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Báo cáo khoa học: "Variabilité géographique et adaptation aux contraintes du milieu méditerranéen des pins de la section halepensis : résultats (provisoires) d’un essai en plantations comparatives en France"

Chia sẻ: Nguyễn Minh Thắng | Ngày: | Loại File: PDF | Số trang:16

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Tuyển tập các báo cáo nghiên cứu về lâm nghiệp được đăng trên tạp chí lâm nghiệp quốc tế đề tài: "Variabilité géographique et adaptation aux contraintes du milieu méditerranéen des pins de la section halepensis : résultats (provisoires) d’un essai en plantations comparatives en France...

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Nội dung Text: Báo cáo khoa học: "Variabilité géographique et adaptation aux contraintes du milieu méditerranéen des pins de la section halepensis : résultats (provisoires) d’un essai en plantations comparatives en France"

  1. Article original Variabilité géographique et adaptation aux contraintes du milieu méditerranéen des pins de la section halepensis : résultats (provisoires) d’un essai en plantations comparatives en France M Bariteau J Pommery INRA, station de génétique et d’amélioration des arbres forestiers avenue Vivaldi, 84000 Avignon, France (Reçu le 30 janvier 1991; accepté le 11 février 1992) Résumé — Les résultats de plantations comparatives effectuées sur 2 sites (Vitrolles et Ceyreste) dans le Sud de la France dans le cadre d’un essai international sur les principales provenances de pins de la section halepensis sont présentés, 11 ans et 13 ans après la mise en place. Les carac- tères étudiés sont : la résistance au froid; la résistance à la sécheresse; la résistance à la chenille processionnaire (Thaumetopea pithyocampa); la croissance en hauteur. Pour Pinus halepensis, les résultats acquis à Vitrolles, où l’espèce est bien adaptée, permettent de confirmer la bonne adapta- tion de la provenance locale et l’intérêt de certaines provenances espagnoles et du Nord-Est de la Grèce. Pour Pinus brutia, les sites expérimentaux ne correspondent pas à l’aire potentielle d’intro- duction en France, située plus en altitude. Les sélections opérées par le gel et la sécheresse, ainsi que les connaissances déjà acquises dans l’aire naturelle, permettent néanmoins de proposer un choix de provenances pour la zone supra-méditérranéenne française (étage du chêne pubescent), en fonction des risques potentiels de sécheresse. Les possibilittés d’hybridation entre Pinus brutia et Pinus halepensis ouvrent des voies d’études et de création variétale intéressantes mais imposent également des mesures de protection et de con- servation de la ressource existante. amélioration génétique / forêt méditerranéenne / Pinus Pinus brutia / Pinus elda- halepensis / rica Summary — Geographic variation and stress adaptation of Pinus halepensis - Pinus brutia complex in Mediterranean conditions. Preliminary results of a provenance test in France. Re- sults of a 2-site provenance trial planted in south-eastern France (Vitrolles and Ceyreste) as part of an international network involving pine provenances of the Pinus halepensis - Pinus brutia complex are presented. Observations were made 11 and 13 years after plantation. Traits studied are frost and drought resistance, height growth and resistance to the processionary moth (Thaumetopea pi- thyocampa). For results from the Aleppo pine, the Vitrolles site, which is typical for this species, con- * and Correspondence reprints
  2. firms that the local provenances, as well as those from Spain and north-eastern Greece show good site adaptation. Pinus brutia is not well adapted to either site due to its altitude, but a choice of prove- nances can be proposed for afforestation in the more elevated pubescent oak range, relative to their resistance to frost and drought, as well as their behaviour in natural stands. As the 2 species, ie Pinus brutia and Pinus halepensis hybridize easily, the future improvement programme may involve a hy- brid breeding population; however, the protection and conservation of the local French Aleppo pine resources should also be considered. breeding / Mediterranean forest / Pinus halepensis/ Pinus brutia / Pinus eldarica tree (projet FAO/SCM/CRFM/4bis). Les objec- INTRODUCTION tifs et la méthodologie ont été présentés dans un protocole commun à tous les pays Les pins de la section halepensis peuvent participants (Eccher, 1975). être scindés en 2 espèces : Pinus hale- Les premiers résultats traitent essentiel- pensis Miller et Pinus brutia Tenore lement des données de pépinière (Belle- (Nahal, 1962). La première se répartit sur fontaine et Raggabi, 1977; Pelizzo et le pourtour occidental de la Méditerranée, Tocci, 1978; Calamassi et al, 1980). Des la seconde étant strictement orientale. Des observations, 10 ans après plantation, ont formes géographiques distinctes existent été publiées par Allemand et al (1985) sur au sein de Pinus brutia qui sont parfois dé- l’expérimentation française, ainsi que par crites en tant qu’espèces à savoir : Pinus Eccher et al (1987) sur les essais effec- pithyusa Stevens, Pinus eldarica Hedwed- tués en Italie. Ces derniers mettent en évi- jew et Pinus stankwiczii (Debazac, 1964). dence une différence d’accroissement Une grande hétérogénéité a été notée par entre pin d’Alep et pin brutia au stade juvé- divers auteurs au sein des pins de la sec- nile au profit du pin d’Alep, qui s’atténue au tion halepensis. Debazac et Tomassone cours du temps. Dans les stations chaudes (1965) remarquent gradient géographi- un arides, c’est Pinus halepensis qui et reste que : les dimensions et poids de graines, à Pinus brutia pour ce qui est supérieur ainsi que le nombre et la longueur des co- des accroissements en hauteur. Les pro- tylédons croissent dans le même sens venances de pin d’Alep de Grèce orientale d’ouest en est. Les pins d’Afrique du Nord (péninsule de Chalkidike et Eubée septen- et du Nord de la Méditerranée occidentale trionale) sont très performantes, tant en ce semblent distincts. qui concerne la croissance que de la résis- La variabilité des pins de la section ha- tance au stress hydrique. Globalement, les lepensis se traduit sur de nombreux carac- provenances de Pinus halepensis sont tères dont la forme. Arbez (1974) cite plus résistantes à la sécheresse que celles l’existence de peuplements de Pinus brutia de Pinus brutia, à l’exception des prove- forme «excellente» : cela per- ayant une nances montagnardes Isparta et Pamu- met de penser que bel ave- l’espèce a un çak : ces dernières se sont également ré- nir pour le reboisement méditerra- en zone vélées très résistantes au gel ainsi que les néenne. Mais variabilité la forte provenances de Pinus eldarica. Le port et rend difficile le choix de l’ori- géographique la forme des fûts sont en général meilleurs gine des graines pour le reboisement, en pour Pinus brutia et Pinus eldarica que particulier là où il n’y a pas de sources lo- pour Pinus halepensis. cales utilisables. Une expérience interna- génotypes testés tionale de comparaison des provenances Les meilleurs Is- en raël, à partir de critères de croissance de Pinus halepensis et Pinus brutia- et eldarica a été initiée en 1975 par la FAO survie des de 10 ans, sont des plants sur
  3. présentent de façon synthétique les principales provenances locales ou celles issues de caractéristiques et les résultats d’analyses chi- basse altitude en Grèce pour P halepen- miques des 2 sites. sis, et pour P brutia, les provenances de L’hétérogénéité du site de Vitrolles a nécessi- basse altitude de la côte méditerranéenne té une étude complémentaire par le CEMA- Bakara, Marmaris, Düzlerçani turque : GREF d’Aix-en-Provence qui a distingué 3 (Weinstein, 1989). dénommées a posteriori comme zones, Le présent article se propose de faire le «bonnes», «moyennes» ou «mauvaises» en fonction des résultats de croissances en hauteur point sur l’expérimentation française, 12 et des survies, toutes provenances confondues. ans après la première plantation en exami- Le tableau III présente l’échantillonnage des nant les résultats sur la croissance en hau- provenances testées en France au sein de la teur, la résistance au froid, à la séche- collection internationale (d’après Eccher et al, resse, et à la chenille processionnaire 1987). Les provenances sont localisées sur la fi- (Thaumetopea pithyocampa). gure 1. MATÉRIEL MÉTHODES ET Dispositifs expérimentaux sont les sui- Les des caractéristiques dispositifs Sites expérimentaux et matériel végétal vantes : Vitrolles : blocs incomplets à composition aléa- - Deux sites ont été retenus : Vitrolles et Ceyreste toire; 55 blocs de 6 provenances par parcelle dans les Bouches-du-Rhône. Les tableaux I et II unitaire de 8 plants;
  4. Un test de Duncan au seuil de confiance de Ceyreste : lattice équilibré : 25 provenances - testées (P eldarica est en dispositif complémen- permet de classer les provenances. 5% taire sous forme de placettes surnuméraires de 20 plants dans chaque répétition complète); 5 Résistance à la chenille provenances par bloc; 6 répétitions; 20 plants processionnaire par parcelle unitaire (12 plants pour Gemenos). Elle a été notée en présence - abscence pour chaque individu en mai 1984, à la suite d’une at- Méthodes d’analyse taque importante sur le dispositif de Ceyreste. Le pourcentage d’attaques a été calculé pour chaque provenance (Pourp) et pour chaque ré- froid Résistance au pétition (Pourr). Les provenances sont classées en fonction de la gravité de l’attaque; d’autre Elle a été testée à la suite d’une forte gelée en part les différences de taux d’attaques suivant janvier 1985; les conséquences pouvant s’étaler les répétitions sont testées à l’aide d’un χ La . 2 sur plusieurs années, le taux de mortalité à mortalité résultant de l’attaque de procession- terme par gel (sur une période de 3 ans suivant naires n’a pu être évaluée étant donné l’intensité la gelée) a été calculée pour chaque prove- du gel l’hiver suivant. nance (Mgelp) par comparaison des mortalités entre 1988 et 1985. Les arbres notés indemnes après le gel de 1985 ont une survie de 99,3% hauteur Croissances en en 1988 et on acceptera, par approximation, que la mortalité entre 1985 et 1988 est à impu- Des mesures individuelles, au cm près, ont été ter à l’action du froid de 1985. réalisées sur la hauteur totale en 1988 (HT88) pour les 2 dispositifs. Les arbres morts au mo- ment des mesures sont notés -9, ce qui permet Résistance à la sécheresse de calculer les taux de survie. Une analyse de variance est construite sur le modèle : Une notation individuelle a été effectuée à Vi- trolles en janvier 1990 selon le barème suivant : arbre stressé (jaunisse- 0 arbre indemne; 1 = = ment, chute d’aiguilles); 2 arbre mort en 1989; = où HT représente les valeurs individuelles de ijk - 9 = arbre mort avant 1989. la variable HT88 et p b I sont respectivement ,, i j ij Le taux de survie, depuis la plantation, a été les effets des facteurs provenances, blocs ainsi calculé pour chaque provenance (Surv90p), en que l’effet d’interaction entre la provenance i et prenant comme vivants les arbres notés 0 et 1. le bloc j; e est la valeur résiduelle. Dans les 2 ijk Il s’agit donc d’un bilan provisoire, par comparai- cas, les résultats des analyses montrent un effet son des survies en 1988 et en 1990, qui fait état d’interaction significatif au seuil de 1%, vraisem- d’une mortalité minimale (Msecp), pour le cas blablement lié à la forte hétérogénéité du sol où tous les plants notés «douteux» survivraient : dans les 2 sites, y compris à l’intérieur d’un Msecp (Surv88p-Surv90p) / Surv88p = même bloc (tableau IV). Finalement, le dispositif À Ceyreste, la mortalité liée à la sécheresse de Vitrolles a été restructuré sur des critères de l’année 1989 est faible et n’a pas justifié de d’homogénéité de hauteurs, de survie, et de dis- position sur le terrain. Trois zones distinctes no- notation. tées «médiocre» (1), «moyenne» (2) et «bonne» Une analyse de variance a été effectuée sur (3) ont été définies (voir tableau II) et un échan- les 24 provenances et les 3 zones (voir plus tillon de 10 plants vivants en 1988 a été tiré au haut Sites expérimentaux) en prenant pour hasard pour chaque provenance et dans cha- modèle : que zone. Quatre provenances possèdent des Msecpz effet provenance + effet zone + valeur = effectifs trop faibles pour être utilisées dans résiduelle. cette analyse (Elea, Gemenos, Alexandropolis, (Msecpz mortalité de la provenance p dans la = Bozburun). Les moyennes globales obtenues z). zone
  5. dans chaque répétition). Une analyse de pour ces provenances sont calculées et compa- va- riance avec covariable est construite sur le rées pour mémoire à celles de l’étude princi- mo- pale. Une analyse de variance est construite sur dèle : le modèle : où Y représente les valeurs individuelles pour ij la variable étudiée (HT88), p l’effet du facteur Y représente les valeurs individuelles de la où ijk i variable étudiée (HT88); p z lj sont respecti- provenance, Surv la survie de la provenance i iji ij ,, vement les effets des facteurs provenances, dans la répétition j, ms la moyenne générale de zones ainsi que l’effet d’interaction entre la pro- la survie, eij le terme résiduel; a est le coeffi- venance i et la zone j; e est la valeur rési- cient de régression des valeurs Surv sur Y La ij ij . ijk duelle. Les moyennes sont comparées à l’aide répétition 3 est éliminée de l’analyse, 25 par- d’un test de Newmann-Keuls au seuil de 5%. cellessur 28 ayant totalement disparu. Une comparaison multiple de moyennes est effec- À Ceyreste, la mortalité très élevée et inéga- tuée à partir d’un test de Newman-Keuls au lement répartie sur le terrain, ainsi que les effets seuil de 5%. d’interaction déjà cités rendent délicate l’inter- prétation du lattice. Il est préférable de considé- rer le dispositif comme un ensemble de 6 répéti- RÉSULTATS tions complètes. Pour tenir compte de l’hétérogénéité du terrain au sein des répéti- une covariable «survie» est introduite au tions, niveau de l’analyse. En effet, il existe une corré- Résistance au froid lation significative entre les hauteurs et les sur- vies, ces 2 variables étant elles-mêmes liées à La mortalité par gel est plus forte à Vi- la fertilité des stations. Les pentes des corréla- tions établies provenance par provenance ne trolles qu’à Ceyreste : respectivement sont pas significativement différentes. La survie 15,7% et 9,4% (tableau V). est calculée en 1988 sur chaque parcelle uni- Les pins brutia et eldarica ont subi une taire (Surv). mortalité toujours inférieure à 7% (2,7% en Les valeurs étudiées dans l’analyse sont des moyenne sur les 2 dispositifs pour Pinus moyennes par provenance sur chaque parcelle brutia et 4,05% pour Pinus eldarica). Le unitaire (une parcelle unitaire par provenance
  6. Silifke, gölü (région de la groupe des pins d’Alep apparaît dans les 2 Noire) et mer bien que venant de zones d’altitude faible, cas, plus sensible au gel que celui des sont également peu sensibles au froid. Par pins brutia (en moyenne 24,10%) sauf contre, les populations situées entre Mar- pour Gemenos (provenance française). maris et Antalya, c’est-à-dire sur la partie Les pins brutia d’altitude sont peu sen- occidentale de la côte méditerranéenne sibles au froid (Pamuçak, Isparta, Chania, turque, semblent, à altitudes égales, plus Lassithiou). La provenance turque Kizildag sensibles au gel que celles de la partie est également très résistante : les peuple- orientale : la provenance Bozburun, par ments d’origine sont situés à 370 m d’alti- exemple, est plus sensible que la plupart tude dans la zone méditerranéenne ex- des pins brutia bien que venant d’une alti- trême orientale, sur les pentes de l’Amanos. Les provenances Bakara, Cam- tude moyenne (500 m).
  7. Résistance à la sécheresse Parmi les provenances de Pinus hale- pensis, les populations d’Afrique du Nord Par rapport à la moyenne calculée sur 30 et d’Italie sont particulièrement sensibles (soit 569 mm), le déficit pluviométrique au froid, ainsi que la provenance grecque ans à Marignane, station météorologique Elea (Péloponnèse) : les mortalités sont proche de Vitrolles, est de 156 mm en très élevées à Vitrolles pour 2 prove- 1988, et 369 mm en 1989 (pluviométrie de nances d’Afrique du Nord (Ouardane l’année : 200 mm). L’analyse de variance Bouksane et Sakiet Sidi Youssef), une faite sur la mortalité par sécheresse à Vi- provenance espagnole (Soportujar) et la trolles en 1990 montre un effet provenance population Elea. L’effet du gel a été accen- et un effet zone significatifs (respective- tué sur ces provenances en raison de la ment F = 2,80, significatif au seuil de 1 % et faible hauteur des plants (gradient de F= 6,67, significatif au seuil de 1% : ta- froid vers le sol). La provenance Elea doit bleau VI). La zone 1 (médiocre) est dis- vraisemblablement sa grande sensibilité tincte des 2 autres : la mortalité par séche- au froid à son origine thermoméditerra- resse y est près de 2 fois supérieure à néenne (peuplements à 200 m d’altitude celle observée ailleurs. Une charge en Grèce méridionale). en
  8. cailloux très importante dans les horizons n’avons pas trouvé de corrélations géogra- de surface en est sans doute responsable écologiques (longitude, latitude, phiques et (réserve en eau faible). Le classement des avec la sensibilité des prove- altitude) provenances en fonction de Msecp ne sé- Par contre, 2 paramètres expli- nances. pare pas Pinus halepensis et Pinus brutia quent bien les attaques : (tableau VI) : l’effet espèce n’est pas signi- la position au sein de l’essai : certaines - ficatif au seuil de 5% (F= 0,19). Les 10 zones ont été plus particulièrement tou- meilleures provenances sont cependant chées (lisière sud du dispositif : répétitions représentées par 7 provenances de pin 1 et 5); d’Alep. la hauteur des arbres au moment de l’at- - Contrairement à ce qui est constaté taque (HT83p mesurée en 1983), les pour le pin brutia, sensibilité au gel et à la sécheresse vont de pair pour les pins d’Alep : les provenances d’Afrique du Nord ainsi que la provenance grecque Elea cu- mulent de mauvais résultats face à ces 2 formes de stress. La provenance italienne, Vico Del Gargano est une provenance mal adaptée caractéristiques écologiques aux du site de Vitrolles, ce qui s’est traduit par une très forte mortalité en 1989. Les pro- venances de Pinus halepensis Gemenos, Cehegin et dans une moindre mesure, Serra et Chalkidike sont peu sensibles au gel et à la sécheresse. Une seule prove- nance de pin brutia, Kisildag, cumule la ré- sistance au gel et à la sécheresse. Résistance à la chenille processionnaire Le classement des provenances en fonc- tion du pourcentage d’attaque est présenté dans le tableau VII. Le test de χ montre 2 que les différences sont globalement signi- ficatives (χ 127,78 et ddl 27, significa- 2 = = tif à 1%). Le pourcentage le plus faible est obtenu pour un pin brutia de Crète (Cha- nia), le plus fort pour un autre P brutia grec (Alexandropolis) et une provenance de P eldarica (Iran II). Pinus brutia-eldarica est plus sensible que Pinus halepensis : 93,25% d’attaque en moyenne contre 85,89%. Les taux sont cependant élevés pour toutes les provenances. Nous
  9. une forte mortalité à Ceyreste, dès la plan- grands sujets étant plus attaqués : une tation. Les mortalités comptées en 1983 significative lie Pourp et HT83p corrélation en font bien état : 59,3% pour le pin d’Alep (coefficient de corrélation 0,727 significatif à Ceyreste contre 12,8% à Vitrolles; 41,8% à 1 %). pour le pin brutia à Ceyreste contre 8,5% à Les 2 provenances originaires de Crète Vitrolles; (Chania et Lassithiou) se distinguent de les analyses de sol font apparaître peu l’ensemble des pins brutia par une hauteur - de différences entre Vitrolles et Ceyreste, faible en 1983 et un taux d’attaque nette- alors que la teneur en calcaire actif est ment moindre. Les 2 valeurs restent en co- vraisemblablement différente entre les 2 hérence avec la relation liant Pourp et stations : traces pulvérulentes dans le sol de la sensibilité à la pro- HT83p. L’origine et flore typiquement calcicole à Vitrolles semble donc pas être cessionnaire ne (Erica multiflora), roche mère gréseuse et génétique mais il faudrait pouvoir d’origine présence d’arbousiers (Arbutus unedo) à en juger sur un dispositif approprié. Ceyreste. Certains auteurs confirment un détermi- Il n’a pas été trouvé de relations entre la nisme de l’attaque en fonction de la croissance et l’origine géographique. Le «silhouette» et du diamètre des aiguilles (Demolin, 1969). À Ceyreste, ce sont les poids des graines ou la taille des plants à cimes émergentes qui ont recueilli le plus 1 an ne sont pas indicateurs des perfor- de ponte, la variabilité de la morphologie mances analysées en 1988. des aiguilles entre provenances étant faible. DISCUSSION Croissance en hauteur Le tableau IX fait la synthèse des résultats obtenus. Les provenances sont classées Le tableau VIII résume les principaux ré- par ordre de rang moyen croissant (rang du classement sur les hauteurs en 1988). sultats. La moyenne globale est de 154,36 cm à Vitrolles, 11 ans après la plantation, Les provenances de Pinus eldarica n’ont et 143,97 cm à Ceyreste, 13 ans après la été plantées qu’à Ceyreste où les perfor- plantation. La meilleure provenance à Vi- mances sont moyennes à bonnes. Cette trolles (Cehegin) réalise un gain en hau- espèce, testée en arboretums d’élimination teur de 20,7% par rapport à la moyenne. ne donne de bons résultats que sur cal- Ce gain est de 20,8% à Ceyreste pour la caire (Allemand, 1989). D’après des obser- provenance de pin brutia, Marmaris. vations faites en plantation, elle semble par contre très sensible à de nombreux dé- Les pins d’Alep dominent les pins brutia prédateurs. à Vitrolles. Le phénomène inverse se pro- duit à Ceyreste. Les provenances de Les 3 provenances arrivant en tête de Pinus eldarica occupent également la par- classement cumulent la résistance aux tie supérieure du classement sur ce site. stress et des croissances bonnes sur les 2 Plusieurs constatations permettent d’expli- sites d’expérimentation : Alexandropolis quer cette forte interaction génotype x en- (P brutia), Chalkidike (P halepensis), Si- vironnement au niveau des espèces : lifke (P brutia). D’une façon générale, les à la suite d’une gelée sévère au cours provenances les moins performantes sont - de l’hiver 1976, les pins d’Alep ont subi aussi les plus sensibles au gel et à la sé-
  10. cheresse. Cela tend à prouver que la crois- sance en hauteur est un caractère à déter- minisme complexe et que dans le cas pré- sent, il traduit bien l’adaptation globale du génotype au milieu. Dans une ambiance de sélection moins sévère, le classement aurait pu être sensiblement modifié. Cela pourrait expliquer, par action cumulée du gel puis de la sécheresse, certains résul- tats différents de ceux obtenus dans les essais italiens (Eccher et al, 1987) : Sopor- tujar, Serra et Otricoli sont décrites par ces auteurs comme sensibles à la sécheresse, alors qu’elles figurent parmi les meilleures à Vitrolles (8-12% de mortalité). Par contre, Vico del Gargano est également si- gnalée comme sensible, ce qui est confir- mé sur la dispositif français, la plus forte mortalité étant obtenue pour cette prove- nance (47,5%). Pamuçak est décrite par Eccher comme résistante à la sécheresse alors qu’elle est parmi les provenances de P brutia des plus sensibles à Vitrolles (24,7% de mortalité). Les 2 meilleures provenances sont ori- ginaires du Nord-Est de la Grèce : Chalki- dike est un pin d’Alep; Alexandropolis, un pin brutia. Quezel et Barbero (1985) notent que des phénomènes d’introgression sont possibles dans les zones de contact entre les 2 espèces. Panetsos (1986) a démon- tré l’intérêt des hybrides P halepensis x P brutia. L’obtention est aisée en utilisant P
  11. brutia comme femelle. Si les provenances 1990). Une situation de même type existe issues des zones de contact des 2 es- dans larégion d’Adana (Quezel, 1980). pèces se révèlent performantes dans l’en- Des recommandations en matière de semble des essais internationaux, cela choix de provenances en France peuvent justifierait une intensification des re- être déduites des essais de Vitrolles et cherches à leur sujet. Des peuplements Ceyreste. La discussion doit tenir compte naturels de pins d’Alep ont été décrits ré- de 3 constatations préalables : cemment en Turquie sur la côte Egéenne, les sites utilisés sont très limitants le entre Izmir et Marmaris, en contact direct sur - plan de la fertilité (sécheresse; sol superfi- des forêts de brutia pins (Alptekin, avec
  12. le terrain de Ceyreste est un milieu ciel); moyennes où le cèdre de l’Atlas et les pins peu représentatif de zones potentielles de noirs ne sont pas encore à leur optimum reboisement en France méditerranéenne; écologique (étage inférieur du chêne pu- bescent). Les essais menés en France ne des études récentes les boisements sur - permettent pas d’extrapoler les résultats à français de pin brutia montrent que cette ces sites de type «supra-méditerranéen». espèce devrait être utilisée dans une zone Les conclusions apportées en matière de écologiquement différente de l’aire actuelle résistance au stress hydrique et au froid, du pin d’Alep (Nouals et Boisseau, 1991) : ainsi que les connaissances générales climat méditerranéen atténué (étage existantes sur l’espèce sont cependant suf- supra-méditerranéen), notamment sur fisantes pour dégager quelques recom- roches substrats acides; marneuses et mandations (en particulier, la variabilité étant donné les tempéraments très diffé- - des formes dans l’aire naturelle qui serait rents des espèces de pins de la section sous contrôle génétique; Arbez, 1974). halepensis et les facilités d’hybridation na- Dans les zones supra-méditerranéennes, turelle, il serait bon de prendre des me- où existe un risque de sécheresse prolon- sures d’inventaire et de conservation des gée, d’origine édaphique ou climatique, 3 plus beaux peuplements français de pins provenances peuvent être conseillées : Si- d’Alep, en particulier pour éviter la pollution lifke, Marmaris et Kizildag. Ces prove- génétique. Le pin brutia ne devrait pas être nances correspondent à des stations de introduit à leur proximité. faible altitude (100-370 m). Les formes Finalement l’essai de Vitrolles, qui est sont au moins acceptables et, au mieux, représentatif des conditions de sélection très bonnes (tableau IX). Dans les sites régnant dans l’air actuelle de Pinus hale- sans risques majeurs de sécheresse, un France (zone méso- pensis en second volet de provenances est à recom- méditerranéenne sur calcaire), permet mander : Pamuçak, Bakara, et Baspinar. d’apporter quelques conclusions sures Elles correspondent à des origines d’alti- pour cette espèce. Les provenances les tudes faibles à moyennes (300-780 m), mieux adaptées et dont la croissance est les formes étant «très bonnes» à la moins faible sont représentées par 2 po- «exceptionnelles». pulations espagnoles (Cehegin, Serra), Enfin, la provenance Alexandropolis une population grecque (Chalkidike) et la mérite d’être mieux étudiée en raison de provenance locale Gemenos. La législa- bonne résistance au gel et à la séche- sa tion actuelle prévoit pour le pin d’Alep l’utili- resse et des croissances observées sur sation obligatoire des provenances fran- les 2 sites expérimentaux. çaises. Des dérogations pourraient donc être accordées, les années où les peuple- ments autochtones ont une production in- suffisante, pour les peuplements grecs et REMERCIEMENTS espagnols qui ont démontré leur adapta- tion à Vitrolles. Cette étude a pu être réalisée grâce au finance- En matière de pin brutia, des planta- ment de la Région Provence Alpes Côte d’Azur tions productives pourraient être envisa- et de la Communauté économique européenne gées dans les zones où le froid limite l’ex- dans le cadre d’un programme intégré méditer- tension du pin d’Alep, à des altitudes ranéen.
  13. RÉFÉRENCES Demolin G (1969) Comportement des adultes de Thaumetopoea pityocampa Schiff. Disper- sion spatiale, importance écologique. Ann Allemand P, Auge P, Birot Y, Ferrandes P Sci For 26, 81-102 (1985) Premiers enseignements des effets Eccher A (1975) Proposition de méthodes stan- du froid de janvier 1985 sur les espèces fo- dard pour l’étude comparée de provenances restières étudiées en arboretum et en planta- des pins méditerranéens de la section hale- tions comparatives de provenances en ré- pensis. Protocole FAO/SCM/CRFM/4bis, gion méditerranéenne française. For Méditer VII, 1, 85-90 14 p Allemand P (1989) Espèces exotiques utili- Eccher A, Fusaro E, Pelleri F (1987) Résultats sables pour la reconstitution du couvert vé- de l’expérimentation italienne sur les princi- gétal en région méditerranéenne. Bilan des pales provenances de pins de la section ha- arboretums forestiers d’élimination. INRA, lepensis dix ans après la plantation. For Mé- Paris diterr, IX, 1, 5-14 U (1990) Halep çami (Pinus halepensis Alptekin Nahal I (1962) Le pin d’Alep (Pinus halepensis iin Türkiye agaçlandirma çalismalarin- Mill), Mill). Étude taxinomique, phytogéographique, daki yeri ve dogal yayilisina ait bazi tesbitler écologique et sylvicole. Ann Ec Nat Eaux (Quelques réflexions sur l’aire naturelle du For, XIX, 208 p pin d’Alep Turquie et sur son importance en Nouals D, Boisseau B (1991) Le pin brutia en dans les reboisements). Univ For, Istanbul, France continentale. CEMAGREF, Aix-en- 12p Provence, 86 p Arbez M (1974) Répartition, écologie et variabili- té de Pinus brutia en Turquie. Inf Res- Panetsos KP (1986) Genetics and breeding in Génét For 3, FAO, 24-37 the group halepensis. In: Le pin d’Alep et le sources pin brutia dans la sylviculture méditerra- Bellefontaine R, Raggabi M (1977) Contribution néenne. Séries Études CIHEAM, 99-108 à l’étude des pins de la section halepensis (P brutia, P eldarica, P halepensis) au Pelizzo A, Tocci A (1978) Indagini preliminari su Maroc : considérations générales et essai semi e semenzali di Pinus halepensis e international de provenances. Ann Rech For Pinus brutia-eldarica. Ann Ist Sper Selv Arez- Maroc 17, 191-234 zo, IX, 111-130 Calamassi R, Falusi M, Tocci A (1980) Varia- Quezel P (1980) Biogéographie et écologie des zione geografica e resistenza a stress idrici Conifères sur le pourtour méditerranéen. Ac- in semi di Pinus halepensis Mill, Pinus brutia tual Ecol For, 205-255 Ten Pinus eldarica Medw. Ann Ist Sper Selv Quezel P, Barbero M (1985) Carte de la végéta- Arezzo, XI, 195-230 tion potentielle de la région méditerranéenne. Debazac EF Manuel des Conifères. EN- (1964) Feuille n° 1 : Méditerranée orientale. CNRS, GREF, Nancy Paris, 65 p Debazac E, Tomassone R (1965) Contribution à Weinstein A (1989) Provenance evaluation of une étude comparée des pins méditerra- Pinus halepensis, P brutia and P eldarica in néens de la section halepensis. Ann Sci For Israel. For Ecol Manage 26, 215-225 22, 216-254
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