelle sont incluses deux sous colonnes

réservées respectivement à la station et une station.

- La deuxième colonne est pour la solution B, dans laquelle sont rangées deux sous colonnes

intitulées respectivement la station Concorde et une station Concorde

- Chacune des quatre sous colonnes porte le nombre des étudiants ayant choisi l’article défini

ou l’article indéfini.

- La dernière ligne du tableau affiche le taux des étudiants qui ont choisi telle ou telle

solution.

(A) (B)

la station une station la station Concorde une station Concorde

17 23 31 9

42,5 % 57,5% 77,5 % 22,5 %

Dorénavant, les solutions pour les phrases qui restent sont présentées de la même manière

que ci-dessus. Dans le cas d’une seule solution demandée, elle ne sera pas codifiée.

Phrase 2 : … café m’empêche de dormir.

Le café Un café

7 33

17,5 % 82,5 %

Phrase 3 : J’aime bien prendre (A)… tasse de café après (B)… déjeuner

(A) (B)

une tasse la tasse le déjeuner un déjeuner

13 27 21 19

32,5 % 67,5 % 52,5 % 47,5 %

Phrase 4 : Martine fume … cigarettes blondes

des cigarettes les cigarettes

24 16

60% 40 %

Phrase 5 : Martine n’aime que … cigarettes blondes.

les cigarettes blondes. des cigarettes blondes.

12 28

30% 70 %

Phrase 6 : (A) … dimanche, nous allons souvent à (B)… cinéma.

(A) (B)

le dimanche un dimanche au cinéma un cinéma

20 20 24 16

50 % 50 % 60 % 40 %

Phrase 7 : Ma fille est née … dimanche.

un dimanche le dimanche

5 35

12,5 % 87,5 %

Phrase 8 : Feriez-vous lire ce livre à … enfant de 8 ans ?

un enfant l’enfant

11 29

27,5 % 72,5 %

3.3.2 Observations sur le résultat de travail des premières années

La statistique des solutions nous amène à cette remarque : si le nombre des étudiants ayant

réussi leur choix des articles pour la première partie est plus élevé que celui des échoués, dans la

seconde partie, c’est presque le contraire. En effet, à part la première phrase et la quatrième phrase

de la seconde partie où les articles corrects respectifs « une » dans « une station » , « la » dans « la

station de Concorde » et « des » dans « des cigarettes » sont bien pris respectivement par 57,5 %,

77,5 % et 60 % des étudiants (soit plus de la moitié de l’effectif), dans les phrases qui restent, les

articles sont mal employés.

Il nous semble qu’à défaut d’un contexte d’ordre textuel, les étudiants se sentent désorientés

dans leur raisonnement, et pour ainsi dire, ils s’en remettent au hasard pour ce qui est du choix de

l’article convenable.

3.3.3 Travail des troisièmes années

3.3.3.1 Dans la première partie du travail, les étudiants doivent trouver pour chacune des 10 phrases

l’article convenable (défini, indéfini ou partitif). Nous présentons leur solution pour chaque phrase

de la même manière que précédemment.

Phrase 1 : Prenez 200g de beurre et 3 œufs. Mélangez (A)… beurre et (B) … œufs jusqu’à ce que

vous obteniez (C) … mélange blanc et mousseux.

(B) (A) (C)

le un un du les des le du

beurre mélange beurre beurre œufs œufs mélange mélange

24 9 9 7 18 22 26 5

60 % 22,5 % 22,5 % 17,5 % 45 % 55 % 65 % 12,5 %

Phrase 2 : (A)… rose est (B)… belle fleur.

(A) (B)

la rose une rose une belle fleur la belle fleur de la belle fleur

36 4 26 1 13

90 % 10 % 65 % 32,5 % 2,5 %

Phrase 3 : En ce moment, il fait (A)… temps bizarre : le matin, il y a (B)… soleil et l’après- midi

ça se couvre, (C)… vent se lève et il y a (D)… orages.

Cette phrase demandant 4 solutions, pour la lisibilité de la présentation, nous choisissons d’afficher

les choix des étudiants dans 2 tableaux comme suit :

(A) (B)

un le du de du le un de

temps temps temps temps soleil soleil soleil soleil

bizarre bizarre bizarre bizarre

0 26 12 2 17 9 5 9

0% 65% 30 % 5 % 42,5 % 22,5 % 12,5 % 22,5 %

(C) (D)

le vent un vent du vent des orages les orages

21 3 16 21 19

52,5 % 7,5 % 40 % 52,5 % 47,5 %

Phrase 4 : Tu as vraiment (A)… courage ! - Oh, ce n’est pas (B)… courage qui me manque,

(A)

(B)

(C)

du

le

un

de

le

du

un

de

l’argent

de

un

courage

courage

courage

courage

courage

courage

courage

courage

l’argent

argent

6

24

5

5

19

3

8

10

25

3

12

12,5

47,5

7,5 %

20 %

25 %

62,5 % 7,5 %

30 %

15 %

60 %

12,5 %

%

%

c’est (C)… argent !

Phrase 5 : Il fait (A)… ski et (B)… escalade mais par-dessus tout il aime (C)… randonnées.

A) (B) (C)

du ski le ski un de l’escalade une les des

ski l’escalade escalade randonnées randonnées

9 1 29 11 30 28 11 1

27,5 2,5 70 % 22,5 % 75 % 2,5 % 72,5 % 27,5 % % %

Phrase 6 : Elle voulait qu’il fasse (A)… violon mais il a préféré (B)… piano.

(A) (B)

du violon le violon un violon le piano du piano un piano

4 6 30 6 30 4

10 % 75 % 15 % 75 % 10 % 15 %

Phrase 7 : Avez-vous lu … roman que je vous ai prêté ?

le roman un roman du roman

19 13 8

47,5 % 32,5 % 20 %

Phrase 8 : J’étudie deux langues : (A) … anglais et (B)… allemand.

(A) (B)

l’anglais de l’anglais un anglais l’allemand un de

l’allemand allemand

31 3 32 6 2 6

77,5 % 15 % 7,5 % 80 % 15 % 5 %

Phrase 9 : Si vous voulez acheter (A) … jambon et (B)… pâté, cherchez (C)… charcuterie.

(A) (B) (C)

du le un du le un une la de la

jambon jambon jambon pâté pâté pâté charcuterie charcuterie charcuterie

22 9 6 27 7 5 27 8 9

12,5 67,5 20 15 % 67,5 % 17,5 % 22,5 % 55 % 22,5 % % % %

Phrase 10 : Je suis allé ce matin à … charcuterie de mon quartier.

la charcuterie une charcuterie de la charcuterie

34 4 2

85 % 10 % 5 %

3.3.3.2 Pour le texte de la deuxième partie, les étudiants ont à trouver 11 articles qui conviennent.

Les 11 solutions sont codifiées de 1 à 11 :

J’ai acheté (1)… vieille maison à la campagne (2). … toit est en mauvais état, (3)… portes et

(4)… fenêtres sont à refaire. Il faut changer (5) … installation électrique. (6)… chauffage est à

mettre dans tous (7)… pièces. Il faut repeindre (8)… murs. Heureusement, (9)… planchers sont en

bon état. Il n’y a pas besoin de changer (10)… moquette, sauf dans (11)… chambre d’amis.

Le travail des étudiants est décrit de la même manière que dans 3.3.1.1

(1) :

27 étudiants ont mis une vieille maison, soit 67,5 % de l’effectif et 13 étudiants ont choisi la vieille

maison, soit 32,5 %.

(2) :

36 étudiants ont écrit le toit, soit 90 % de l’effectif et 4 ont mis un toit, soit 10 %.

(3) :

27 étudiants ont opté pour les portes, soit 67,5 % de l’effectif et 13 ont mis des portes, soit 32,5 %.

(4) :

24 étudiants ont choisi les fenêtres, soit 60 % de l’effectif et 16 ont écrit des fenêtres, soit 40 %.

(5) :

24 étudiants ont choisi l’installation, soit 60 % de l’effectif, 7 ont mis de l’installation, soit 17,5 %

et 9 ont mis une installation, soit 22,5 %.

(6) :

31 étudiants ont choisi le chauffage, soit 77,5 % de l’effectif, 7 ont écrit un chauffage, soit 17,5 % et

2 ont mis du chauffage, soit 5 %

(7) :

25 étudiants ont mis les pièces soit 62,5 % de l’effectif et 15 ont écrit des pièces, soit 37,5 %.

(8) :

24 étudiants ont opté pour les murs, soit 60 % de l’effectif et 16 ont écrit des murs, soit 40 %.

(9) :

31 étudiants ont choisi les planchers, soit 77,5 % de l’effectif et 9 ont mis des planchers, soit 22,5

%.

(10) :

24 étudiants ont écrit la moquette, soit 60 % de l’effectif, 9 ont mis une moquette, soit 22,5 % et 7

ont choisi de la moquette, soit 17,5 %.

(11) :

24 étudiants ont mis la chambre soit 60 % de l’effectif, 12 ont opté pour une chambre, soit 30 % et

4 ont écrit de la chambre, soit 10 %.

3.3.3.3 Le travail dans la dernière partie de l’exercice consiste à remplacer le ou la par un ou une si

c’est possible. Nous ne mentionnons, ci-après, que le nombre des étudiants qui ont réussi ce travail

Phrase 1 : La R5 coûte 7000 euros.

14 étudiants ont opté pour le remplacement de la R5 par une R5, soit 35 % de l’effectif

Phrase 2 : La R5 se vend de plus en plus.

17 étudiants ont trouvé impossible le remplacement en question, soit 42 % de l’effectif.

Phrase 3 : Le roman policier se lit bien quand on est fatigué.

19 étudiants ont remplacé le roman par un roman, soit 47,5 % de l’effectif.

Phrase 4 : Le roman policier a connu un bond spectaculaire.

21 étudiants ont refusé de remplacer le par un, soit 52,5 % de l’effectif.

Phrase 5 : L’immigré devient l’ennemi numéro 1 des mouvements de droite.

31 étudiants ont trouvé impossible le remplacement en question, soit 77,5 % de l’effectif.

Phrase 6 : L’immigré a généralement beaucoup de mal à s’adapter.

11 étudiants ont choisi de remplacer l’immigré par un immigré, soit 27,5 % de l’effectif.

Phrase 7 : La veste épaulée réapparaît chez beaucoup de couturiers.

12 étudiants ont rejeté le remplacement en question, soit 30 % de l’effectif.

Phrase 8 : La veste épaulée amincit la silhouette.

10 étudiants ont préféré de remplacer la veste épaulée par une veste épaulée, soit 25 % de l’effectif.

Phrase 9 : Le camembert est un fromage connu dans le monde entier.

21 étudiants ont trouvé erroné le remplacement en question, soit 52,8 % de l’effectif.

Phrase 10 : Le camembert se mange avec un bon vin rouge. Pour finir un repas, il n’y a rien de

mieux !

15 étudiants ont accepté de remplacer le camembert par un camembert, soit 37,5 % de l’effectif.

3.3.4 Observations sur le résultat du travail des troisièmes années

e - Les étudiants semblent avoir trouvé les solutions pour la 2P P partie plus aisément que pour la

La statistique des emplois d’article ci-dessus nous amène à ces remarques suivantes :

première partie. Le nombre des articles bien choisis pour le texte donné est effectivement plus élevé

que celui des mal choisis, ce qui ne s’obtient pas pour les 10 phrases qui précèdent. Dans les phrases

7 et 10, les articles définis respectifs le (de le roman) et la (de la charcuterie) sont de même valeur

d’emploi, cependant de nombre des choix corrects pour la phrase 7 est plus bas que pour la phrase

10. Il en est de même pour la phrase 2 et phrase 3 : l’emploi de une (dans une belle fleur) de la

phrase 2 et celui de un (dans un temps bizarre) de la phrase 3 sont aussi de même ordre, mais s’il y a

26 étudiants qui ont opté pour une belle fleur, aucun étudiant n’a choisi un temps bizarre.

- La maîtrise de l’emploi des articles partitifs doit être remise en question. Le taux des

articles partitifs bien employés s’avère très bas.

- La valeur généralisante de l’article défini et l’indéfini leur est presque insaisissable,

autrement dit, ils ignorent les critères pragmatico-référentiels permettant aux articles définis et

indéfinis d’avoir la même valeur et partant, de pouvoir se remplacer l’un l’autre. En est la preuve le

fait que 31 étudiants ont trouvé la bonne solution pour la phrase 5 contre 11 seulement pour la

phrase 6.

3.4 Conclusion

Le travail des deux classes examiné, nous devons nous rendre à l’évidence que leur résultat

est loin d’être satisfaisant et cela, il nous le semble, pour les raisons suivantes :

- Les acquis lexicaux et grammaticaux du français chez les étudiants encore limités, ils se

trouvent en difficulté face aux exercices qui leur demandent plus de réflexion, mais qui ne leur

signalent pas assez d’indices référentiels.

- Le temps réglementé pour leurs études du FLE et du FOS n’est pas en proportion de leur

programme de travail : 375 heures reviennent à l’apprentissage du FLE durant lequel ils ont à

travailler sur EO, EE, CO, CE et l’étude du français de spécialité dispose du même volume horaire.

Les instructions grammaticales approfondies leur sont peu dispensées d’autant plus que, selon les

directives institutionnelles, la priorité est accordée à l’EO.

- Les contenus grammaticaux de Initial 1 et Initial 2 se limitant à la présentation formelle,

voire à l’explication superficielle aident trop peu à la maîtrise chez les étudiants des valeurs

d’emploi des articles. Les apports documentaires en la matière de notre part s’avèrent palliatifs

puisque nous y avons recours seulement au cas par cas.

Ces raisons détectées, nous trouvons indispensable de penser à une autre approche

linguistique susceptible de remédier aux connaissances lacunaires de nos étudiants en ce qui

concerne l’emploi des articles, d’où les propositions pédagogiques dans le chapitre ultérieur.

Chapitre 4 : SUGGESTIONS PÉDAGOGIQUES

Ne disposant pas d’un temps suffisant pour un test sur la théorie de l’actualisation, nous

croyons quand même nécessaire d’avancer quelques idées d’ordre pédagogique, en tant que

conséquence qui doit découler de tout ce que nous avons présenté dans le cadre théorique, et en tant

que tâche à accomplir d’un enseignant-chercheur.

Vu les particularités du déterminant nominal, il nous semble inévitable de l’enseigner dans

une perspective cognitive, avec l’approche fonctionnelle-notionnelle. Cette approche consiste, en

gros, à donner à l’apprenant une nette conscience des facteurs qui doivent conduire à telle ou telle

forme du déterminant. Ce travail ne se réduit certainement pas à des montages de scènes

communicatives : il doit suivre une étape préalable qui a pour fonction de sensibiliser l’apprenant

aux différents types d’existence dont une entité peut revêtir, et de lui fournir des justifications pour

les emplois de cette partie du discours qu’il a sous les yeux, lors de ses réflexions sur le problème

étudié. L’expérience montre que ce stade explicatif prend normalement au moins la moitié du temps

de l’acquisition du savoir-faire, et que toute hâte pour la production peut se vouer à l’échec.

Ce travail d’analyse consiste d’abord à collecter des textes représentatifs et révélateurs.

Ceux-ci doivent recouvrir tous les cas d’emploi de l’article que l’intervention de l’enseignant a mis

en examen dans sa présentation théorique. La compréhension des différentes occurrences du

déterminant, bien qu’elle ne représente pas encore, à ce stade, un entraînement de caractère actif, est

pourtant indispensable, car elle « inculque » à l’apprenant la première conscience des différents

degrés d’existence d’une entité, conscience qui répond à la question pourquoi et à quel degré une

entité doit être actualisée ? Dans ce type de travail, une comparaison entre la langue cible et la

langue maternelle nous semble inévitable.

Le vietnamien et le français présentent des emplois similaires mais aussi des emplois

divergents à propos des déterminants nominaux, ce qui permet des comparaisons des deux langues,

mais exige aussi des apports sémantiques concernant l’une et l’autre. Les termes vietnamiens một et

một số, par exemple, traduisent bien le sémantisme de un, une et des du français.

Tôi có UmộtU câu hỏi dành cho bạn.

J’ai UuneU question à te poser.

Chúng tôi có Umột sốU bạn bè ở thành phố này.

Nous avons UdesU amis dans cette ville.

Et les termes vietnamiens comme cái, chiếc, cuốn, cây… correspondent dans bon nombre des cas

aux articles français le, la, les.

Cô ấy đã cho tôi xem UcuốnU sách mà cô ấy mới mua.

Elle m’a montré UleU livre qu’elle vient d’acheter.

Mais le nom français exige la présence de son déterminant plus souvent que son homologue

vietnamien. Dans certains contextes, l’article défini est obligatoire pour le français, tandis qu’il est

facultatif en vietnamien sans que la valeur définie du nom déterminé y disparaisse, ce qui exige un

travail d’explication pour l’usage du nom vietnamien.

Il n’a pas répondu à UlaU question que je lui ai posée.

Anh ấy đã không trả lời câu hỏi mà tôi đã đặt ra cho anh ấy.

A l’opposé de ce phénomène, on peut constater celui où le déterminant vietnamien double dans sa

composition, avec un article indéfini qui précède un article « classificateur » défini, ce qui donne

dans l’ensemble la valeur indéfinie. Il s’agit d’une construction pré-nominale très typique au

vietnamien mais qui peut provoquer des difficultés même aux locuteurs natifs de cette langue quand

ils ont un travail de traduction à faire. Ici aussi, une intervention profonde de l’enseignant sur la

nature du problème s’impose, pour que l’apprenant soit en mesure d’opter pour une solution exacte.

Cô ấy đã mua được Umột cuốnU sách rất hay về Hemingway.

Elle a acheté UunU très bon livre sur Hemingway.

L’entraînement à l’utilisation du déterminant consiste à créer des situations de

communication, à l’écrit ou à l’oral, qui « poussent » l’apprenant à l’état de conceptualisation vis-à-

vis de la « clarté » d’une entité, pour pouvoir lui attribuer le déterminant convenable à son degré de

visibilité. Vu les particularités de la cognition, ces situations doivent suivre l’ordre du plus simple

au plus complexe, du plus canonique au plus littéraire, du plus commun au plus personnalisé. Une

telle stratégie permet non seulement d’habituer l’apprenant à des règles communément admises par

les locuteurs dans leurs conversations quotidiennes, mais de lui montrer aussi qu’il a le droit de

créer, à son gré, des nuances expressives qu’il trouve nécessaires à son récit.

Dans aucun entraînement linguistique, il ne nous semble que la traduction soit un exercice

indésirable. Il en est de même dans la question qui nous intéresse ici. Nous pouvons insérer la

traduction – thème et version – dans la démarche didactique comme un élément positif et

intermédiaire susceptible de mettre l’apprenant dans des situations quasi-authentiques où celui-ci

doit identifier lui-même la visibilité de l’entité à exprimer. La traduction est inévitable encore dans

la mesure où dans l’apprentissage d’une langue étrangère, le recours à la langue maternelle est un

phénomène naturel, parfois imposant même, et à tel point qu’il est plus logique d’en trouver un

profit en vue d’une acquisition positive, que de chercher à l’éliminer. Partant du vietnamien, les

phrases comme suit peuvent bien servir la stratégie fixée par l’enseignant.

Ở giữa nhà có một cái bàn. Trên bàn có một cuốn sách. Trong cuốn sách có một cái phong

bì. Trong phong bì có một bức thư.

Cha tôi có một cây violon đã cũ. Đó là một sản phẩm của người Ý. Và đó là một vật không

thể thiếu được trong mỗi gia đình của miền đất này.

Tôi muốn mời đến buổi dạ hội của chúng ta một nhân vật đặc biệt. Đó là Giám đốc Nhà Văn

hóa Thanh niên. Các bạn có đồng ý đón tiếp một người rất nổi tiếng trong giới trẻ không ?

Bô phim đầu tay của ông ấy đã có một thành công đáng kể. Đó là một bộ phim về những

người dân chài ở miền trung Việt Nam.

De la sphère phrastique, il est logique de passer ensuite à la sphère textuelle, en laissant l’apprenant

dans une situation plus large où il doit sentir tous les facteurs, phrastiques comme contextuels, qui

indiquent le degré de « clarté » d’une entité et qui l’incitent donc à une forme déterminée de son

article. Pour cette tâche, un type d’exercice « classique » mais infiniment utile, est à notre avis

recommandable, c’est l’exercice à trous. L’enseignant peut choisir un texte sémantiquement

cohérent, et supprimer les déterminants aux endroits où consiste la tâche à accomplir, et demander

aux apprenants de les restituer.

Finalement, rien n’est plus proche de la réalité langagière que la composition de phrases ou

de textes faite par l’apprenant lui-même et où les différents déterminants sont à employer

adéquatement à son environnement. A l’oral, ce sont les simulations des scènes de la vie

quotidienne qui offrent l’opportunité de pratiquer et de tester l’usage des déterminants. Vu que la

narration est le terrain le plus fertile pour cet usage, les productions de caractère narratif doivent être

la priorité de ce type d’entraînement.

CONCLUSION

Pour nos étudiants, parmi les difficultés d’apprentissage du français figure la complexité

d’emploi des articles. L’analyse du corpus ci-dessus en est la preuve quoique n’en dise pas long.

Les préoccupations didactiques aussi bien que linguistiques d’un enseignant-chercheur nous

obligent à nous orienter vers une nouvelle tentative pédagogique, d’où ce travail de recherche. Notre

thèse ne se prétend pas innovante mais simplement complémentaire à l’approche classique qui

consiste en typologie sémantique des articles.

Suivant la démarche classique communément adoptée jusqu’ici, notre explication en classe

revient à l’analyse sémantique de ce déterminant en emploi phrastique ou textuel. Or, le travail

analytique se révèle inopérant dans la mesure où l’article indéfini ne renvoie pas toujours à

l’inconnu (Je cherche un assistant vs J’ai un assistant que j’aimerais te présenter), où la

« notoriété » rendue par l’article défini n’est pas toujours de même ordre d’un cas à l’autre (Le vin

est une boisson vs J’ai bu tout le vin qu’il m’avait versé) et où l’emploi des articles ne suit plus le

parcours ordinaire du genre de Je vois un jardin. Dans le jardin, il y a un arbre. Au pied de l’arbre,

un banc. Le problème peut se résoudre à la tentative de notre part d’élargir le champ d’étude jusqu’à

la dimension cognitive, énonciative et littéraire.

L’appellation « actualisateur » attribuée à cette partie du discours présente bien sa tâche dans la

détermination nominale, c’est celle d’actualiser le référent dénoté par le nom. Et l’actualisation

nominale, dans notre optique trace les différentes étapes de la cognition, ce que nous appelons les

différents degrés de la conscience que l’homme a d’une entité.

Sous l’angle cognitif, l’emploi de le dans Le vin est une boisson et dans J’ai bu tout le vin

qu’il m’avait versé résulte de l’actualisation évocatrice. Cependant, si dans Le vin est une boisson,

l’évocation de vin par l’emploi de le relève de l’ensemble des connaissances de l’homme (tout

homme sait ce qu’est le vin), l’existence de vin dans J’ai bu tout le vin qu’il m’avait versé évoquée

par le même genre d’article est signalée par l’indice co-textuel qu’il m’avait versé. Selon notre point

de vue, l’entité vin est moins « actuelle », car moins actualisée, dans le premier cas que dans le

second.

Dans notre théorisation, l’actualisation exocentrique qui tient de la réflexion énonciative est

susceptible de mettre en lumière la différence de valeur d’emploi de un dans Je cherche un assistant

et dans J’ai un assistant que j’aimerais te présenter. En effet, un dans ces 2 propos n’obéit pas à une

même logique d’emploi, c'est-à-dire que son emploi (du premier énoncé au second) ne signifie pas

forcément que l’entité dont on parle, en l’occurrence un assistant, est regardée comme « inconnue »

puisque perçue à la première phase de la conscience. Dans Je cherche un assistant, on peut affirmer

que assistant est une personne non encore connue à celui qui parle. Mais il est imprudent, voire

inexact de prétendre la même chose pour assistant de J’ai un assistant que j’aimerais te présenter.

Ce que l’on qualifie d’inconnu dans le second cas revient à celui qui reçoit l’énoncé et non à celui

qui l’émet. Dans l’annonce de l’information, l’émetteur se met du côté de son interlocuteur pour

découvrir avec lui ce qu’en fait il connaît déjà. C’est une sorte de métamorphose où le locuteur émet

son propos tout en raisonnant du point de vue de celui à qui il parle. Prenant part au fonctionnement

de l’actualisation excocentrique, la loi psychologique nous met en garde contre l’idée répandue

d’attribuer la valeur d’indétermination aux articles un, une, des, tous emplois confondus.

Dans la façon d’actualiser une chose ou une personne, le locuteur peut s’écarter de son

processus cognitif au profit de son souci stylistique. Il lui arrive donc de créer pour ses propos ou sa

narration une alternance du type inconnu-connu-inconnu, une manière dite littéraire de présenter

l’entité : Nous avons une petite maison de campagne au bord d’une rivière. C’est la maison où

nous passons, avec nos enfants, les week-ends et les jours fériés. C’est notre maison de bonheur, et

d’évasion aussi, car, regardant de loin, personne ne peut deviner que derrière les buissons il y a

une petite maison. L’actualisation de l’entité pouvant avancer et retourner entre les différentes

phases de la cognition au voulu de l’auteur, il a ainsi fait valoir son large pouvoir de locuteur.

Dans l’enseignement des valeurs fondamentales des articles, l’approche classique ne nous

amène pas au résultat escompté. Nous avons tenté d’entreprendre la démarche cognitive et

énonciative pour l’éclaircissement des cas d’emploi de ce fameux déterminant et ce, dans l’intention

de porter remède aux difficultés de nos étudiants lors de leur apprentissage. Ainsi, cette présente

recherche s’arrêtant simplement à l’adoption du procédé d’actualisation comme solution au

problème soulevé ouvre pourtant la perspective à une recherche ultérieure plus approfondie et qui

porte cette fois sur la mise en application de notre thèse avancée.

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Tables des matières des manuels de français utilisés à l’École des Beaux-Arts et du

Tourisme de Nha Trang.

Annexe 2 : Ouvrages de grammaire utilisés à l’École des Beaux-Arts et du Tourisme de Nha Trang.

Annexe 3 : Articles de journal.

Annexe 4 : Exercices donnés aux étudiants de la première année

Annexe 5 : Exercices donnés aux étudiants de la troisième année

Annexe 6 : Copies des étudiants de la première année

Annexe 7 : Copies des étudiants de la troisième année

Annexe 1 : Tables des matières des manuels de français utilisés à l’École des

Beaux-Arts et du Tourisme de Nha Trang.

Annexe 2 : Ouvrages de grammaire utilisés à l’École des Beaux-Arts et du

Tourisme de Nha Trang.

Annexe 3 : Articles de journal.

Mưa lũ hoành hành ở Khánh Hòa, Ninh Thuận

0 2 / 1 1 / 2 0 1 0 0: 4 5

Tạ i Khá nh Hòa , ngà y 1 . 1 1 , t oà n t ỉ nh t i ế p t ục có m ư a lớ n. Lũ t r ê n c á c s ông ti ế p t ục l ê n nha nh. Cá c hồ Am Chúa , Suối Dầ u.. . đan g x ả l ũ. Toà n tỉ nh c ó 4 5 0 nhà bị

ngậ p s â u, 4 8 8 ha l úa bị đổ ngậ p, 8 t à u t huyề n bị c hìm . Đã c ó 3 n gư ờ i c hế t v à 1

ngư ờ i m ấ t tí c h do l ũ .

>> Lũ t ấ n c ông nam Tr ung Bộ \ Chống l ũ t he o c ấ p bá o động \ Bá o T ha nh Ni ê n

t i ế p t ục c ứ u t rợ đồn g bà o m i ề n Tr ung \ Tuy Hò a : M ư a l ớ n gâ y ngậ p n hi ề u c on

đư ờ ng

Tạ i Nh a Tr a n g, n h i ều đ o ạ n t r ê n đ ườ n g 2 3 . 1 0 , Ngu y ễn T h i ện Th u ậ t , Ng u y ễn Đức Cả n h , Hù n g Vươ n g . .. v ẫ n b ị n g ậ p s â u c h ừn g 0, 5m , k h i ến g i a o t h ô n g á c h t ắ c . Đườ n g Ph o n g Ch â u q u a t h ô n Đất L à n h ( xã Vĩ n h Th á i) b ị l ũ c u ố n m ộ t đ o ạ n d ài k h o ả n g 2 0m , g i a o t h ô n g q u a đ â y h ầ u n h ư b ị c ắ t đ ứt , k h i ến n h iều k h u v ực d â n c ư ở xã Vĩ n h Th á i v à P. Ph ướ c Hả i b ị n ướ c l ũ c ô l ậ p . Tạ i P. Ba Ng ò i, TX Cam Ra n h , h ơ n 6 0 n g ườ i d â n b ị k ẹt tr o n g v ù n g l ũ . Đến c h i ều 1 . 1 1 , Bộ c h ỉ h u y Vù n g D Hả i q u â n đ ã đ i ều đ ộ n g p h ươ n g t i ện , l ực l ượ n g ti ếp c ậ n v à đ ưa n g ườ i d â n đ ến n ơ i a n t o à n .

Tạ i Ni n h Th u ậ n, n g à y 1 . 1 1 t i ếp t ụ c c ó m ưa l ớ n , n ướ c s ô n g Di n h t ừ t h ượ n g n g u ồ n v ẫ n đ ổ v ề d ữ d ộ i . Tr o n g k h i đ ó , v ù n g n ú i H. Kh á n h Sơ n , Kh á n h Hò a ( g i á p r a n h H. Bá c Ái , Ni n h Th u ậ n ) c ó m ưa r ất t o v à k h ả n ă n g l ũ s ẽ t r à n q u a c á c xã c ủ a Ni n h Th u ậ n . Tr ưa 1 . 1 1 , c á c h ồ c h ứa n ướ c Đươ n g Dươ n g , Sô n g Sắ t , Tâ n G i a n g. . . đ ồ n g l o ạ t xả l ũ l àm c h o m ực n ướ c s ô n g Cá i ở h ạ n g u ồ n d â n g c a o . Tạ i TP Ph a n Ra n g - Th á p Ch àm , h à n g t r ăm h ộ d â n s ố ng h a i b ê n b ờ đ ê s ô n g Di n h , t h u ộ c c á c p h ườ n g Ph ủ Hà , Ph ướ c Mỹ n ướ c n g ậ p q u á n ửa n h à. Cá c t r ụ c đ ườ n g c h í n h t r o n g n ộ i t h à n h n ướ c n g ậ p t ừ 0 , 3 - 0, 5m , đi l ạ i k h ó k h ă n . Sở G D- ĐT đ ã c h o HS t o à n t ỉn h n g h ỉ h a i n g à y 1 v à 2. 1 1 .

Ô n g N g u y ễ n T u ấ n G i a n g , T r ư ở n g p h ò n g G i a o t h ô n g ( S ở G T V T K h á n h H ò a ) , c h o b i ế t c ó h a i l ý d o g â y n g ậ p ú n g t ạ i m ộ t s ố c o n đ ư ờ n g t r o n g T P N h a T r a n g : t h ứ n h ấ t d o l ư ợ n g m ư a q u á l ớ n , n ư ớ c r ú t k h ô n g k ị p ; t h ứ h a i , k h i c ả i t ạ o h ệ t h ố n g t h o á t n ư ớ c T P , đ ơ n v ị t h i c ô n g d ù n g n ắ p c ố n g c h ố n g h ô i , m i ệ n g ố n g t r ê n n ắ p r ấ t n h ỏ n ê n k h i t r ờ i m ư a , n ư ớ c t h o á t k h ô n g k ị p .

H à n g t r ă m n g ô i n h à ở T P P h a n R a n g - T h á p

C h à m , N i n h T h u ậ n b ị n g ậ p t r o n g n ư ớ c - Ả n h : T h i ệ n N h â n - H o à i B ắ c

Tí n h đ ến t r ưa 1 . 1 1, đ ã c ó m ộ t n g ười c h ết d o l ũ , 1 . 1 3 7 c ă n n h à b ị n g ậ p. ..

Annexe 4 : Exercices donnés aux étudiants de la première année

DEVOIR DE CONTRÔLE

Durée : 30 minutes

I. Complétez par un article qui convient:

C’est …… petite chambre. Au milieu de …… chambre, il y a …… table. Sur ……

table, il y a …… lampe jaune. Devant …… lampe, …… livre bleu. Sur ……livre,

…… enveloppe blanche. Tu ouvres …… enveloppe et tu vois …… photo. C’est ……

photo de ton ami. Tu prends …… photo et tu pleures.

II. Complétez les phrases suivantes par l’article qui convient:

1. Il y a …… station de métro près d’ici, c’est …… station Concorde.

2. …… café m’empêche de dormir.

3. J’aime bien prendre …… tasse de café après …… déjeuner.

4. Martine fume …… cigarettes blondes.

5. Martine n’aime que …… cigarettes blondes.

6. …… dimanche, nous allons souvent à …… cinéma.

8. Fer iez- vous lire ce livr e à …… enfant de 8 ans?

7. Ma fille est née …… dimanche.

Annexe 5 : Exercices donnés aux étudiants de la troisième année

DEVOIR DE CONTRÔLE

Durée : 45 minutes

I. Articles définis, indéfinis ou partitifs? Complétez les phrases avec l’article

correct :

1. Prenez 200g de beurre et 3 oeufs. Mélangez …… beurre et ……oeufs jusqu’à ce

que vous obteniez …… mélange blanc et mousseux.

2. …… rose est …… belle fleur.

3. En ce moment, il fait …… temps bizarre : le matin, il y a …… soleil et l’après

midi ça se couvre, …… vent se lève et il y a …… orages.

4. Tu as vraiment …… courage!

- Oh, ce n’est pas …… courage qui me manque, c’est …… argent!

5. Il fait …… ski et ………escalade mais par- dessus tout il aime …… randonnées.

6. Elle voulait qu’il fasse …… violon mais il préfère …… piano.

7. Avez- vous lu …… roman que je vous ai prêté?

8. J’étudie deux langues : …… anglais et …… allemand.

9. Si vous voulez acheter …… jambon et …… pâté, cherchez …… charcuterie.

10. Je suis allé ce matin à …… charcuterie de mon quartier.

II. Complétez par les articles qui conviennent:

J’ai acheté …… vieille maison à la campagne. …… toit est en mauvais état. ……

portes et …… fenêtres sont à refaire. Il faut changer …… installation électrique.

…… chauffage est à mettre dans tous …… pièces. Il faut repeindre …… murs.

Heureusement, …… planchers sont en bon état. Il n’y a pas besoin de changer ……

moquette, sauf dans …… chambre d’amis.

III. Dans les exemples suivants, il est parfois possible, parfois impossible de

remplacer “le” par “un”. Pouvez-vous dire dans quel cas?

1. La R5 coûte 7000 euros.

2. La R5 se vend de plus en plus.

3. Le roman policier se lit bien quand on est fatigué.

4. Le roman policier a connu un bond spectaculaire.

5. L’immigré devient l’ennemi numéro 1 des mouvements de droite.

6. L’immigré a généralement beaucoup de mal à s’adapter.

7. La veste épaulée réapparaî t chez beaucoup de couturiers.

8. La veste épaulée amincit la silhouette.

9. Le camembert est un fromage connu dans le monde entier.

10. Le camembert se mange avec un bon vin rouge. Pour finir un repas, il n’y a rien

de mieux!

Annexe 6 : Copies des étudiants de la première année

Annexe 7 : Copies des étudiants de la troisième année

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