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Báo cáo khoa học: "Le goupi (Goupia glabra Aubl), essence forestière d’avenir en Guyane : analyse bibliographique"

Chia sẻ: Nguyễn Minh Thắng | Ngày: | Loại File: PDF | Số trang:13

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Tuyển tập các báo cáo nghiên cứu về lâm nghiệp được đăng trên tạp chí lâm nghiệp quốc tế đề tài:"Le goupi (Goupia glabra Aubl), essence forestière d’avenir en Guyane : analyse bibliographique...

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Nội dung Text: Báo cáo khoa học: "Le goupi (Goupia glabra Aubl), essence forestière d’avenir en Guyane : analyse bibliographique"

  1. Article original Le goupi (Goupia glabra Aubl), essence forestière d’avenir en Guyane : analyse bibliographique DY Alexandre JF Lacoste 1 Université de Paris XI, laboratoire d’écologie végétale, CNRS URA 121, Bât 362, 91405 Orsay Cedex; 2 ORSTOM, 213 rue Lafayette, 75480 Paris Cedex 10, France septembre 1990; accepté le 20 1991 ) le 21 (Reçu mars goupi (Goupia glabra Aubl) est une essence forestière tropicale à croissance rapide Résumé — Le caractéristiques intéressantes. Il présente une remarquable plasticité aux conditions écologi- et aux ques et notamment aux contraintes édaphiques. Grâce à la physiologie de ses graines qui lui don- nent des caractéristiques d’espèce pionnière, le goupi peut envahir rapidement les surfaces mises à nu. L’arbre présente un fût droit et son bois naturellement résistant convient à de multiples usages. Les expériences conduites en Guyane française ont montré que le dégagement précoce de jeunes recrûs forestiers est une méthode sylvicole prometteuse pour obtenir des peuplements enrichis inté- ressants pourvu que le stock initial de semis naturels soit suffisant. Goupia glabra / sylviculture / enrichissement / écologie / forêt tropicale Summary — Kopi (Goupia glabra Aubl), a promising timber tree for forestry: a literature re- view. Kopi (Goupia glabra Aubl) is a fast growing tropical timber tree with interesting features. It ex- hibits a tremendous versatility to ecological conditions, and notably to soil constraints. Owing to its seed ecophysiology and pioneer characteristics, kopi is able to invade open areas rapidly. The tree possesses a straight bole and its wood, which is naturally long-lasting, is suitable for most purposes. The authors suggest an ecological approach to sylviculture, based mainly on experiments conducted on secondary regrowth in French Guiana. These experiments have shown that the clearing of the early stage of forest regrowth (ie, the removal of a group of undesirable secondary species, eg Ce- cropia spp, Vismia spp and Solanum spp) could lead to an enriched forest. It has also been noticed that kopi planting could be beneficial for reforestation if economic constraints were not so severe. In this case a nursery of kopi would be the main problem. Finally, it is concluded that early clearing is a promising way of obtaining a valuable stand of secondary forest provided that the initial regrowth is sufficiently rich in timber tree seedlings. Goupia glabra / sylviculture / enrichment / ecology / tropical forest
  2. INTRODUCTION Nous présentons ici une synthèse des données bibliographiques et de notre ex- périence sur cette essence. Face à la déforestation des forêts rapide tropicales et notamment du massif amazo- nien, la sylviculture devient une nécessité CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE de plus en plus pressante. Pendant long- GOUPI, LE BOIS, SON COMMERCE temps, l’effort des forestiers, particulière- ment en Afrique francophone, s’est concentré sur la technique des plantations Systématique - en plein. Malgré des réussites techniques critères de reconnaissance - incontestables, ces plantations très coû- morphologie - modèle architectural teuses ne répondent pas aux besoins éco- nomiques des pays concernés. On se Goupia glabra Aubl est connu sous le nom tourne actuellement davantage vers l’amé- lioration des peuplements naturels dont la goupi en Guyane française, kopie au de rentabilité, compte tenu des rôles multiples Surinam, cupiuba ou tento au Brésil, congrio blanco au Vénézuéla. C’est un très de la forêt, apparaît plus sûre sinon grand arbre appartenant à la famille des meilleure (Leslie, 1987). Celastraceae ou parfois classé dans une Ainsi, les forêts secondaires plus ou famille propre : les Goupiaceae Miers (cf moins dégradées qui remplacent progres- bien Willis, 1973), qui indique ce son ca- sivement les forêts primaires, renferment ractère particulier. Aublet qui décrivit le des espèces technologiquement intéres- premier l’espèce en 1775 lui attribua deux santes, qu’une sylviculture adaptée pour- binômes latins, aujourd’hui synonymes : rait favoriser. Goupia glabra décrit sur la forme adulte et secondarisées Dans les forêts en Goupia tomentosa sur la forme juvénile. citer ainsi, pour Guyane, rencontre on ne En effet, les deux stades diffèrent profon- que les espèces les plus fréquentes : la dément. La forme adulte a de petites bagasse (Bagassa tiliaefolia), le bourgoni feuilles vernissées, épaisses et cassantes, (Inga bourgoni), le carapa (Carapa spp), le tandis que les jeunes individus présentent copaïa (Jacaranda copaia), le simarouba des feuilles plutôt grandes, poilues, den- (Simarouba amara) et le goupi (Goupia tées et à vrai dire très variables pour tous glabra). Cette dernière espèce est consi- les caractères comme la couleur, l’épais- dérée depuis longtemps comme particuliè- seur ou la forme. Dans tous les cas ce rement intéressante. Des rares travaux qui sont des feuilles simples, entières (lancéo- lui ont été consacrés, on retiendra parmi lées) et alternes. Un autre synonyme de les plus classiques ceux de Schulz (1960) l’espèce est Goupia paraensis Hub au Surinam qui montrent l’excellente ré- (Lemée, 1953). ponse de l’espèce aux traitements de dé- L’arbre est sempervirent mais d’après gagement. Les travaux que nous avons Alencar et al (1979), il y a un pic dans la conduits sur le bassin «D» dans le cadre chute de feuilles en saison sèche (cf infra). du programme MAB ECEREX apportent Les fleurs très petites sont groupées en des données récentes sur le comporte- ment de cette espèce en conditions natu- ombelles. Elles sont hermaphrodites mais relles (Lacoste et Alexandre, 1989; La- on n’a aucune indication sur leur biologie reproductrice. Elles sont d’une couleur coste, 1990; Lacoste et Alexandre, 1990).
  3. n&oelig;uds ni c&oelig;ur creux. L’aubier est jaune-verdâtre, très discrètes et donc pro- sans peu différencié. Le rendement au sciage bablement anémophiles. est de 54% (Sudam, 1979), ce qui est bon. Le fruit est une petite baie sphérique Le bois est de couleur brun clair avec d’environ 5 de diamètre, de couleur mm des reflets roses. Il possède un fil bien rouge-orangé à maturité. Il contient de 5 à droit, se travaille facilement et prend un 10 graines (Prévost, 1983), voire davan- très beau poil qui le rend propre aux tage, mais rarement plus d’une graine usages de l’ameublement. Le bois fraîche- viable. Ce sont des graines arillées, albu- ment coupé a une odeur forte, désagré- minées, très petites, mesurant environ able pour certains, qui disparaît ou s’atté- de long et 1 de 2 large et pesant mm mm nue au séchage. La densité sèche à l’air environ 1,6 mg. (12% d’humidité) est de 0,85 (Bena, 1960). La plantule est épigée au sens de Mi- Le bois possède une bonne cohésion quel (1987), de très petite taille (< 3 mm) transversale et un faible retrait. Sa struc- possède des cotylédons foliacés et comme ture a été étudiée par Araujo et Filho beaucoup d’espèces héliophiles. (1973) ainsi que par Detienne et al (1982). En forêt, l’arbre se reconnaît bien grâce Il résiste naturellement à la pourriture et à son port caractéristique lié à un feuillage aux termites, ce qui le destine aux usages très clair et à une ramification très angu- de menuiserie et de charpentes exté- leuse. La hauteur de l’arbre peut dépasser rieures y compris en milieu marin (pon- 50 mètres (Oldeman, 1974) et le fût cylin- tons). drique peut atteindre 25 m de haut et 1,20 populations tribales de Guyane utili- Les à 1,30 m de diamètre. Il est muni à la base goupi pour la confection des co- sent le de contreforts épais mais peu larges pou- ques des pirogues. Notons également que vant s’élever jusqu’à 2 m. Des racines tra- l’écorce des propriétés analgésiques a sont parfois apparentes jusqu’à 5 m çantes couramment utilisées par ces populations de distance (Bena, 1960). L’écorce ru- pour combattre les maux de dent (Gre- gueuse est fendillée dans le sens vertical nand et al, 1987). et localement écaillée. Elle est de teinte En raison de abondance et pour son gris-argenté ou gris-rosâtre (Thiel, 1983). propriétés, le goupi tient une toutes ses D’après Rooth (1972), cette écorce pré- place importante sur le marché régional du sente la particularité de posséder de nom- bois. C’est la sixième essence de Guyane breuses cellules pierreuses. Les jeunes in- (Détienne et al, 1990) et la première du dividus ont un port caractéristique «en Surinam (Vink, 1977). Au Brésil, il est une sapin de Noël» qui correspond au modèle des principales essences commerciales de architectural de Roux (Hallé et Oldeman, l’état du Para (Dubois 1978, in Rollet 1970). L’espèce rejette de souche très 1983). abondamment et peut former des cépées. Les racines sont endomycorrhiziennes (Bonetti et al, 1983). CARACTÈRES ÉCOLOGIQUES DU GOUPI : DYNAMIQUE EN FORÊT GUYANAISE Caractères technologiques, usages et valeur commerciale du bois Répartition géographique Comparativement à bien d’autres es- L’aire géographique du goupi recouvre sences tropicales le goupi est dans l’en- l’ensemble de la région des Guyanes, de semble bien conformé : bille droite, longue,
  4. la Colombie et du Vénézuéla jusqu’au Bré- (Lacoste, 1990). Cela traduit les consé- sil (Béna, 1960) et s’étendrait même en quences de la forte compétition avec les Amazonie jusqu’aux contreforts des Andes espèces pionnières à vie courte et crois- selon Hallé (comm pers). Lescure (1986) sance très rapide (eg Cecropia spp). indique que dans la région de Trois-Sauts au sud de la Guyane, le goupi est l’arbre qui domine la forêt. Dans la région de Phénologie Curua Una au Brésil, selon Rollet (1983), c’est la seconde espèce en fréquence La phénologie n’est pas bien connue. Les pour les arbres de plus de 60 cm de dia- périodes de floraison, de fructification ou mètre. Au Surinam, le goupi forme des de chute des feuilles varient dans la littéra- peuplements quasi monospécifiques ture selon les auteurs et les sites d’obser- (Schulz, 1960). vation (Bena, 1960; Alencar et al, 1979; En Guyane française, le goupi est ac- Ayphassorho, 1984; Sabatier, 1983; etc). tuellement totalement absent de «l’île» de En fait, au petit nombre d’individus suivis Cayenne où selon Aublet ou Lemée (loc (généralement inférieur à 10) et à la durée cit) il était jadis présent. C’est probable- ment là le résultat d’une secondarisation excessive du milieu. Structure de population D’après Schulz (1960), la distribution dia- mètrale du goupi en forêt primaire au Suri- nam montre souvent un déficit marqué dans les classes de petits et/ou moyens diamètres. En Guyane, Gazel (1982) sou- ligne également le déficit en forêt primaire des tiges de 30 cm de diamètres (fig 1). Ce type de distribution, qui ne traduit pas un problème d’échantillonnage, est carac- téristique au contraire des espèces forte- ment héliophiles (voir aussi Rollet, 1969 et 1983). Le goupi est en effet une espèce qui ne régénère que dans les trouées. La distribution erratique ou très étalée des fréquences au-dessus de 30 cm de diamètre indique que la mortalité des indi- vidus qui se maintiennent en pleine lu- mière est faible jusqu’à un âge avancé. La mortalité dans les jeunes stades est en re- vanche élevée, elle atteint par exemple 21,3% par an entre 5,5 et 7 ans dans un recrû du dispositif ECEREX, le bassin «D»
  5. différente des études, s’ajoute la grande Dispersion variabilité annuelle des conditions climati- ques. Ces facteurs ne rendent compte Les fruits sont consommés par de nom- qu’en partie au moins des variations des breuses espèces d’oiseaux dont certains, données disponibles. Ainsi, bien que le surtout les petits, sont connus pour être de goupi puisse présenter un maximum de bons disséminateurs de graines (cf ta- floraison et de défoliaison en saison bleauI ex Lacoste, 1990, p 33). sèche, la grande variabilité des données publiées apparaît bien réelle. En effet, d’après nos observations, il n’y a pas de Graines dans le sol synchronisme entre les divers individus d’une population et on peut même obser- Les semblent posséder une dor- graines ver différents stades phénologiques au de type photolabile. Ce type de dor- mance sein d’un seul houppier. mance qui empêche la germination tant Au total, la floraison et par conséquent que le couvert reste continu permet aux la fructification sont étalées sur l’ensemble graines de s’accumuler dans le sol et de de l’année (fig 2). ne germer que dans les ouvertures. C’est
  6. jeunes feuilles atteint en moyenne 14 cm de long et une surface de plus de 40 cm 2 (Rollet (1969) cite pour des feuilles adultes valeur moyenne de 24,3 cm tandis ), 2 une épaisseur moyenne est de son que 160 &mu;m. La masse surfacique augmente avec l’âge et l’ensoleillement. Nous avons mesuré sur des individus de 7 ans des va- leurs extrêmes de 38 g/m pour des 2 feuilles de sous-bois à plus de 120 g/m 2 pour des feuilles de la voûte, ce qui est proche des caractères de feuille adulte. Sur le plan expérimental, Colin (1989) montre que la régulation stomatique est très sensible au déficit de saturation de caractère l’air même lorsque l’alimentation hydrique d’espèce pionnière un (Alexandre, 1989). La présence de graines est satisfaisante. Selon Alexandre (1991), de goupi dans le sol de la forêt primaire a l’espèce se montre tolérante au déficit hy- été supposé dès 1960 par Schulz et véri- drique : elle transpire en saison sèche mal- fiée expérimentalement par Prévost gré un bilan déficitaire. La régulation sto- matique est progressive à mesure que le (1981 ). déficit hydrique s’accentue, et bien que la teneur en eau des feuilles puisse s’abais- ser fortement, on n’observe aucune lésion Germination physiologique (tableau II). Le caractère dominant de l’espèce est La durée de germination est de 30 à 40 doute son étonnante plasticité à la lu- sans (Sudam, 1979). En conditions natu- jours mière comme l’ont bien montré Alencar et relles, elle s’observe préférentiellement là Araujo (1980). L’espèce est en effet hélio- où le sol est remué (Rollet, 1983). Schulz phile, mais si elle pousse mieux en plein (1960), Pereira et Pedroso (1972) et soleil, elle peut supporter des ombrages d’autres notent que la régénération natu- très denses. Lacoste (1990) montre sur le relle est excellente. La densité de semis bassin «D» à Ecerex l’excellente réponse peut en effet être localement très élevée. de l’espèce (croissance fortement stimu- Elle est en moyenne de 1 individu par m 2 lée, mortalité diminuée d’un facteur 3,1) à (soit 10 000 par ha) dans la région d’Ece- une mise en lumière modérée précoce (cf Guyane (Prévost, 1981). rex en infra). La croissance en hauteur est très va- Écophysiologie et croissance riable. À Ecerex, en milieu ouvert, nous des jeunes stades avons mesuré des croissances maximales supérieures à trois mètres par an pendant les premières années. L’écophysiologie de l’espèce est encore très mal La croissance en diamètre est égale- Les feuilles sont hyposto- connue. matiques et présentent des densités sto- ment très variable. Sur le bassin «I» d’Ece- matiques de 500/m Les stomates ont . 2 rex, très éclairci, nous avons mesuré une croissance moyenne en diamètre sur 2,5 une longueur de 18 &mu;m. Le limbe des
  7. de 0,8 ± 0,1 cm par an. Sur le même Des expériences en pots sous serres ans bassin, le maximum observé est de 2,72 (Bariteau et al, 1990) montrent que la cm par an à 8 ans. Sur la bassin «D», plus croissance en diamètre et en hauteur du dense que le bassin «I», Lacoste (1990) est meilleure sous 25% d’éclaire- goupi observe dans un recrû de 1,5 ans une ment relatif que sous des éclairements su- croissance moyenne en circonférence de ou inférieurs. Ces résultats sont périeurs 2,8 cm/an la première année après un trai- difficilement conciliables les avec tement de dégagement sélectif léger, alors meilleures croissances observées in situ qu’elle n’est que de 1,0 cm/an en zone té- dans les situations les plus dégagées. Si le moin (fig 3). La troisième année après dé- tempérament plastique généralement re- gagement, la croissance moyen-ne en connu au goupi peut rendre compte de ces zone dégagée n’est plus que de 1,4 cm/an. variations, le conditionnement et pot en Après trois ans, la refermeture du couvert ombrière entraîne aussi peut-être des sous fait que la majorité des tiges ne poussent modifications du comportement de l’es- plus; les maximums observés restent ce- pèce (problème de mycorrhization, confi- pendant importants 6,0 cm après avec nement des racines...). La généralisation et encore 2,0 après 5,5 ans quatre ans cm des résultats de ces expériences aux (fig 4). conditions naturelles doit donc être très Dans plantation de 11 ans au Bré- une prudente. sil, Pedroso et Pereira (1971) observent hauteur totale moyenne de 15,4 m une un diamètre moyen de 15,5 cm. La pour Croissance des adultes production en volume sur cette période at- teint 30 m par an. La production /ha 3 À l’âge adulte, la croissance du goupi reste moyenne à 15 ans de cette plantation extrêmement variable comme l’a bien mon- reste supérieure à 16 m par an /ha 3 tré Schulz (1960). Le maximum observé (Sudam, 1979), ce qui reste tout à fait par cet auteur atteint 2,5 cm de circonfé- considérable.
  8. par an, la moyenne situant entre mêmes conditions pour l’angélique (Dicory- rence se nia guianensis Caesalpiniacées) et le gon- 1,0 et 1,5 cm par an. folo (Qualea rosea Vochysiacées), es- En Guyane française, Gazel (1983) me- pèces réputées productives, sont dans les parcelles du Bafog une sure respectivement de 6 et 7 mm/an, avec des croissance diamètre en moyenne maximums identiques. Les performances «soutenue» de 5 à 8 mm/an selon les par- celles, avec des maximums atteignant 12 du goupi apparaissent ainsi comme à 15 mm. À titre de comparaison, les va- bonnes et justifient tout l’intérêt que l’on leurs citées par cet auteur dans les doit porter à cette espèce.
  9. surtout sur des terrains sableux et gnale bien drainés, mais ces auteurs ne donnent pas de précision sur les données utilisées. Cependant, Loureiro et Silva (1968) signa- lent bien qu’on la trouve indifféremment sur ces deux types de substrats. Nos propres observations sur les premiers stades de la régénération ont montré que les capacités de croissance de l’espèce n’étaient pas affectées par des conditions de drainage très contrastées (Lacoste, 1990; Lacoste et Alexandre, 1990). Des observations préliminaires sur le système radiculaire ont en effet montré que l’es- pèce franchit aisément la barrière physi- que de drainage rencontrée dans les sols guyanais (Alexandre, 1988). Alors que ces derniers sont ainsi physiquement très contraignants (Boulet, 1978), cette carac- téristique fait du goupi une espèce bien adaptée aux contraintes locales. Sylviculture et avenir du goupi En zone tropicale humide, la complexité de l’écosystème forestier rend difficile la mise au point de méthodes sylvicoles perfor- mantes. De nombreuses études expéri- mentales sont en cours (notamment en Guyane) qui visent à une meilleure gestion de la forêt naturelle bénéfice des au es- Le de précieuses. tempérament sences dernières ne permet bien souvent que ces l’application de méthodes extensives. Il ap- paraît cependant qu’une sylviculture inten- sive peut être développée au profit des es- sences héliophiles de valeur. Le goupi en est une. Toutefois, les études qui lui ont été consacrées, n’ont pas encore conduit à une véritable méthode sylvicole la concer- Exigences édaphiques nant. Les paragraphes précédents permet- tent de dégager des éléments qui pour- L’espèce est également très plastique à raient être à la base d’une sylviculture du l’égard du sol. Aubreville (1961) indique et plus largement des espèces se- goupi qu’on la rencontre sur des sols plutôt frais condaires tardives (au sens de Budowski, et lourds, tandis que Béna (1960) la si- 1965). S’il existe des arguments en faveur
  10. de la artificielle de cette es- de régénération pas provoquer la des prolifération ne c’est en revanche la régénération lianes, toujours à craindre dans pèce, type de ce naturelle qui correspondrait le mieux aux milieu et de contribuer efficacement à objectifs de valorisation des formations se- l’éducation des tiges en favorisant l’éla- condaires et aux potentialités de l’espèce. gage. C’est donc ce premier point que nous Ces résultats tangibles montrent tout aborderons tout d’abord. l’intérêt du modèle sylvicole proposé. Les De par études déjà évoquées portant sur les pla- caractéristiques d’espèce ses la régénération du goupi n’inter- ceaux de Bafog (Gazel, 1983) suggèrent pionnière, vient que dans les trouées (chablis ou ex- qu’il trouverait de plus un excellent champ ploitation forestière) ou les coupes rases. d’application dans les grandes trouées C’est alors le degré de perturbation de la consécutives à l’exploitation forestière. Les forêt initiale qui détermine l’abondance des expérimentations à poursuivre dans ce do- maine devraient donc s’attacher à préciser semis. Celle-ci est grande (mais dépend du nombre de semencier initiaux) dans les le nombre et l’intensité optimale des traite- recrûs après coupe de la forêt primaire, ments de dégagement à réaliser et donc mais elle décroît rapidement quand la se- les coûts. Dans cette optique, il faudrait condarisation des peuplements de départ aussi déterminer la densité de semis d’es- augmente. On peut ainsi envisager, sences de valeurs en dessous de laquelle comme le suggère Rollet (1983), de con- l’intervention sylvicole n’est pas applicable. server des semenciers d’essence hélio- On peut aussi envisager une sylvicul- philes dans les peuplements soumis à l’ex- ture basée sur les techniques de la régé- ploitation pour maintenir une pression de nération artificielle. À ce titre, la bonne colonisation de ces espèces. adaptation du goupi aux contraintes pédo- La très forte mortalité due à la compéti- logiques locales rend l’espèce particulière- tion dans les très jeunes stades et les po- ment intéressante. La très forte productivi- tentialités de forte croissance juvénile té de cette espèce en plantation, révélée dans de bonnes conditions imposent une par des études expérimentales (Pedroso intervention sylvicole rapide dans les re- et Pereira, 1971; Sudam, 1979) est un crûs de manière à préserver l’avenir de la atout supplémentaire. Cependant, ces régénération. Nos essais conduits à Ece- études expérimentales n’ont pas été, à rex montrent que la valeur sylvicole des connaissance, suivies d’essais en notre vraie grandeur. À ce niveau, la grande diffi- recrûs forestiers naturels peut ainsi facile- ment être améliorée par un dégagement culté est en fait l’obtention des graines précoce des individus des espèces inté- pour les semis en pépinière. En effet, la ressantes. L’intervention sylvicole consiste consommation des fruits mûrs par les oi- ici à supprimer, en une seule fois par abat- seaux, la petite taille des fruits et la grande tage, dans un recrû (issu de coupe pape- taille des semenciers sont autant d’obs- tière) de 1,5 an les espèces pionnières les tacles à la récolte de graines en quantité plus compétitives et sans valeur commer- suffisante. On peut alors envisager la créa- ciale actuelle (ie, Cecropia spp, Vismia tion de vergers semenciers avec des spp et Solanum spp). Les résultats indi- porte-graines greffés ou la technique du quent que cette intervention a un effet po- bouturage ou tout autre procédé de multi- sitif durable tant sur la croissance du goupi plication végétative. Nos essais prélimi- qui est stimulée que sur la mortalité qui est naires ont mis en évidence la difficulté du fortement diminuée. Ici, la faible intensité bouturage, mais aussi les bonnes potentia- du dégagement a également eu pour effet lités du marcottage (non publié).
  11. Un problème à ne pas négliger en plan- CONCLUSION tation est celui des attaques de ravageurs. Le goupi est très sensible à l’attaque des Le goupi apparaît comme une espèce de fourmis champignonistes (Foggie, 1960; grande valeur sylvicole. Elle réunit en effet Foresta, 1983) qui, si elle n’est pas létale de nombreuses particularités intéres- pour l’espèce, peut compromettre ou tout santes, notamment : au moins ralentir la croissance des jeunes plasticité écologique importante per- une - individus. large répartition; mettent sa En plantation, en plein découvert, on une excellente adaptation aux sols - peut également craindre la mauvaise contraignants rencontrés en Amazonie; conformation des sujets due à la mort de une aptitude à envahir précocement les - l’apex. Celle-ci est en effet fréquente dans ouvertes. Le caractère d’essence zones ces conditions et est suivie de la formation pionnière étant lié à l’écophysiologie des de tiges multiples. Nous avons observé sur graines; le bassin «I» Ecerex, en conditions natu- une héliophilie marquée qui la prédis- relles, qu’en fait, une sélection spontanée - pose à une sylviculture semi-intensive; et rapide s’opère qui élimine les brins sur- numéraires et restitue une bonne confor- une croissance très rapide dans de - mation à la tige. bonnes conditions; Cependant, les critères de rentabilité potentiellement favo- conformation une - économique sont aujourd’hui davantage en rable; faveur de la régénération naturelle (Leslie, enfin et surtout, un bois aux très grandes - op cit). La Guyane, où les coûts de main- qualités technologiques malgré une odeur d’&oelig;uvre sont élevés, n’échappe pas à ce qui peut exiger des précautions de mise en constat. De sorte que même si les pro- &oelig;uvre. blèmes techniques qu’elle pose ne sont Cette espèce présente l’inconvénient pas insurmontables, la régénération artifi- principal d’être insuffisamment connue en cielle de cette espèce n’a que peu d’avenir dehors du marché local. actuellement dans le département. En re- La grande variabilité écologique rencon- vanche, le modèle sylvicole que nous pro- trée en forêt peut certes apparaître comme posons nécessite peu d’intrants. Il s’intègre un obstacle au développement immédiat dans le cadre d’une meilleure gestion des de sa sylviculture mais elle constitue en régénérations naturelles et vise à l’obten- fait un atout pour l’avenir en rendant pos- tion d’une augmentation de production des sible une sélection rapide d’individus per- essences héliophiles de valeur. Or, on sait formants. que la valeur d’une essence forestière re- Les résultats que obtenus pose autant sur les propriétés de son bois nous avons montrent d’autre espèce que sur la quantité et la régularité de sa cette part que modèle simple peut être utilisée dans production. Ces derniers augmentant, on un de sylviculture pour valoriser les forma- peut penser que la place du goupi sur le tions secondaires et participer ainsi à une marché international du bois augmentera meilleure gestion des forêts tropicales. dans le même sens.
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